Israël en guerre - Jour 364

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Opinion

Avec la mort de Nasrallah, Israël réaffirme sa suprématie et regagne la confiance du public

Il y a un an, la suffisance israélienne avait permis au Hamas de se livrer à un pogrom. Aujourd'hui, Israël riposte, le Hezbollah paie le prix de son excès de confiance - avec l'Iran qui est sur la sellette

David Horovitz

David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).

Un Iranien brandissant une photo du chef du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah Hassan Nasrallah lors d'une manifestation anti-Israël, à Téhéran, le 27 septembre 2024. (Crédit : AFP)
Un Iranien brandissant une photo du chef du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah Hassan Nasrallah lors d'une manifestation anti-Israël, à Téhéran, le 27 septembre 2024. (Crédit : AFP)

Presque un an après que le Hamas a su tirer profit de la suffisance et d’une certains arrogance, de la part d’Israël, pour se livrer à un pogrom sans précédent dans le sud du pays, et presque un an après que le Hezbollah a commencé ses tirs de roquette incessants pour obliger les résidents du nord d’Israël à évacuer, Tsahal a pris, dans la soirée de vendredi, l’initiative la plus importante jamais lancée par l’armée pour réaffirmer sa suprématie militaire et pour rassurer les citoyens israéliens malmenés. Une initiative qui avait pour objectif de leur démontrer la capacité du pays à les protéger contre ses ennemis.

Ces dernières semaines, après avoir averti à plusieurs reprises le Hezbollah que l’État juif allait intensifier « graduellement » ses attaques et qu’il continuerait à le faire jusqu’à ce que les 60 000 résidents déplacés et originaires du nord du pays puissent rentrer chez eux en toute sécurité, les responsables politiques et militaires israéliens ont montré que, contrairement aux années précédentes – qui s’étaient caractérisées par des menaces en l’air et beaucoup d’esbroufe – ils étaient cette fois-ci sincères.

Et contrairement à la force hésitante qui avait été déployée contre le Hamas au lendemain du 7 octobre, l’establishment sécuritaire a démontré que, concernant le Hezbollah, il avait développé des capacités très efficaces – et souvent inattendues.

Les explosions spectaculaires, le 17 septembre, de milliers de bipeurs appartenant à des membres du Hezbollah – une attaque dont Israël a été accusé, mais que l’État juif n’a pas revendiquée – ont tenu un rôle déterminant tant sur le plan pratique que symbolique. Cette attaque avait, de toute évidence, été planifiée depuis des années. Elle aura nécessité des prouesses techniques stupéfiantes. Cette opération s’est appuyée sur des renseignements précis, notamment en ce qui concerne l’identité et les déplacements en temps réel de milliers d’agents du Hezbollah au Liban – et au-delà. Et elle aura été menée à bien de manière exceptionnelle.

Ensuite, comme promis, les attaques se sont multipliées : des frappes ciblées ont permis d’éliminer la majorité des dirigeants du Hezbollah ; une explosion a entraîné la mort de nombreuses personnalités de premier plan des forces d’élite Radwan, au sein du Hezbollah, qui travaillaient depuis longtemps à un plan d’invasion majeure de la Galilée. Des raids prenant pour cible les arsenaux de roquettes, missiles et autres armements du groupe terroriste ont duré pendant de longs jours – des armes qui, en grande partie, avaient été stockées dans des habitations de civils.

Après chaque nouvelle offensive, Israël avait pris le temps de faire une pause pour déterminer si le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, allait comprendre le message – s’il allait mettre un terme aux tirs de roquettes et, au minimum, s’il allait se montrer disposé à retirer ses forces de la frontière, en les stationnant dans les profondeurs du Liban. Et à chaque fois, Nasrallah, pleinement investi dans son objectif de destruction d’Israël, ayant scellé sa destinée à celle du Hamas, avait choisi de continuer ses attaques, de ne pas renoncer.

Et c’est ainsi qu’Israël l’a pris pour cible dans la soirée de vendredi. Sa mort a été confirmée par l’armée israélienne samedi en fin de matinée.

Yahya Sinwar, le numéro un du Hamas, pourrait bien, depuis sa cachette souterraine, se glorifier – s’il a encore connaissance des conséquences des horreurs qu’il a déclenchées et de leur effet boule de neige – de l’avancée ostensible de son rêve génocidaire. Comme il l’espérait, Israël a été entraîné dans une guerre sur plusieurs fronts et se bat actuellement en ne bénéficiant que d’un soutien international (très) limité.

Le défi que doit relever Israël est toutefois de garantir que c’est l’État juif qui aura bien le dernier mot.

Autre gros titre, vendredi soir – un gros titre passé presque inaperçu en raison de l’attaque de Beyrouth : l’armée a affirmé que le Hamas avait été vaincu en tant que force militaire organisée dans toute la bande de Gaza, même s’il reste une dangereuse entité terroriste de type guérilla.

Et les responsables israéliens qui, il y a un an, craignaient de démanteler ne serait-ce qu’une tente que le Hezbollah avait installée à la frontière, sont aujourd’hui en train de démolir le partenaire beaucoup plus puissant de Sinwar dans le nord. Un processus qui ne se fera pas du jour au lendemain – mais qui est en cours.

Dans un discours cinglant qui a été prononcé devant l’Assemblée générale des Nations unies, peu de temps apparemment après avoir approuvé l’attaque contre le quartier-général souterrain du Hezbollah et peu de temps aussi avant qu’elle ne soit menée à bien, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a promis qu’Israël « ne connaîtra pas de repos tant que nos citoyens n’auront pas regagné leurs foyers, en toute sécurité. Nous n’accepterons pas qu’une armée terroriste soit présente sur notre frontière nord, capable de commettre un nouveau massacre du type de celui du 7 octobre ».

Il a également lancé une mise en garde directe à l’Iran. « Si vous nous frappez, nous vous frapperons. Il n’y a aucun lieu, en Iran, que le bras d’Israël ne saura atteindre », a-t-il averti.

C’est vers l’Iran que l’attention se tourne aujourd’hui. La République islamique va-t-elle se contenter de regarder l’armée terroriste du Hezbollah qu’elle a elle-même nourrie et financée, cette armée dotée de vastes capacités en termes de roquettes et de missiles, se faire pulvériser par les militaires israéliens ? Ou prendra-t-elle le risque d’une nouvelle escalade face à une armée israélienne redynamisée, face à des dirigeants politiques israéliens dont elle doit dorénavant prendre les menaces plus au sérieux ?

Près d’un an après le 7 octobre, Israël n’a atteint aucun de ses objectifs de guerre auto-proclamés. La menace que représente le Hamas et d’éventuelles autres menaces futures, en provenance de Gaza, n’ont pas été totalement éliminées. 97 otages sont toujours dans les geôles du Hamas à Gaza et ceux qui sont encore en vie sont quotidiennement en danger. 60 000 habitants du nord d’Israël ne peuvent toujours pas rentrer chez eux en toute sécurité.

Toute euphorie, après les événements qui se sont produits vendredi soir, serait prématurée. Les hauts-responsables doivent garder le contrôle sur l’évolution rapide de la situation au Liban. Il n’y a pas de stratégie claire pour les otages aujourd’hui, ou pour Gaza demain. Le régime iranien est un adversaire rusé, plein de ressources et amoral.

Mais Israël riposte maintenant avec une puissance inégalée, sans précédent, depuis le 7 octobre.

Le ministre de la Défense Yoav Gallant (à gauche), le chef d’état-major de l’armée israélienne, le lieutenant-général Herzi Halevi (au centre), le chef de l’armée de l’air israélienne, le général de division Tomer Bar (à droite), et d’autres officiers dans la salle de commandement souterraine de l’armée de l’air au milieu d’une frappe sur le quartier général du Hezbollah à Beyrouth, le 27 septembre 2024. (Crédit : Armée israélienne)

Netanyahu a sciemment renforcé les enjeux – en tuant Nasrallah et en prenant pour cible « de plein fouet » le Hezbollah, défiant ainsi directement l’Iran, même au risque d’une guerre régionale.

Israël dépend donc de la capacité de nos dirigeants à nous démontrer, sur tous les fronts nécessaires, que l’ère de la suffisance, de la complaisance est bel et bien révolue. Israël dépend de la capacité de nos responsables à nous démontrer que le pays est capable de tirer parti de ses avancées et de ses réussites militaires pour obtenir des résultats à long-terme sur le plan de la sécurité et de la diplomatie. Ils doivent nous démontrer que le 7 octobre a été une aberration. Que ce sont les ennemis d’Israël qui, un an plus tard, ont fait preuve d’un excès de confiance qui leur a été fatal.

Quant à l’éternel Premier ministre israélien, la frappe sur le Dahiyeh ne saura effacer la réalité : ce sont les politiques de Netanyahu qui ont permis au Hamas et au Hezbollah de se renforcer, et ce sont les divisions qu’il a sans relâche attisées au sein de la société israélienne qui ont encouragé nos ennemis à passer à l’action. Sa légitimité, le souvenir qu’il laissera ne seront jamais restaurés de manière significative s’il ne reconnaît pas sa culpabilité personnelle dans les échecs qui ont conduit à la catastrophe du 7 octobre. Il devra aussi œuvrer « à pleine puissance » à combler les clivages à l’intérieur d’Israël, à corriger les inégalités, à s’attaquer à l’anarchie et à inverser la trahison des principes sionistes fondamentaux que lui et sa coalition suprémaciste juive n’ont cessé d’encourager.

Et si ce n’est pas près de se produire, l’élimination de Hassan Nasrallah, vendredi, a souligné que de son côté, l’armée – qui a reconnu ses échecs et enquêté à leur sujet – en a tiré des leçons et qu’elle est en train de retrouver sa prépondérance. C’est le Hezbollah qui s’est montré arrogant et trop confiant, et ses maîtres en Iran en sont maintenant ébranlés.

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