À New York, appel à une journée de jeûne pour les otages israéliens du Hamas
En écho aux temps bibliques, l'institution éducative égalitaire réunit jeudi plus de 600 rabbins et leaders juifs de la diaspora, pour un jeûne de solidarité avec Israël
JTA – Jamais Douglas Sagal, rabbin de la Congrégation Bnai Israel à Rumson, dans le New Jersey, n’avait entendu parler d’un appel à un jeûne collectif en période de crise pour le peuple juif.
Pourtant, ce jeudi, il se joindra à plus de 600 rabbins et responsables juifs – la plupart aux États-Unis – qui se sont inscrits pour participer à un taanit tzibour, ce qui signifie en hébreu « jeûne communautaire ». Ce jeûne est organisé par l’Institut Hadar, une institution éducative juive égalitaire de New York, afin de rassembler les communautés dans la prière pour la centaine d’Israéliens qui ont été kidnappés par le Hamas lors de son attaque terroriste de samedi, qui a également tué et blessé des milliers d’Israéliens.
« Nous assistons avec horreur à la prise d’otage par le Hamas de plus de 100 Israéliens et autres citoyens, dont des nourrissons, des petits enfants, des familles entières, des personnes âgées et des survivants de la Shoah », peut-on lire dans l’appel au jeûne. « Alors que les dirigeants politiques et militaires cherchent des moyens de les libérer, nous avons l’obligation religieuse et communautaire de défendre ces victimes et de prier Dieu ».
Pour Sagal, le jeûne est un moyen pour les Juifs de sa communauté et d’ailleurs de montrer leur engagement envers Israël.
« Ma congrégation, comme toutes les communautés juives de la diaspora, est ébranlée et tente encore de se remettre de cet événement horrible », a confié Sagal à la Jewish Telegraphic Agency. « Nos corps sont peut-être ici à l’ouest, mais nos cœurs et nos âmes sont définitivement à l’est ».
La liste des participants, qui n’a cessé de s’allonger tout au long de la journée depuis l’ouverture des inscriptions mercredi matin, se veut un moyen à la fois physique et spirituel de faire face à la douleur de l’attentat, a expliqué la femme rabbin Avi Killip, vice-présidente exécutive de Hadar et organisatrice du jeûne de l’aube au crépuscule.
« Vous cherchez à exprimer une situation qui nécessite de l’attention, et j’attire l’attention sur cette situation, et je suis prête à engager mon corps et mes propres besoins physiques pour l’exprimer », a expliqué Killip.
« Il existe une longue tradition dans le judaïsme qui consiste à décréter des jours de jeûne supplémentaires en période de crise et de besoin de la communauté », a-t-elle ajouté. « Face à ces attaques, qui visaient délibérément des Juifs, il est très important de pouvoir s’appuyer sur un ancien rituel juif, et je suis reconnaissante d’avoir cet exutoire ».
Dans l’Antiquité, on appelait au jeûne public en période de détresse, et l’on soufflait dans le shofar au Saint Temple de Jérusalem.
Aujourd’hui, des prières ont été ajoutées à la Amidah, la prière juive centrale récitée trois fois par jour, et il y a eu un rassemblement pour prier l’office de Neilah, qui est généralement récité une fois par an, à la fin de Yom Kippour.
Comme il n’y a plus de Temple aujourd’hui, la liturgie d’un jeûne public en temps de détresse est identique à celle des jours de jeûne mineurs du judaïsme, qui ont lieu quatre fois par an. Les fidèles participant à ce jeûne réciteront également des chapitres du livre des Psaumes, ainsi que Avinu Malkeinu, un ensemble de prières traditionnellement récitées entre Rosh Hashana et Yom Kippour et les jours de jeûne, écrites par le sage talmudique Rabbi Akiva pendant une période de sécheresse.
À notre époque, des jeûnes ont été décrétés par des rabbins californiens lors de périodes de grave sècheresse.
Sagal encourage ses fidèles à prendre part au jeûne, mais souligne qu’il appartient à chacun d’y participer, bien que tout le monde soit invité à se joindre aux offices de prière du jeudi. Dimanche, la Congrégation Bnai Israel, une synagogue conservatrice, a organisé une veillée à laquelle ont participé des centaines de membres en personne et en ligne, et la communauté a également prévu une collecte de fonds pour Israël la semaine prochaine.
« Les enseignants et les rabbins de Hadar ont fait preuve d’une grande clairvoyance en utilisant cette idée ancienne de jeûne public pour donner à ceux d’entre nous qui vivent en diaspora l’occasion de se sentir liés à leurs frères et sœurs en Israël », a déclaré Sagal.