Brown devient la première université américaine à envisager de se désinvestir d’Israël
Des manifestants pro-palestiniens et anti-Israël ont démantelé un campement sur le campus après avoir conclu un accord avec l'administration de l'université
L’Université Brown est parvenue mardi à un accord avec les étudiants qui s’opposent à la guerre contre le groupe terroriste palestinien du Hamas à Gaza : ils retireront leur campement de l’enceinte de l’établissement en échange de quoi celui-ci envisagera de se désengager d’Israël.
Il s’agit de la première concession majeure de la part d’une université d’élite américaine dans le contexte des manifestations incessantes d’étudiants qui ont paralysé les campus à travers le pays, divisé l’opinion publique et conduit à des centaines d’arrestations.
La présidente de Brown University à Providence (Rhode Island), Christina Paxson, s’est réjouie dans un communiqué du démantèlement d’un « campement » d’étudiants et de militants anti-Israël à 17H00 (21H00 GMT) en échange de la promesse que le conseil d’administration de l’université se prononcera sur d’éventuels « désinvestissements de sociétés qui rendent possible et profitent du génocide à Gaza ».
Couper les liens entre les grandes universités privées américaines et des mécènes et entreprises liés à Israël fait partie des revendications de ces mouvements étudiant et militant qui assurent défendre la cause palestinienne et est vent debout contre la guerre que mène l’Etat hébreu contre le Hamas dans la bande de Gaza.
En retour, « cinq étudiants seront invités à rencontrer cinq membres du conseil d’administration de l’université de Brown en mai pour présenter leurs arguments en faveur d’un désinvestissement de la dotation de Brown des « entreprises qui permettent le génocide à Gaza et en tirent profit ».
Le conseil d’administration se prononcera sur la proposition en octobre, soit un an après les massacres barbares du Hamas et de ses complices civils.
Les étudiants protestataires ont sauté de joie en apprenant la nouvelle de l’accord et ont scandé « avec amour et non par peur, le désinvestissement est proche » avant de commencer à retirer leurs tentes.
« Nous levons [le campement] en sachant que nous avons remporté une grande victoire pour le désinvestissement à Brown, pour ce mouvement international et une victoire pour le peuple de Palestine », a dit Leo Corzo-Clark, étudiant à Brown.
L’université, située à Providence, « est venue à la table pour écouter nos demandes et ses étudiants et pour envisager de désinvestir de la guerre, de la mort et de l’occupation », a renchéri Sam Theoharis, un autre étudiant manifestant.
Les manifestations sur les campus ont constitué un défi majeur pour les administrateurs des universités du pays, qui tentent de trouver un équilibre entre les engagements en faveur de la liberté d’expression et les plaintes selon lesquelles les rassemblements ont dérapé vers l’antisémitisme et les discours de haine.
Dans sa déclaration, Paxson a indiqué que « la dévastation et les pertes de vies humaines au Moyen-Orient ont incité de nombreuses personnes à appeler à un changement significatif, tout en soulevant des questions réelles sur la meilleure façon d’y parvenir ».
Mais elle a ajouté : « Je suis préoccupée par l’escalade de la rhétorique incendiaire à laquelle nous avons assisté récemment et par l’augmentation des tensions sur les campus à travers le pays. »
Dans une déclaration faite lundi, la présidente de Columbia, Minouche Shafik, a indiqué que l’université ne désinvestirait pas d’Israël, mais qu’elle investirait dans la bande de Gaza.
L’accord à Brown est la première concession accordée par une université d’élite au mouvement national qui s’est propagé depuis deux semaines à travers tous les États-Unis, de la Californie à l’ouest (Universités UCLA, USC…) aux États du nord-est (Columbia, Yale, Harvard, UPenn) en passant par les États du centre et du sud comme le Texas et l’Arizona.