Appels à tuer les Juifs dans un rassemblement aux Pays-Bas
La communauté juive de Rotterdam a porté plainte pour incitation présumée à la violence sur la base de la race au cours d'un événement qui a eu lieu le 22 juillet
AMSTERDAM — Une organisation-cadre juive a porté plainte contre des manifestants à Rotterdam qui ont appelé en langue arabe, au mois de juillet dernier, à tuer des Juifs.
Le bureau central juif néerlandais a fait savoir dans un communiqué que cet incident survenu le 22 juillet avait eu lieu lors d’un rassemblement organisé par une toute nouvelle organisation appelée Communauté palestinienne aux Pays-Bas, ou PGNL.
La branche de Rotterdam du mouvement BDS (Boycott, Divestment and Sanctions), qui avait également fait la publicité de la manifestation sur sa page Facebook, était la véritable initiatrice de l’événement, selon le communiqué.
Vingt-quatre heures auparavant, BDS Rotterdam avait partagé sur Facebook un appel à se rendre à ce rassemblement à l’initiative d’Amin Abou Rashed, un important exécutant de la Fondation Al Aqsa, que les services secrets et judiciaires néerlandais en 2003 avaient classée comme une vitrine du Hamas et interdite.
Les participants à ce rassemblement, qui protestaient contre l’utilisation de mesures de sécurité par Israël autour de la mosquée Al-Aqsa suite à un attentat meurtrier qui y avait eu lieu le 14 juillet, ont crié en arabe : « Juifs, souvenez-vous de Khaybar, l’armée de Mahomet est de retour », a indiqué le communiqué.
Ce slogan faisait référence à un événement survenu au 7e siècle lorsque les musulmans avaient massacré et expulsé les Juifs de la ville de Khaybar, située dans l’Arabie saoudite contemporaine.
Le rassemblement de Rotterdam, avec notamment les chants antisémites, a été diffusé en direct par l’agence de presse Shehab, une organisation interdite par l’Autorité palestinienne en raison de ses liens présumés avec le Hamas.
L’organisation juive a porté plainte auprès des autorités pour incitation à la violence sur la base de la race, a expliqué le communiqué. Au début de l’année, un tribunal belge avait condamné un Palestinien qui avait crié les mêmes mots en 2014 à Antwerp.
BDS Rotterdam a fait savoir dans une déclaration que ces slogans provenaient « d’un groupe d’une coalition composée de plusieurs groupes » qui s’étaient alliés lors de l’événement pour protester contre Israël et que les organisateurs avaient « noté que les slogans n’étaient pas les bienvenus ».
Aucun des groupes participants, a fait savoir la déclaration de BDS Rotterdam, « n’a eu l’intention d’appeler à la violence ou à la discrimination contre les Juifs en général ».
Leefebaar Rotterdam, une faction de droite du Conseil municipal de Rotterdam, a demandé le mois dernier dans une requête présentée au maire de spécifier quelles mesures seraient prises contre ceux qui se sont référés à Khaybar dans leurs slogans lors de ce mouvement de protestation. La municipalité n’a apporté aucune réponse concrète.
Le Bureau central juif a écrit dans son communiqué que l’incident de Rotterdam souligne la nécessité d’appliquer officiellement aux Pays-Bas une définition de l’antisémitisme qui comprend la diabolisation d’Israël – une initiative entreprise depuis l’année dernière au Royaume-Uni, en Autriche, en Roumanie, au Parlement européen et mise au point par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA).
La semaine dernière, le ministre de la Justice Stephanus Abraham Blok avait écrit en réponse à une requête parlementaire portant sur l’adoption de cette définition par les Pays-Bas que tandis qu’il lui est favorable en tant que référence de travail non-contraignante, « le cabinet ne voit actuellement aucune valeur ajoutée à l’adoption d’une définition internationale contraignante au niveau juridique parce que les définitions ont des applications variées dans des systèmes de justice qui différent les uns les autres ».
Les militants anti-israéliens s’opposent à cette définition de l’IHRA pour ses mentions dénonçant les déclarations au vitriol contre l’Etat juif.
L’agence de l’Union européenne chargée de la lutte contre les crimes de haine a abandonné en 2013 son ancienne définition de travail de l’antisémitisme, qui était similaire à celle adoptée par l’IHRA, dans un contexte de pressions provenant de la part des militants pro-palestiniens. Un porte-parole de l’Agence des droits fondamentaux de l’UE a expliqué à JTA que l’Union n’avait pas besoin – et qu’elle ne disposait pas – d’une réelle définition pour le phénomène.
Le rassemblement à Rotterdam fait partie des « exemples qui démontrent pourquoi le Bureau central juif est convaincu de la nécessité de donner un statut juridique à la définition aux Pays-Bas », a écrit l’organisation. « Nous regrettons énormément l’annonce du cabinet sortant qu’il ne le ferait pas ».