Une plage dans un théâtre de Jérusalem pour une pièce phare du Festival d’Israël
Les habitants de Jérusalem sont venus nombreux voir « Sun & Sea », sur les préoccupations plus ou moins profondes des vacanciers et les risques du dérèglement climatique
Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »
Dépourvue d’un accès à la mer, Jérusalem s’est pourtant offert une plage, la semaine passée, grâce à « Sun & Sea » [Le soleil et la mer], l’un des spectacles phares du Festival d’Israël, créé sur une scène faite de sable, à l’intérieur-même du théâtre de Jérusalem.
L’opéra, créé en Lituanie, sur la plage, s’est joué sur la scène du théâtre Sherover, le plus grand auditorium du théâtre de Jérusalem, avec sable, serviettes, baigneurs et jouets de plage. Comme si cela ne sortait pas assez de l’ordinaire, le public n’était pas assis, mais observait la scène depuis des passerelles situées à quatre mètres en surplomb de la scène.
« Sun & Sea » a connu cinq jours de représentations, à raison de trois heures par soir, sur la base de la répétition d’une boucle d’une durée d’une heure. Le public était libre d’aller et venir. L’entrée était gratuite sur réservation et le spectacle, placé sous le mécénat de Wendy Fisher et de la Fondation Kirsh.
La plupart des baigneurs allongés sur les serviettes et les chaises de plage étaient des artistes lituaniens, chantant en anglais avec des sous-titres en hébreu diffusés par des écrans.
La musique d’opéra de type transe accompagnait des paroles supposées refléter les monologues internes des vacanciers, travaillés par des préoccupations plus ou moins importantes. Le thème transversal de cette performance était le dérèglement climatique et la façon dont il est vécu par des baigneurs volontiers apathiques.
En plus des chanteurs, se trouvaient des figurants israéliens muets, en maillot de bain, ajoutant une touche locale à cette scène balnéaire plus vraie que nature.
Cet opéra, lauréat de plusieurs prix, est une création des artistes lituaniens Rugilė Barzdžiukaitė, Vaiva Grainytė et Lina Lapelytė. Il a été présenté pour la première fois dans le cadre de la Biennale de Venise en 2019 et a depuis fait l’objet d’une tournée mondiale.
Il a fallu une « énergie folle pour le recréer » à Jérusalem, confie le directeur artistique du festival, Itay Mautner, ajoutant que lui et son co-réalisateur, Michal Vaknin, avaient longtemps cherché l’endroit idéal, à Jérusalem, avant de finalement jeter leur dévolu sur la scène Sherover.
Vaknin était également sur la scène, lundi soir, assis sur une serviette, avec un maillot de bain rayé bleu et blanc, et deux enfants.