Des députés français LFI justifient l’offensive terroriste du Hamas contre Israël
Suscitant des condamnations, les députés Louis Boyard et Ersilia Soudais ont dénoncé "la colonisation et les exactions en Palestine" et la "prison à ciel ouvert" que serait, selon eux, Gaza
Plusieurs députés La France insoumise (LFI) ont justifié ce samedi sur X (ex-Twitter) l’attaque d’ampleur lancée par le groupe terroriste palestinien du Hamas contre Israël.
Alors qu’Emmanuel Macron condamnait les attaques, exprimait sa solidarité aux victimes et rappelait le droit d’Israël à se défendre contre le terrorisme, le député LFI Louis Boyard, 23 ans, a dénoncé sur X : « Trop longtemps que la France ferme les yeux sur la colonisation et les exactions en Palestine. Trop longtemps que la France renvoie dos à dos la violence de l’État israélien et celle de groupes armés palestiniens. Des années d’inaction et toujours les civils qui en paient le prix. Comment s’habituer à l’horreur ? »
Son message entend ainsi mettre sur un plan d’égalité l’armée israélienne et les « groupes armés palestiniens », qui répondraient là à « la colonisation et aux exactions en Palestine ».
Sa collègue Ersilia Soudais, « vice-présidente du groupe d’études sur l’antisémitisme à l’Assemblée nationale », qui nourrit une obsession nocive et malveillante à l’égard d’Israël depuis sa prise de pouvoir, multipliant les prises de position douteuses, a elle aussi réagi.
« Gaza est une prison à ciel ouvert depuis bien longtemps, dans l’indifférence générale ! », a-t-elle dénoncé.
« La haine attire la haine, et certains semblent découvrir que ce sont toujours les civils qui payent le prix de la guerre », a-t-elle ajouté, en référence aux Israéliens tués ou pris en otage par le Hamas ces dernières heures.
« Plus que des paroles, il faut de la justice pour faire la paix », a-t-elle conclu.
Leur groupe parlementaire LFI-NUPES et le leader LFI Jean-Luc Mélenchon ont eux aussi marqué leur différence avec le reste de la classe politique française, qui a condamné l’offensive terroriste du Hamas dans son ensemble.
Les députés LFI-NUPES ont ainsi publié un communiqué commun expliquant que l’attaque « intervient dans un contexte d’intensification de la politique d’occupation israélienne à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est ».
Ils ont tout de même « déploré les morts israéliens et palestiniens » et appelé « la France, l’Union européenne et la communauté internationale à agir sans délai pour empêcher l’engrenage » menant vers « un cycle de violences infernales ».
« Toute la violence déchaînée contre Israël et à Gaza ne prouve qu’une chose : la violence ne produit et ne reproduit qu’elle-même », a lui déploré Jean-Luc Mélenchon sur la plateforme X. « Horrifiés, nos pensées et notre compassion vont à toutes les populations désemparées victimes de tout cela. Le cessez-le-feu doit s’imposer », a-t-il ajouté.
Avec le communiqué du groupe parlementaire, ce parti de la gauche radicale s’est ainsi attiré des critiques de personnalités socialistes et Renaissance, qui ont vu dans ces prises de position une volonté de justifier l’offensive de grande ampleur du mouvement terroriste.
« Les images de rapts d’Israéliens amenés à Gaza par les terroristes tels des butins de guerre sont insoutenables. À ceux qui renvoient dos à dos sans condamner unanimement avec des communiqués tiédasses comme celui des députés LFI ou Jean-Luc Mélenchon : colère, mépris, dégoût. Abject », a ainsi par exemple dénoncé la députée de Paris Astrid Panosyan-Bouvet (Renaissance).
Les images de rapts d’israéliens amenés à Gaza par les terroristes tels des butins de guerre sont insoutenables.
A ceux qui renvoient dos à dos sans condamner unanimement avec des communiqués tiédasses comme celui des députés LFI ou @JLMelenchon : colère, mépris, dégoût.
Abject pic.twitter.com/8v3qtnGsuA— Astrid Panosyan-Bouvet (@AstridPanosyan) October 7, 2023
« Les Juifs sont toujours responsables de ce qui leur arrive. C’est une constante du discours antisémite », a elle répondu la sénatrice PS Laurence Rossignol à Louis Boyard.
« Aux idiots utiles des terroristes du Hamas qui les exonèrent en relativisant au nom de l’impasse politique du conflit israélo-palestinien, de la poursuite de la colonisation, de Netanyahu… Vous me dégoûtez. Qu’on en trouve à gauche est insupportable », s’est emporté le député socialiste Jérôme Guedj.
Le président de la Cour des comptes et ex-ministre socialiste Pierre Moscovici est sorti de sa réserve pour juger « aussi choquant que désespérant » le positionnement de LFI.
Le maire de Reims, Arnaud Robinet, membre du parti d’Edouard Philippe Horizons, a pour sa part demandé « la levée de l’immunité parlementaire » des députés insoumis qui « ont franchi la ligne rouge ».
« Honte à LFI qui renvoie dos à dos une démocratie attaquée et un régime terroriste assassin. Cette mise en équivalence est de fait une légitimation du terrorisme du Hamas », a dénoncé le président du Crif, Yonathan Arfi.
Le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) de Philippe Poutou, qui a récemment proposé à LFI de mener une liste commune aux prochaines Européennes, s’est quant à lui inscrit à rebours de la classe politique et a apporté « son soutien aux Palestiniens et aux moyens de lutte qu’ils ont choisis pour résister ».
L’Union des étudiants juifs de France (UEJF) a annoncé samedi soir son intention de porter plainte contre le parti d’extrême gauche pour apologie du terrorisme.
Le parti La France insoumise, d’extrême gauche, est depuis longtemps accusé d’accointance avec l’antisémitisme, à la suite de nombreux faits troublants.
Parmi les « Insoumis », le député François Ruffin, l’un des candidats potentiels à la présidentielle de 2027, s’est distingué de ses camarades de parti en exprimant « une condamnation totale de l’attaque du Hamas ».
Toujours à gauche, les socialistes et les écologistes ont clairement dénoncé les attaques du Hamas, tout comme la droite et l’extrême droite.
La députée écologiste Sandrine Rousseau a ainsi écrit : « Israël fait l’objet d’une attaque intolérable. Des civils sont pris pour cible, c’est inacceptable. »
Pour le leader communiste Fabien Roussel, les attaques du Hamas sont « inacceptables et injustifiables ». Mais il appelle à « se défaire d’une indignation sélective » et estime que le gouvernement israélien « a lourdement contribué à cet engrenage ».
« Les frappes du groupe terroriste du Hamas contre le territoire israélien sont un acte de guerre inacceptable qui éloigne chaque jour un peu plus tout espoir de paix. Dans ces heures difficiles, nous sommes plus que jamais aux côtés de la démocratie israélienne », a elle écrit sur X Marine Le Pen, la cheffe de file des députés du Rassemblement national.
L’exécutif a de son côté condamné « avec la plus grande fermeté » les attaques du Hamas, le ministère des Affaires étrangères, Emmanuel Macron puis la Première ministre Elisabeth Borne prenant position dans des termes similaires.
Emmanuel Macron s’est également entretenu avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et avec son homologue Isaac Herzog, les assurant de son soutien.
Je me suis entretenu avec le Président Herzog et le Premier ministre Netanyahou.
Je condamne les attaques menées depuis Gaza contre Israël, ses soldats et sa population.
La France est solidaire d’Israël et des Israéliens, attachée à leur sécurité et à leur droit de se défendre.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) October 7, 2023
La sécurité renforcée en France sur les lieux communautaires juifs
Face à l’attaque du Hamas, qui pourrait pousser des militants français anti-Israël à l’action contre des cibles israéliennes ou juives, la sécurité a été renforcée samedi autour des lieux de culte et établissements scolaires juifs en France, notamment à Paris et sa banlieue, a annoncé le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.
À la demande du président Emmanuel Macron, « nous avons déjà donné comme ordre aux préfets de protéger les lieux communautaires bien évidemment et dès ma rentrée à Paris, je présiderai une réunion de sécurité pour connaître évidemment les difficultés que nous pourrions avoir sur le sol national », a expliqué Gérald Darmanin, lors d’un déplacement à Toulouse, ajoutant qu’il n’y avait actuellement « aucune menace ».
Le ministre de l’Intérieur a précisé « être extrêmement attentif » à la protection des lieux de culte comme les synagogues, mais également des écoles.
À Paris, le préfet de police Laurent Nuñez a demandé « une vigilance accrue à ses effectifs sur toute l’agglomération parisienne et le dispositif sera encore renforcé dans le contexte international », a indiqué une source policière.
La sécurisation des sites d’intérêt israéliens et des lieux de culte avait déjà été renforcée mi-septembre avec le début de l’année juive marquée par les célébrations de plusieurs fêtes en septembre et octobre.
En Seine-et-Marne, il y a depuis samedi matin un « renfort de patrouilles de police » mais « sans menace particulière », a mentionné une source policière.
Dans le Val-d’Oise, « des effectifs avaient déjà été mobilisés eu égard aux fêtes juives prévues ces jours-ci, et nous avons eu ce matin (samedi) des consignes pour renforcer ce dispositif », a confirmé une source police.
À Lyon également, « en raison du contexte international actuel, une vigilance particulière aux abords des sites religieux de la communauté israélite va être mise en place », a indiqué la préfecture du Rhône.
Et selon la préfecture de l’Isère, « la directive du ministère de sécuriser les lieux de cultes israélites s’appliquera aussi en Isère comme dans tous les départements ».
Selon les autorités israéliennes, au moins 100 personnes ont été tuées dans l’assaut sans précédent du Hamas ce samedi.
Le ministère de la Santé israélien a indiqué qu’à ce jour, 908 blessés ont été transportés dans des hôpitaux pour y être soignés dans le cadre de cette attaque contre le sud et le centre d’Israël.
Plusieurs autres personnes, civils et soldats, vivants ou tués, auraient été kidnappés par le Hamas et envoyés à Gaza. Leur nombre reste encore indéterminé, mais plusieurs vidéos circulent sur les réseaux sociaux, laissant pour l’heure penser à des dizaines de cas.