Dans le nord d’Israël, soulagement et crainte après l’élimination de Nasrallah
Une habitante de Kiryat Shmona se réjouit de l'élimination du chef terroriste mais estime qu'il n'est "pas question d'arrêter la guerre, ce n'est pas terminé"
À Rosh Pina, à une trentaine de kilomètres de la frontière israélo-libanaise, Matan Sofer exprime des sentiments mitigés après l’élimination par Israël de Hassan Nasrallah, chef du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah qui tire quotidiennement des roquettes sur le territoire israélien depuis le 8 octobre soit au lendemain du pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas sur le sol israélien.
« Je suis dans l’incertitude, on ne sait pas quand ça va finir », lâche cet homme de 24 ans, sorti faire des courses mais disant ne pas vouloir traîner trop longtemps loin d’un abri antiaérien.
À la tête du groupe terroriste chiite libanais pendant 32 ans, « Nasrallah était responsable de la mort de beaucoup d’Israéliens, donc c’est une bonne nouvelle. Mais ça risque de devenir pire, qui sait ? », dit-il.
Jeudi, une roquette est tombée près d’une maison à Rosh Pina, ville d’un peu plus de 3 000 habitants. Dans une allée bordée de bougainvilliers, la maison de Batia Yelloz a été touchée, raconte cette femme de 93 ans qui vit depuis 70 ans à Rosh Pina et dit « avoir eu beaucoup de chance ».
Et la mort de Nasrallah ?
« Qu’il aille au diable », lance Yelloz, qui ne cache pas sa satisfaction après la mort du chef du Hezbollah, tué vendredi dans une frappe aérienne de l’armée israélienne à Beyrouth ayant détruit le QG central de ce groupe terroriste.
La vieille dame se dit « triste de voir les dégâts » causés par la chute de la roquette sur sa maison, en montrant ses pots de fleurs et le muret détruits.
Des rubans rouges et blancs ont été déployés par la police autour de sa maison. Des traces d’éclats de roquette sont visibles sur les voitures et les murs des maisons voisines.
Malgré les craintes de tirs de roquettes qui se sont intensifiés ces dernières semaines en même temps que la multiplication des frappes israéliennes sur des cibles du Hezbollah au Liban, les magasins et restaurants du centre commercial de la bourgade verdoyante se remplissent dimanche en fin de matinée.
« Le début de la fin ? »
Eva Cohen, 57 ans, évacuée début octobre de Kiryat Shmona, une ville située à 7 km de la frontière et cible de tirs du Hezbollah depuis le 8 octobre, travaille dans une bijouterie de Rosh Pina.
Le groupe terroriste chiite libanais affirme tirer des roquettes en soutien à son allié du Hamas, groupe terroriste palestinien en guerre contre Israël dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre, jour de son assaut barbare et sadique sur le sol israélien.
Alors que les appels se multiplient au sein de la communauté internationale pour un cessez-le-feu au moins temporaire entre Tsahal et le Hezbollah, Cohen se réjouit de l’élimination de Nasrallah mais estime qu’il n’est « pas question d’arrêter la guerre, ce n’est pas terminé ».
« Il reste beaucoup de terroristes, nous reviendrons chez nous quand ce sera totalement sécurisé. Cela prendra le temps qu’il faut, nous sommes patients », dit-elle.
Attablée à la terrasse d’un café avec une amie, Simi Vaknin, 69 ans, qui habite aussi à Kyriat Shmona, raconte que contrairement à l’immense majorité des habitants, elle est restée vivre chez elle malgré les tirs de roquettes, car elle travaille à la mairie.
Selon elle, plusieurs centaines de familles sont encore dans sa ville malgré le danger, mais elle est obligée de rester sur place pour « aider les gens ».
« C’est une ville fantôme, on fait des courses et on se précipite près d’un abri, c’est terrible », raconte-t-elle.
« Je suis contente, bravo à Tsahal, mais on ne sait pas ce qui va nous arriver, on ne peut qu’espérer que les choses vont s’arranger […], j’ai confiance dans l’armée, ils sauront s’il faut continuer la guerre ou l’arrêter », dit-elle.
Sur la route en contrebas de Rosh Pina, des véhicules militaires et de nombreux réservistes sont visibles. A quelques kilomètres de la petite ville, sur le bord de la route, des dizaines de blindés israéliens manœuvrent dans un champ.
L’armée a annoncé mercredi le rappel de deux brigades de réservistes sur le front nord.
« Est-ce le début de la fin ? Un risque d’une nouvelle escalade ? Je suis troublé, je ne sais vraiment pas de quoi demain sera fait », dit Matan Sofer.
Dimanche après-midi, les sirènes d’alerte ont à nouveau retenti à Rosh Pina et dans plusieurs villes du nord du pays.