Une marche pro-palestinienne à Londres maintenue malgré les critiques du gouvernement
Rishi Sunak a qualifié mercredi d'"irrespectueuse" la marche prévue samedi, jour de commémoration de l'armistice de la Première guerre mondiale

Le Premier ministre britannique Rishi Sunak a qualifié mercredi d' »irrespectueuse » une marche pro-palestinienne prévue à Londres samedi, jour de commémoration de l’armistice de la Première guerre mondiale, que la police a refusé d’interdire malgré les pressions en ce sens.
Les organisateurs ont maintenu la marche à laquelle des milliers de personnes doivent participer pour demander un cessez-le-feu dans la bande de Gaza, où l’armée israélienne mène une offensive militaire depuis l’attaque meurtrière du 7 octobre perpétrée par le Hamas en Israël.
Le gouvernement conservateur a clairement affiché son hostilité à la marche et de nombreuses voix au sein de la majorité se sont prononcées en faveur d’une interdiction pure et simple.
Rishi Sunak a convoqué à Downing Street le chef de la police londonienne, Mark Rowley, prévenant qu’il le tiendrait « responsable » d’éventuels débordements.
Après la rencontre, le Premier ministre a indiqué dans un communiqué avoir reçu des garanties que la marche se tiendrait à distance du mémorial du Cénotaphe et qu’elle ne croiserait pas de commémorations.
Il a souligné que M. Rowley s’était engagé à revoir sa position en cas d’informations faisant état de possibles débordements.

« La manifestation prévue samedi n’est pas seulement irrespectueuse, elle constitue aussi une offense à notre sincère gratitude envers la mémoire de ceux qui ont tant donné pour que nous puissions vivre dans la liberté et la paix », a-t-il cependant estimé, promettant de « tout faire » pour protéger les commémorations.
Le Labour en difficulté
Le responsable de la police avait soutenu mardi soir que la marche ne pouvait pas être interdite à ce stade, car « les renseignements concernant de potentiels troubles graves ce week-end n’atteignent pas le seuil requis pour demander une interdiction ».
« Si cela devait changer, nous avons clairement indiqué que nous utiliserions les pouvoirs et les modalités dont nous disposons pour protéger à tout prix les lieux et les événements d’importance nationale », avait-il ajouté.
La police a arrêté 188 personnes lors de précédentes manifestations pro-palestiniennes, qui ont rassemblé des dizaines de milliers de participants – globalement dans le calme – depuis le 7 octobre dans la capitale, parfois pour des motifs d’incitation à la haine.
Connue pour ses positions très conservatrices, la ministre de l’Intérieur, Suella Braverman, a qualifié ces manifestations de « marches de la haine ».

Le conflit entre Israël et le Hamas a provoqué une forte augmentation des actes antisémites et islamophobes au Royaume-Uni.
« Les cérémonies mémorielles doivent être respectées. Un point c’est tout. Mais la personne à laquelle le Premier ministre devrait demander des comptes est sa ministre de l’Intérieur. Il est lâche de s’en prendre à la police plutôt que de travailler avec elle », a réagi le chef de l’opposition travailliste Keir Starmer sur X.
Le conflit actuel met le Labour en position difficile : Keir Starmer est critiqué par une partie de sa formation pour refuser d’appeler à un cessez-le-feu, privilégiant des « pauses humanitaires » comme le gouvernement.
Mardi soir, le député Imran Hussain a ainsi démissionné de l’équipe dirigeante du parti, en pôle position pour remporter les législatives attendues l’année prochaine.