Abbas/Cisjordanie: Le vote du Likud sur l’annexion de zones admis par Washington
Le porte-parole de l'AP affirme que la "scandaleuse" résolution non-contraignante adoptée par le parti au pouvoir montre son mépris de l'ONU et des décisions internationales
Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a condamné lundi un vote qui a eu lieu il y a vingt-quatre heures au comité central de Likud qui réclame l’annexion de certaines parties de la Cisjordanie, laissant entendre que Washington était impliqué dedans.
La résolution « n’a pas pu être prise sans le plein soutien de l’administration américaine qui a refusé de condamner les colonies israéliennes ainsi que les attaques et les crimes systématiques commis par l’occupation israélienne contre la population de Palestine », a-t-il déclaré, selon l’agence de presse officielle de l’AP, Wafa.
« Nous espérons que ce vote puisse servir de piqûre de rappel à la communauté internationale pour qu’elle se souvienne que le gouvernement israélien, avec le plein soutien de l’administration américaine, ne s’intéresse pas à une paix juste et durable », a ajouté Abbas.
« Son objectif est plutôt la consolidation d’un régime d’apartheid dans toute la Palestine historique ».
Dans la matinée de lundi, un porte-parole de l’AP a estimé que la résolution adoptée par le parti du Premier ministre Benjamin Netanyahu montrait son mépris des Nations unies et des autres décisions internationales.
Yousef al-Mahmoud a qualifié la résolution de « violation scandaleuse des résolutions de légitimité internationale, en particulier de celles des Nations unies et du Conseil de sécurité, ainsi qu’une ironie et un mépris certain envers le système entier de l’ONU », a fait savoir l’agence de presse palestinienne Wafa.
Ces commentaires sont survenus vingt-quatre heures après que le comité central du Likud, la plus haute instance décisionnaire de la formation politique, a adopté à l’unanimité une résolution recommandant vivement aux chefs de la faction d’annexer officiellement certaines parties de la Cisjordanie et de permettre des constructions illimitées au sein des implantations.
Mahmoud a clamé que l’initiative du Likud résultait de la reconnaissance par le président Trump de Jérusalem en tant que capitale d’Israël, le mois dernier.
Le porte-parole a souligné que seule la loi internationale était valide dans les territoires disputés « plutôt que la force militaire et la domination ».
« La terre palestinienne qui comprend la Cisjordanie et la bande de Gaza, et avant tout notre capitale éternelle de Jérusalem, est une terre occupée par Israël ainsi que d’autres territoires arabes, particulièrement le Sinaï et le plateau du Golan, suite à l’agression malheureuse de 1967 », a noté Mahmoud en se référant à la guerre des Six jours durant laquelle l’Etat juif s’était emparé de ces zones disputées.
Le vote du comité central du Likud n’est pas contraignant pour les députés appartenant au parti, mais a une force politique certaine dans la mesure où les parlementaires ont besoin du soutien de l’instance de 3 000 membres pour réussir lors des primaires.
La résolution dit que « cinquante ans après la libération de la Judée-Samarie, et avec Jérusalem, notre capitale éternelle, le comité central du Likud appelle les membres élus à oeuvrer pour permettre des constructions sans entraves et étendre la loi et la souveraineté israéliennes dans toutes les zones d’implantations libérées en Judée-Samarie ».
Netanyahu, qui s’oppose depuis longtemps à de telles déclarations idéologiques émanant des institutions du parti mais soucieux, ces derniers mois, de s’attirer les faveur de sa base de droite, n’a pas assisté à la réunion du Likud organisée dans la ville de Lod, au centre du pays.
Le groupe terroriste du Hamas a indiqué dans un communiqué dimanche que cette décision représentait « les préjudices continus portés aux droits des Palestiniens sous les auspices des Etats-Unis », ajoutant qu’une telle initiative n’entraînerait que « plus de résistance ».
Selon le Hamas, le texte représente « une escalade » précipitée par l’initiative prise par le président Trump sur Jérusalem, le 6 décembre.
« La décision du parti extrémiste du Likud d’annexer la Cisjordanie sous une souveraineté d’occupation est une escalade liée à la décision de Trump en l’absence d’une réaction arabe », a ainsi indiqué le groupe terroriste sur son compte Twitter.
Avec cette résolution, c’est la première fois – depuis la sortie israélienne de la bande de Gaza, en 2005 – que les militants du parti parviennent à réunir les centaines signatures nécessaires pour proposer un tel texte.
Selon la constitution de la formation, une telle requête – qui doit bénéficier du soutien de plus de 20% des membres du comité central – entraîne la convocation des membres du comité central dans les 30 jours.
Tandis que la requête a été lancée au mois de mai, il y a eu un retard substantiel dans l’organisation de la réunion.