3e Jeux des vétérans: D’anciens soldats handicapés d’Israël et du Royaume-uni s’affrontent
L'événement a rassemblé pendant 3 jours une centaine de vétérans israéliens et britanniques pour des compétitions sportives et des visites, et à la clef, des amitiés

Plus de 180 athlètes britanniques et leurs proches se trouvent en Israël, cette semaine, pour les troisièmes Jeux des vétérans, compétition amicale entre anciens combattants israéliens et britanniques qui comprend des épreuves de natation, de tir et de CrossFit.
Sous les acclamations de leurs proches depuis la ligne de touche, les athlètes ont concouru au centre Beit Halochem de Tel Aviv et leurs enfants ont participé à un camp de football.
L’événement était organisé par Beit Halochem UK, la branche britannique de l’organisation de collecte de fonds de Beit Halochem, le Fonds des anciens combattants handicapés de Tsahal.
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« Nous sommes frères d’armes, frères de combats et de tout ce que nous avons dû affronter au cours de notre vie », explique Phillip Eaglesham, ancien commandant de la Royal Marine qui a participé aux épreuves de natation.
« Il s’agit d’inspirer d’autres personnes et de donner notamment envie aux enfants handicapés de sortir de chez eux et essayer eux aussi. »
« ‘Handicapé’ est un mot que les personnes valides utilisent », ajoute Eaglesham.
« Nous sommes tout aussi ‘capables’ que n’importe qui d’autre. Nous devons simplement trouver une façon différente de faire les choses. »
Eaglesham se déplace en fauteuil roulant depuis qu’il a contracté une fièvre qui a failli le tuer pendant son service en Afghanistan, il y a 13 ans. Il est le fondateur de Conquering Horizons, société qui fabrique des fauteuils roulants permettant à leurs utilisateurs de se lever et de circuler sen toutes circonstances, que ce soit sur les bordures, la neige ou la boue.
Eaglesham a été élevé en Irlande du Nord, à l’époque des « Troubles », dénomination du conflit entre catholiques et protestants qui a duré de 1968 à 1998. Il dit se sentir proche d’Israël et de sa situation politique.
« Je me rappelle avoir dû quitter l’école primaire à cause des alertes à la bombe et des explosions », dit-il.
Depuis quelques mois, Eaglesham prend un nouveau médicament qui lui permet d’oublier ses symptômes pendant quelques heures, ce qui lui a lui permis, pour la première fois depuis plus de dix ans, de marcher un peu.
Il se dit ravi d’avoir pu parcourir à pied les étroites ruelles pavées et marches de la Vieille Ville de Jérusalem.
Eaglesham, qui a représenté l’Irlande aux Jeux paralympiques de Rio en 2016 et Tokyo en 2020 en tir, a remporté une médaille, mardi matin, dans le 50 mètres brasse. C’est l’une des premières fois qu’il nageait dans une piscine olympique depuis l’amélioration de son état de santé.

Le nageur paralympique israélien Hanoch Budin, qui a participé à six Jeux paralympiques et remporté huit médailles, est ambassadeur d’Israël aux Jeux des anciens combattants depuis la première édition, il y a de cela trois ans.
Budin dit qu’il est émouvant d’accueillir des soldats britanniques dans la piscine de Tel Aviv où il a commencé à nager, à titre thérapeutique, après avoir perdu son bras en 1982 au Liban.
« Bien sûr, nous nous affrontons dans des compétitions, mais le plus important, ce sont les rencontres, comme ce qui a lieu aujourd’hui », explique Budin.
Le ministre britannique des Anciens combattants, le député Johnny Mercer, en Israël en déplacement officiel, a assisté à la première journée des Jeux et remis des médailles à des athlètes.
Les compétitions se déroulent le matin et l’après-midi, les anciens combattants visitent le pays avec leurs proches : Tel Aviv, Jérusalem, la mer Morte…
Pour de nombreuses familles, c’est l’une des premières occasions de passer quelques jours de vacances depuis longtemps.
La délégation de 65 anciens combattants comprend des personnes présentant des handicaps physiques mais également des personnes souffrant de blessures invisibles, comme des stress post-traumatiques complexes et d’autres problèmes de santé mentale.

Les vétérans israéliens qui ont pris part aux Jeux sont des participants réguliers aux programmes de Beit Halochem à Tel Aviv.
Beit Halochem propose activités sportives, sorties et thérapies aux anciens combattants blessés en service, dans ses centres de Tel Aviv, Haïfa, Jérusalem et Beer Sheva. Un cinquième centre est prévu à Ashdod.
Nombre d’anciens combattants blessés font face à de réelles difficultés financières, dans les années qui suivent leur accident, car dans l’incapacité de travailler ou alors à temps partiel, explique Roos Allsop, médecin du Centre de récupération du service naval de Hasler, en Israël pour ses deuxièmes Jeux des anciens combattants. C’est une source de stress supplémentaire pour des familles déjà aux prises avec les difficultés d’une nouvelle vie avec le handicap.

Sept organisations caritatives militaires britanniques ont sélectionné les candidats pour le déplacement en Israël, précise Allsop. L’idée est de permettre à des anciens combattants de retrouver une vie normale avec leur conjoint et leurs enfants, d’une manière ludique et non stressante axée sur ce qu’ils peuvent faire, et non sur leur profil de patients, ajoute-t-il.
« Appartenir à un groupe comme celui-ci, avec ces gens qui nous ressemblent, cela fait se sentir moins différent », explique Allsop. « Suite aux blessures qui ont changé leur vie, les gens peuvent avoir tendance à se renfermer, mais en rencontrant les bonnes personnes lors de ces voyages, il est possible de sauver des mariages. »

Craig Lundberg est bien conscient de l’importance d’avoir sa famille sur la ligne de touche. C’est son fils de 11 ans, Ben, qui est chargé de le « tapoter » à l’aide d’une canne, pendant les compétitions de natation, pour lui signaler qu’il est proche du bout de la ligne d’eau. En effet, Lundberg a totalement perdu la vue.
Lundberg, caporal âgé de 21 ans au moment des faits, servait en Irak en 2007 lorsqu’il a été blessé et rendu aveugle lors d’une frappe sur la bâtiment où son unité procédait à des arrestations.

« Ma famille vit avec mon handicap tous les jours, alors c’est vraiment bien pour eux de rencontrer d’autres soldats et de voir comment ils s’en sortent », confie Lundberg.
Le sport de prédilection de Lundberg est le cécifoot à cinq, mais il a également escaladé le mont Kilimandjaro, couru des marathons et parcouru l’Angleterre à vélo depuis son accident.
Lundi, il a terminé deuxième de la compétition de CrossFit, et bien qu’il ne soit pas un nageur, il a décidé de le faire pour sortir de sa zone de confort. Il a terminé troisième dans la catégorie des malvoyants mardi.
« C’est bien de rencontrer des personnes d’horizons différents et de partager son expérience avec eux, parce que leurs problèmes sont les mêmes que les nôtres », dit-il.
« Peu importe que vous soyez un soldat britannique aveugle ou un soldat israélien aveugle, au final, vous êtes aveugle. Ce qui compte, ce n’est pas votre origine ou la cause de votre accident. C’est ce que vous ressentez, la façon dont vous vous considérez, dont vous allez de l’avant et vivez votre vie. »
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