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USA : Autorisation d’un dispositif israélien qui traite le stress post-traumatique

GrayMatters Health affirme que cet appareil non invasif apprendra aux patients à réguler l’activité de la partie de leur cerveau qui contrôle leurs émotions

Patiente utilisant Prism pour les stress post traumatiques avec l’interface audio/visuelle interactive de Prism. Ce traitement est administré sous la supervision de professionnels de santé (Autorisation de GrayMatters Health)
Patiente utilisant Prism pour les stress post traumatiques avec l’interface audio/visuelle interactive de Prism. Ce traitement est administré sous la supervision de professionnels de santé (Autorisation de GrayMatters Health)

Il existe un certain nombre de traitements pour les troubles du stress post-traumatique, mais aucun ne présentait jusqu’alors de technologie non invasive pour autoréguler l’activité cérébrale.

Ce n’est plus vrai depuis le 21 mars, date à laquelle la société israélienne GrayMatters Health (GMH), à l’origine de thérapies numériques d’auto-neuromodulation pour les troubles mentaux, a annoncé avoir reçu l’autorisation de mise sur le marché aux Etats-Unis par la Food and Drug Administration pour commercialiser son produit phare, Prism, pour le traitement des troubles du stress post-traumatique.

Prism est un dispositif composé de deux parties : d’une part, d’un capuchon muni d’électrodes spéciales, porté par le patient et d’autre part, d’une interface audiovisuelle interactive unique, destinée à l’aider à moduler son activité cérébrale grâce à une boucle de rétroaction positive.

Ce système permet d’aider les patients à contrôler l’activité de leur amygdale, cette région du cerveau associée au système limbique, qui relie les émotions à la mémoire.

L’amygdale est une structure appariée, présente dans les deux lobes du cerveau.

« Lorsqu’un patient réussit à réduire l’activité de l’amygdale, ou le signal lié à l’amygdale, alors il obtient un retour positif de l’appareil », explique au Times of Israel la professeure Talma Hendler, qui a développé cette technologie.

Professeure de neurosciences et de psychiatrie à l’Université de Tel Aviv et directrice de l’Institut Sagol du cerveau au Centre hospitalier Sourasky de Tel Aviv, elle ajoute que, lorsqu’un patient le fait à plusieurs reprises, il acquiert une stratégie mentale lui permettant de ramener son système émotionnel à un état plus calme.

L’équipe GrayMatters Health (Autorisation de GrayMatters Health)

Hendler pense que Prism pourra être prescrit par les médecins dès l’année prochaine.

Il ne sera vendu qu’aux cliniques ambulatoires et privées dont le personnel aura été formé à son utilisation.

Les patients pourront bénéficier de 15 séances d’une demi-heure avec cet appareil.

Coiffés du bonnet à électrodes, ils sont invités à regarder les images d’animation d’une salle d’attente d’hôpital bondée. Certaines personnes sont debout, d’autres vont et viennent et vocifèrent. Des bébés pleurent. Quelqu’un essaie d’appeler l’attention du réceptionniste de la clinique : il est de plus en plus agité.

« Lorsque le patient réussit à réguler son système limbique, c’est toute la salle d’attente qui se détend avec lui. Les chiffres baissent et les bruits diminuent. Cela entre en résonance avec le cerveau du patient. C’est ce que l’on appelle le feedback positif. Il est évolutif, et plus vous vous situez sous votre ligne de base, plus la salle d’attente s’apaise », explique Hendler.

Le stress post-traumatique est souvent associé aux soldats et à la guerre, mais toute personne ayant vécu un événement traumatisant est susceptible d’en souffrir.

Une étude de 2019 estime à plus de 350 millions dans le monde le nombre d’adultes ayant vécu une situation de guerre et qui souffrent de troubles de stress post-traumatique ou de dépression majeure.

Selon le département des Anciens combattants des États-Unis, près d’une personne sur 20 développe un trouble de stress post-traumatique chaque année.

En Israël, en décembre 2020, pas moins de 5 000 personnes étaient reconnues par le ministère de la Défense comme souffrant de troubles de stress post-traumatique. Ce nombre est probablement bien inférieur au nombre réel d’anciens combattants atteints de cette pathologie.

Talma Hendler, médecin et inventeuse de la technologie Prism, professeure de neurosciences et de psychiatrie à l’Université de Tel Aviv et directrice du Sagol Brain Institute au Centre hospitalier Sourasky de Tel Aviv (Autorisation de GrayMatters Health)

Prism a été développé sur la base de recherches menées sur des soldats de Tsahal ayant subi des IRM fonctionnelles (IRMf) avant et après des situations de combat en 2009.

« Nous avons constaté que les soldats qui avaient une amygdale plus active avant les combats développaient plus de symptômes de stress post-traumatique. Cela a été l’indice de base, à savoir que l’hyper-activation de l’amygdale est un marqueur du risque de développer une psychopathologie suite à un traumatisme », explique Hendler.

Travailler avec des IRMf s’est avéré à la fois trop coûteux et inenvisageable à plus grande échelle, de sorte que l’accent a été mis sur l’électroencéphalogramme (EEG).

En plaçant les patients équipés d’électroencéphalogrammes spécialisés dans des scanners IRMf, les chercheurs ont pu fusionner les données des deux outils grâce à des modèles mathématiques complexes et donner le jour aux biomarqueurs EEG-fMRI-Pattern (EFP) utilisés par Prism.

Les études qui sous-tendent Prism ont été publiées dans plusieurs revues scientifiques à comité de lecture, parmi lesquelles Nature et NeuroImage.

Prism est conçu comme un traitement d’appoint pour les pathologies liées au stress post-traumatique et peut être utilisé en conjonction avec la psychothérapie, les médicaments psychiatriques, l’EMDR, la marijuana médicale entre autres protocoles.

« Plus il y a d’options, mieux c’est », assure la professeure Rachel Dekel, spécialisée dans les traumatismes et le stress post-traumatique.

La Professeure Rachel Dekel, de la Louis and Gabi Weisfeld School of Social Work, à l’Université Bar llan (Autorisation)

Dekel, qui fait partie de la Louis and Gabi Weisfeld School of Social Work de l’université Bar-Ilan, n’a pas participé aux recherches ni au développement de Prism.

Elle explique au Times of Israel que le traitement des troubles du stress post-traumatique doit être adapté à l’individu.

Il y a des protocoles qui ne conviennent pas à tous : ainsi, la psychothérapie et la thérapie d’exposition prolongée peuvent s’avérer trop éprouvantes pour certains.

« Certains ne veulent pas être réexposés au traumatisme initial. Cela conduit certains patients à abandonner le traitement », explique Dekel.

Elle pense que la composante audiovisuelle de Prism est intéressante pour les professionnels qui traitent des jeunes souffrant de stress post-traumatique.

« Les jeunes adorent travailler avec des ordinateurs, la réalité virtuelle… », précise-t-elle.

Les partenaires de GMH pour le développement et la mise sur le marché de Prism comptent Otsuka Medical Devices Co., Ltd., McLean Harvard Medical School Affiliate, l’hôpital Tel Aviv Sourasky et Sheba Tel Hashomer City of Health.

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