10 Britanniques ayant servi dans Tsahal visés par une plainte pour crimes de guerre à Gaza
Un dossier de 240 pages affirme que des soldats de l'armée israélienne, dont certains étaient des officiers, ont été impliqués dans des attaques délibérées contre des civils et des personnes déplacées ; la police britannique dit qu'elle enquête sur l'affaire

Des avocats britanniques spécialisés dans les droits humains ont déposé lundi auprès de la police londonienne une plainte de 240 pages pour crimes de guerre à l’encontre de 10 citoyens britanniques ayant servi dans l’armée israélienne au cours de la guerre contre le Hamas dans la bande de Gaza, ont rapporté les médias britanniques.
Le dossier, remis à l’unité des crimes de guerre de la police métropolitaine de Londres, allègue que les soldats en question ont intentionnellement tué des civils et des travailleurs humanitaires par des tirs de sniper, qu’ils ont été impliqués dans le déplacement forcé de civils et qu’ils ont participé à des attaques délibérées contre des zones civiles, y compris des hôpitaux, a rapporté The Guardian.
Le dossier « va maintenant être évalué par des policiers spécialisés afin de déterminer si une enquête au Royaume-Uni peut être nécessaire », a déclaré un porte-parole de la police antiterroriste à la BBC.
« À l’heure actuelle, il n’y a pas d’enquête menée au Royaume-Uni sur des questions liées à ce conflit particulier », a ajouté la police.
Le rapport couvre la période allant d’octobre 2023 à mai 2024 et a été soumis au nom du Palestinian Center for Human Rights (PCHR), basé à Gaza, et du Public Interest Law Center, basé en Grande-Bretagne.
The Guardian précise que les suspects, qui comprennent des personnes ayant la double nationalité, ne sont pas identifiés pour des raisons juridiques.

La BBC a indiqué qu’elle avait contacté Tsahal pour obtenir une réponse aux informations divulguées. Israël a nié toutes les accusations de crimes de guerre.
Israël a déclaré qu’il avait le souci de minimiser le nombre de victimes civiles et souligne que le Hamas utilise les civils de Gaza comme boucliers humains, en combattant depuis des zones civiles, notamment des maisons, des hôpitaux, des écoles et des mosquées.
« Les ressortissants britanniques ont l’obligation légale de ne pas participer aux crimes commis en Palestine. Personne n’est au-dessus de la loi », a déclaré au Guardian Michael Mansfield, l’un des avocats qui ont remis le dossier.
« Si l’un de nos ressortissants commet une infraction, nous devons agir. Même si nous ne pouvons pas empêcher les gouvernements des pays étrangers de mal se comporter, nous pouvons au moins empêcher nos ressortissants de mal se comporter ».
Sean Summerfield, un avocat du Doughty Street Chambers qui a participé à l’élaboration du document, a déclaré qu’il souhaitait voir les accusés « comparaître devant l’Old Bailey pour répondre de crimes atroces ».
« Le public sera choqué, je pense, d’apprendre qu’il existe des preuves crédibles que des Britanniques ont été directement impliqués dans la perpétration de certaines de ces atrocités », a-t-il ajouté.
« C’est illégal, c’est inhumain et trop c’est trop », a déclaré Raji Sourani, directeur de la PCHR. « Le gouvernement ne peut pas dire que nous ne savions pas ; nous lui fournissons toutes les preuves. »

Des groupes pro-palestiniens ont lancé une initiative mondiale visant à poursuivre des soldats de Tsahal pour crimes de guerre présumés. Certains soldats ont été dissuadés par l’armée de voyager ou ont reçu l’ordre de revenir immédiatement de leur destination en raison du risque d’arrestation à l’étranger.
La guerre a éclaté lorsque des terroristes dirigés par le Hamas se sont déchaînés dans le sud d’Israël le 7 octobre 2023, assassinant quelque 1 200 personnes et emmenant 251 otages à Gaza.
Israël a lancé l’offensive à Gaza pour éliminer le groupe terroriste et ramener les otages.
Le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, affirme que plus de 50 000 personnes ont été tuées ou sont présumées mortes dans les combats jusqu’à présent, bien que ce bilan ne puisse être vérifié et qu’il ne fasse pas de distinction entre les civils et les combattants. Israël affirme avoir tué quelque 20 000 combattants dans les combats depuis janvier et 1 600 terroristes supplémentaires à l’intérieur d’Israël le 7 octobre.