Une poupée sexuelle créée en Chine à son effigie, une Israélienne porte plainte
Yael Cohen Aris, mannequin, affirme qu'une entreprise chinoise commercialise un jouet grandeur nature avec sa tête, en utilisant son nom et même le grain de beauté sur sa lèvre
Stuart Winer est journaliste au Times of Israël

L’Israélienne Yael Cohen Aris affirme qu’une poupée sexuelle a été créée à son effigie sans sa permission, avec une ressemblance si précise qu’elle inclut un grain de beauté qu’elle a sous la lèvre.
Cohen Aris, 25 ans, a déclaré lundi à la chaîne de télévision britannique ITV que le jouet, commercialisé par Irontech Dolls, porte même son nom, « Yael ».
Pour ne laisser aucun doute quant à l’origine du design de l’objet, la promotion en ligne se fait à l’aide d’images réelles d’elle, a-t-elle ajouté.
La société chinoise Irontech Dolls commercialise des poupées sexuelles dotées d’un squelette interne et de têtes amovibles pouvant être changées. L’une des têtes qu’elle propose avec une poupée grandeur nature s’appelle « Yael » et a la couleur de cheveux, la structure de visage, les lunettes et le grain de beauté de Cohen Aris.
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— Yael Cohen Aris (@yaelariss) July 20, 2021
« Il ne s’agit pas seulement d’un grain de beauté et de mon nom, car les poupées sexuelles ne sont toujours que des poupées et il y a une limite à combien elles peuvent ressembler à un être humain », a déclaré Cohen Aris à l’émission This Morning sur ITV. « Mais quand il y a une connexion à mon identité, à mon image, aux vidéos, et aux réseaux sociaux, il n’y a aucun doute possible ».
« Je n’ai rien contre l’industrie des poupées sexuelles ; le problème ici est qu’ils l’ont fait sans mon consentement, sans que je le sache », a-t-elle déclaré. « C’est un double préjudice parce que c’est lié à mon identité – ce n’est pas seulement une poupée qui me ressemble ou qui s’inspire de moi ; ils n’ont jamais caché le fait qu’elle a été développée à partir de ma personne. »
L’ancienne combattante de Tsahal et programmeuse informatique a intenté une action en justice et exige que l’entreprise retire l’article de la vente. Elle a déclaré qu’elle n’accepterait pas de laisser la tête à son effigie sur le marché même si on lui offrait un pourcentage des ventes.
« Non, je pense qu’il faudrait d’abord qu’elle soit retirée des rayons, et qu’ensuite nous pourrions peut-être parler de ce qui s’est passé, comment les choses ont mal tourné et pourquoi », a-t-elle déclaré. « Je ne parle pas de dédommagement, je pense qu’en tirer une leçon serait la meilleure chose qui pourrait ressortir de cette histoire, et c’est aussi ce que j’espère obtenir en sensibilisant les gens. »
Elle dit vouloir « amener une vraie conversation sur notre vie privée, si nous voulons partager nos vies en ligne. » « Nous devons avoir cette conversation sur la façon dont nous pouvons protéger nos identités », a-t-elle déclaré.
Cohen Aris a déclaré que, bien qu’elle aime le métier de programmeuse, qu’elle a également exercé dans l’armée, elle a toujours voulu être une actrice et les réseaux sociaux sont un moyen pour elle de réaliser ce rêve.
Son compte Instagram compte ainsi plus de 1,1 million de followers. C’est l’un de ses fans qui l’a d’ailleurs alertée pour la première fois sur la poupée sexuelle, en 2019, en lui envoyant un lien vers un forum où il y avait une discussion sur le design initial sur le jouet.
« À l’époque, ils parlaient de mes prototypes de tête… et quelques mois plus tard, c’était une poupée sexuelle à vendre, j’ai alors réalisé l’ampleur de la chose et ce qui se passait », confie-t-elle.
La poupée « Yael » a été vendue au prix de 420 dollars en 2019. Une poupée Irontech complète avec la tête de « Yael » est actuellement commercialisée sur des sites internet pour plus de 1 400 dollars.
Cohen Aris a fait part de son désarroi à ses fans, écrivant dans un post publié sur Instagram le 28 juillet : « J’ai découvert qu’une grande entreprise a fait une SEX DOLL sur moi SANS ma permission ou ma connaissance. Non, ce n’est pas une blague, c’est réel. Ils ont même nommé la poupée ‘Yael’. Je suis encore sous le choc. Je ne sais pas vraiment quoi faire… »
Un porte-parole d’Irontech Dolls a déclaré au journal britannique Daily Mail que les similitudes entre la poupée et Yael étaient une « coïncidence ».
La société a déclaré qu’elle offrait une gamme de styles et de ressemblances pour répondre aux préférences de ses clients et que les similitudes avec des personnes réelles n’étaient que le fruit du hasard. Néanmoins, elle a déclaré qu’elle n’utiliserait plus le nom « Yael » pour désigner la poupée.
« Afin d’éviter tout malentendu, nous n’appellerons plus cette poupée Yael et demandons à tous nos partenaires de ne plus utiliser le nom Yael », a déclaré le porte-parole au journal. « Nous allons informer tous les partenaires de cesser d’utiliser ce nom et également d’utiliser toutes les photos la concernant. »
Une recherche de « Yael » sur le site Irontech dolls n’a donné aucun résultat mardi, mais la tête, ainsi qu’une poupée, étaient toujours commercialisées sur d’autres sites.