2 blessés lors d’une attaque d’Israéliens contre une marche de protestation en Cisjordanie
Un militant pro-implantations accuse Tsahal d'avoir ignoré les "violences" commises contre des Israéliens à Sinjil, au cours desquelles un responsable de l'AP aurait aidé à démanteler et à brûler un avant-poste

Des dizaines de résidents d’implantations israéliens et de Palestiniens se sont affrontés vendredi dans un village de Cisjordanie, où une marche devait avoir lieu après de récentes attaques perpétrées par des Israéliens radicaux sur des terres palestiniennes.
La Société du Croissant-Rouge palestinien a déclaré avoir soigné deux hommes battus par des résidents d’implantations, selon l’agence de presse officielle de l’Autorité palestinienne (AP), WAFA.
WAFA a rapporté que les partisans du mouvement-pro-implantation ont également brisé les vitres et crevé les pneus de plusieurs véhicules, dont celui de la Commission des Implantations et de la Résistance aux murs de l’AP, qui avait organisé la marche de protestation.
Des images publiées par la commission sur Facebook montrent son chef, Moayad Shaaban, qui occupe le rang de ministre au sein de l’AP, s’affairant avec d’autres hommes pour démanteler et brûler ce qui semble être deux ou trois cabanes improvisées.
WAFA a également rapporté que la commission et les habitants de Sinjil avaient « réussi à brûler et démolir l’avant-poste de pâturage récemment établi… à l’ouest de la ville ». Des Palestiniens locaux ont déclaré à l’AFP que les résidents d’implantations avaient également allumé un feu.
Elisha Yered, haut membre du groupe extrémiste des « Jeunes des Collines », a écrit sur le réseau social X que les Juifs qui s’étaient installés dans la région « ont appelé à l’aide » après qu’une centaine de Palestiniens menés par Shaaban « ont mis le feu et jeté des pierres » dans leur direction.
למרות ההתרעות: שר ברש"פ ופורעים נוספים הציתו מבנים בבנימין לעיני המצלמות
מחדל חמור בבנימין: תושבים מהאזור התריעו אמש בפני גורמים במערכת הביטחון, כי בכוונת הכפר סינג'יל לקיים התפרעות המונית היום כנגד נקודת התיישבות הסמוכה לכביש 60 וואדי חרמייה. התושבים אף ציינו כי מדובר באירוע… pic.twitter.com/TKAFHZ1JSp
— אלישע ירד (@ElishaYered) July 4, 2025
Quelques minutes plus tard, selon Yered, la commission de Shaaban a mis en ligne la vidéo montrant les incendies qui se propageaient « d’un édifice à l’autre ».
Selon Yered, les résidents d’implantations avaient alerté jeudi soir les forces de sécurité israéliennes, qui contrôlent la Cisjordanie, du projet des habitants de Sinjil d’organiser ce que Yered a qualifié de « émeute massive… organisée par des responsables de l’AP et à laquelle devaient participer des militants d’extrême gauche et des diplomates étrangers ». On ne savait pas encore si des diplomates étaient effectivement présents lors de la marche de protestation.
Yered a déclaré que l’armée avait « promis d’empêcher les violences », mais qu’elle n’avait finalement pas tenu sa promesse.
Cependant, des journalistes de l’AFP ont vu des habitants et des militants commencer à défiler, avant que l’arrivée d’Israéliens radicaux ne soit signalée sur une colline du village de Sinjil.

De jeunes Palestiniens se sont approchés pour les chasser, allumant des feux au pied de la colline, mais les résidents d’implantations leur ont jeté des pierres.
Plusieurs véhicules de Tsahal sont alors arrivés, et les soldats ont tiré des coups de semonce pour que les Palestiniens retournent dans le village, selon l’AFP. L’armée n’a pas encore réagi.
D’après Anwar al-Ghafri, avocat et membre du conseil municipal de Sinjil, de tels accrochages ne sont pas rares, mais se sont intensifiés ces derniers jours dans cette partie de la Cisjordanie au nord de Ramallah.
« Un groupe de colons, avec le soutien et l’approbation de l’armée israélienne, fomente et mène des attaques contre les terres », a dénoncé l’élu auprès de l’AFP.
« Ils agressent des paysans, détruisent les cultures et empêchent les gens d’aller sur leurs terres », a-t-il accusé.
En avril, un habitant de Sinjil est décédé un jour après une violente attaque menée par des résidents d’implantations au cours de laquelle sa maison a été incendiée, avait alors déclaré un témoin au Times of Israel.
Les autorités israéliennes ont récemment érigé une clôture séparant des secteurs de Sinjil de la Route 60, qui traverse le territoire palestinien du nord au sud, empruntée par les Palestiniens et les Israéliens.
Mohammad Asfour a expliqué à l’AFP que cette haute clôture isolait son village, comme d’autres localités palestiniennes où des portails contrôlant l’accès ont récemment été construits par Israël.

« Sinjil souffre grandement de ce mur », a dénoncé ce Palestinien de 52 ans, déplorant que des « colons aient le droit de venir à Sinjil » alors que les déplacements des habitants sont limités.
Tsahal a déclaré que le mur avait été érigé pour protéger l’autoroute Ramallah-Naplouse située à proximité.
« Compte tenu des actions terroristes récurrentes dans cette zone, il a été décidé d’ériger une barrière afin d’empêcher les jets de pierres sur une route principale et les troubles répétés à l’ordre public, garantissant ainsi la sécurité des civils dans la région », a indiqué l’armée dans un communiqué.
Comme les habitants sont toujours autorisés à entrer et sortir par la seule entrée restante, cette mesure est considérée comme permettant « le libre accès » à la ville, a déclaré Tsahal.

Les tensions sont vives en Cisjordanie en raison de la guerre dans la bande de Gaza, déclenchée par le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre dans le sud d’Israël sous un déluge de roquettes tirées sur des centres de population dans tout le pays, lors duquel plus de 1 200 personnes ont été assassinées dans le sud d’Israël, pour la plupart des civils, et 251 autres ont été enlevées et emmenées de force dans la bande de Gaza.
Depuis le 7 octobre, les troupes ont arrêté quelque 6 000 Palestiniens recherchés en Cisjordanie, dont plus de 2 350 affiliés au Hamas.
Selon le ministère de la Santé de l’AP, plus de 950 Palestiniens de Cisjordanie ont été tués au cours de cette période. Tsahal affirme que la grande majorité d’entre eux étaient des terroristes armés tués lors d’échanges de tirs, des émeutiers qui se sont heurtés aux troupes ou des terroristes qui menaient des attaques.
Au cours de la même période, 52 Israéliens, dont des membres des forces de sécurité, ont été tués dans des attaques terroristes palestiniennes en Israël et en Cisjordanie. Huit autres membres des forces de sécurité ont été tués lors d’affrontements avec des terroristes en Cisjordanie.