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Autre démission à Washington après la décision de Trump de se retirer de Syrie

La décision du président américain "a laissé nos partenaires de la coalition troublés et nos partenaires dans les combats désemparés", a affirmé Brett McGurk

Illustration : Brett McGurk, lors d'une conférence de presse à Amman, le 6 novembre 2016. (Crédit : Ahmad Abdo/AFP)
Illustration : Brett McGurk, lors d'une conférence de presse à Amman, le 6 novembre 2016. (Crédit : Ahmad Abdo/AFP)

L’émissaire des Etats-Unis pour la coalition internationale antijihadistes Brett McGurk a présenté vendredi sa démission, après celle du ministre américain de la Défense dans le sillage de l’annonce par Donald Trump du retrait militaire américain de Syrie.

Le départ de M. McGurk sera effectif au 31 décembre, a indiqué samedi un responsable du département d’Etat, sous couvert d’anonymat, précisant qu’il avait remis sa démission vendredi au secrétaire d’Etat Mike Pompeo.

Selon plusieurs médias américains, il avait décidé de quitter son poste en février mais il a avancé cette échéance après les rebondissements de la semaine.

Le président américain Donald Trump a surpris en annonçant mercredi sa décision de retirer le plus vite possible les 2 000 soldats américains stationnés en Syrie, estimant que le groupe Etat islamique (EI) était vaincu. Le même jour, il indiquait que la préparation d’un désengagement partiel d’Afghanistan était lancée.

Le Wall Street Journal et le New York Times ont évoqué le départ de la moitié des 14 000 militaires américains engagés sur le sol afghan dans ce conflit vieux de 17 ans lancé après les attentats du 11 septembre 2001.

« Concernant la Syrie, nous devions à l’origine y être pour trois mois et, c’était il y a sept ans – nous ne sommes jamais partis », a tweeté Trump samedi, avant la révélation de la démission de McGurk.

« Renversement complet »

« Lorsque je suis devenu président, l’EI se déchaînait. Désormais, l’EI est en grande partie vaincu et d’autres pays de la région, y compris la Turquie, devraient être capables de s’occuper facilement de ce qu’il en reste. Nous rentrons à la maison ! », a-t-il ajouté.

Un peu plus tard, il a ciblé Brett McGurk sur Twitter, le décrivant comme un « grand parleur » qui part juste avant la fin de sa mission.

Selon le courriel annonçant sa démission à ses collègues, que le New York Times s’est procuré, Brett McGurk a qualifié la décision présidentielle de « choc » et de « renversement complet par rapport à la politique qui nous avait été présentée ».

« Elle a laissé nos partenaires de la coalition troublés et nos partenaires dans les combats désemparés », a-t-il écrit, d’après le NYT.

« Je me suis employé cette semaine à essayer de gérer certaines retombées (…) mais finalement j’ai conclu que je ne pouvais appliquer ces nouvelles instructions et maintenir mon intégrité », a-t-il poursuivi.

Jim Mattis, à droite, et Brett McGurk, envoyé spécial américain pour la coalition globale de lutte contre l’EI, écoutent les questions des journalistes pendant un briefing au Pentagone à Washington, DC, le 19 mai 2018 (Crédit : WIN MCNAMEE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

Ces derniers mois, de hauts responsables militaires américains avaient multiplié les mises en garde contre un retrait précipité qui laisserait la voie libre en Syrie aux alliés du régime de Bachar al-Assad : la Russie, grande rivale des Etats-Unis, et l’Iran, véritable bête noire de l’administration Trump.

Les militaires américains sont stationnés dans le nord-est de la Syrie aux côtés de la coalition arabo-kurde qui combat l’EI. Leur départ va notamment laisser la milice kurde des YPG sans soutien militaire alors que le président turc Recep Tayyip Erdogan menace de l’attaquer, considérant les combattants kurdes comme des terroristes.

Abandon

Un haut responsable kurde en Syrie, Aldar Khalil, a exhorté samedi Washington à empêcher toute offensive turque contre les zones kurdes du nord, prévenant que les YPG pourraient abandonner le combat contre l’EI pour pouvoir se défendre le cas échéant contre les Turcs.

McGurk, 45 ans, assurait la semaine dernière à Washington que les Américains avaient vocation à rester encore pendant un bon moment en Syrie.

« Même si la fin du califat en tant que territoire est maintenant clairement à portée de main, la fin de l’EI prendra beaucoup plus longtemps », avait dit à la presse celui qui avait été nommé en 2015 par le président démocrate Barack Obama, car « il y a des cellules clandestines » et « personne n’est naïf au point de dire qu’elles vont disparaître » du jour au lendemain.

Il n’est pas le premier à partir après les annonces présidentielles.

Des partisans de l’Etat islamique manifestent à Raqqa, en Syrie, en 2014. (Crédit : capture d’écran YouTube/Vice)

Dès jeudi le ministre de la Défense Jim Mattis faisait part de sa démission à compter de février, affichant son désaccord avec la nouvelle stratégie de la Maison Blanche. Il a insisté sur la nécessité pour les Etats-Unis de « traiter les alliés avec respect ».

A plusieurs reprises, cet ex-général des Marines âgé de 68 ans avait mis en garde contre un départ précipité de Syrie, au risque de « laisser un vide qui puisse être exploité par le régime Assad ou ses soutiens ».

« Au final, les Américains ont élu une personne pour être commandant en chef », a relevé vendredi Sarah Sanders, porte-parole de l’exécutif. « Et au final, il prend la décision. C’est pour ça qu’il a été élu ».

« Si n’importe qui d’autre que votre président favori (…) avait annoncé, après avoir décimé l’EI en Syrie, que nous allions rapatrier nos troupes (heureuses & en bonne santé), cette personne aurait été le héros le plus populaire d’Amérique », a-t-il tweeté samedi. « Avec moi, je suis attaqué durement par les Médias Fake News. Fou! »

Lors de sa campagne pour la présidentielle de 2016, le milliardaire républicain avait répété que l’engagement des Etats-Unis au Moyen-Orient coûtait des milliards de dollars qui seraient mieux dépensés au profit du contribuable américain, et qu’il fallait laisser d’autres acteurs, notamment les pays arabes du Golfe, faire le travail sur place.

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