Aliza Bin Noun: « l’antisémitisme en France n’est pas dû seulement à l’islamisme »
Contre Alain Finkielkraut, l'ambassadrice d'Israël en France dénonce non seulement l'antisémitisme issu du monde musulman, mais aussi celui d'extrême gauche et d'extreme droite
Dans un contexte de flambée de l’antisémitisme en France, et en amont d’un rassemblement contre l’antisémitisme qui se déroulera mardi 19 février au soir, Aliza Bin Noun, ambassadrice d’Israël en France a fait savoir sa « grande inquiétude ».
« Je serai à la marche, je représenterai le gouvernement en Israël et j’espère que de nombreuses personnes s’y rendront, c’est très important, » a déclaré Aliza Bin Noun, interrogée par Francetvinfo.
« Je suis très inquiète, avoue Bin Noun. Je pensais que 70 ans après la Shoah, on ne verrait pas ces cas d’antisémitisme mais malheureusement on en est là ».
« Quand je me déplace dans des endroits éloignés de Paris, je sens des juifs qui sont très inquiets, menacés, parfois ils ont peur. Et voir cela en France en 2019 c’est très inquiétant ».
Contre l’avis d’Alain Finkielkraut, qui explique après son agression que l’antisémitisme actuel est dû à l’immigration musulmane, Aliza Bin Nous développe:
« Même si l’antisémitisme issu de l’islam radical a augmenté, il y a aussi l’antisémitisme traditionnel de l’extrême droite et de l’extrême gauche. Et c’est dans cette dernière que le lien entre antisémitisme et anti-sionisme est extrêmement fort, » explique-t-elle, notant que « l’extrême gauche et des musulmans extrémistes travaillent ensemble ».
Mais alors, faut-il punir l’anti-sionisme, comme le souhaitent des députés de la majorité ?
Encore une fois, « il ne faut pas se tromper, » affirme Bin Noun. « On peut critiquer Israël, le gouvernement israélien, et les plus grands critiques sont les Israéliens eux-mêmes. Mais il y a aussi la question de la légitimité d’Israël à exister. Et quand on fait le lien de la haine des Juifs et le rejet d’Israël, on voit le résultat ».
Quatorze partis politiques, dont La République en marche, Les Républicains, le PS, le MoDem, EELV et le PCF ont lancé jeudi dernier un appel contre l’antisémitisme, selon un communiqué transmis par le PS.
« L’appel à l’union contre l’antisémitisme » invite les Français à se réunir partout en France, et notamment place de la République à Paris mardi 19 février à 19H00.