Des milliers d’Israélo-éthiopiens manifestent après la mort de Solomon Tekah
Le policier qui a abattu le jeune de 19 ans a été assigné à résidence ; Netanyahu a adressé ses condoléances à la famille ; 3 policiers ont été blessés dans les manifestations
Des centaines de manifestants ont brûlé des pneus et bloqué des artères principales de la région de Haïfa lundi après midi et en soirée, et des milliers de personnes ont organisé des manifestations à travers le pays, sur fond de crise au sein de la communauté israélo-éthiopienne après qu’un jeune non armé a été tué par un policier, qui n’était pas en service, la veille.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a promis que les autorités enquêteraient en profondeur sur la mort de Solomon Tekah, 19 ans, quelques heures après l’arrestation puis l’assignation à résidence du policier.
A Haïfa et à Kiryat Ata, des manifestants ont bloqué des rues et lancé des pneus en feu dans les rues.
Trois policiers ont été blessés par les pierres lancées par les manifestants, selon la police israélienne.
Les manifestants ont lancé des pierres et autres projectiles sur le commissariat de Kiryat Haim, le quartier de Haïfa où Tekah a été abattu, et la police a répondu avec des grenades assourdissantes.
Pendant plusieurs heures, la police a dévié la circulation mais n’a pas tenté de disperser la manifestation, selon la Douzième chaîne.
D’autres manifestations ont eu lieu près d’Ashdod, Beer Sheva, Netivot, Sderot, entre autres, lundi soir, alors que la colère autour de ce meurtre s’est répandue.
Les membres de la communauté israélo-éthiopienne ont indiqué qu’ils préparaient d’autres manifestations de grande ampleur dans l’ensemble du pays, et ont promis de reproduire une campagne de 2015, qui a donné lieu à de violents affrontements entre la police et les manifestants sur la place Rabin, à Tel Aviv.
Tekah a été abattu pendant une altercation dans le quartier de Kiryat Haim.
Solomon Tekah, 19 ans, a été abattu la nuit précédente au cours d’une altercation dans la ville de Kiryat Haim, au nord du pays. Un témoin oculaire, qui a contredit les propos du policier, a indiqué que ce dernier n’était pas en danger quand celui-ci a ouvert le feu.
Le département des enquêtes internes de la police, du ministère de la Justice a décidé lundi d’arrêter le policier. Il a été assigné à résidence par la cour des magistrats de Haïfa.
Le policier a affirmé avoir ouvert le feu et tiré en direction du sol, parce qu’il se pensait en danger, selon la Douzième chaîne. La balle aurait ricoché et toucher Tekah.
« Je suis attristé par la perte tragique de Solomon Tekah hier soir à Haïfa », a déclaré Netanyahu dans un communiqué lundi soir. « Nous adressons à sa famille toutes nos condoléances. Je me suis entretenu avec le chef de la police par intérim, qui a promis de tout mettre en oeuvre pour découvrir la vérité aussi vite que possible. »
Le Premier ministre a également appelé à une meilleure intégration de la communauté éthiopienne dans la société israélienne.
« La communauté éthiopienne nous est très chère », a continué Netanyahu. « Nous avons déployé d’importants efforts ces dernières années pour l’intégrer pleinement dans la société israélienne et nous avons encore tant à faire. »
Plus de 135 000 Juifs d’origine éthiopienne vivent en Israël. Ils ont immigré au cours de deux vagues principales, en 1984 et 1991, mais un grand nombre d’entre eux doivent se battre pour s’intégrer dans la société israélienne.
Les leaders communautaires et autres responsables dénoncent un racisme systématique et des violences de la part de la police envers les Israéliens d’origine éthiopienne, malgré les promesses répétées pour régler le problème.
L’avocat Yair Nadashi, qui représente le policier, a déclaré lundi que son client est sorti de l’hôpital dans la nuit de dimanche à lundi.
« Il a affirmé avoir tiré pour se défendre après avoir été attaqué par des pierres », a déclaré l’avocat.
Mais des témoins oculaires ont assuré qu’il n’était pas en danger.
Les autorités ont promis une enquête transparente sur la fusillade.
Le ministre de la Sécurité intérieure, Gilad Erdan, a exprimé son « choc » face à l’incident et indiqué qu’il désirait que les enquêteurs de police présentent leurs conclusions au public « avec une transparence totale ».
Répondant à la fusillade, la députée de Kakhol lavan, Pnina Tamano-Shata, a accusé la police « d’ouvrir la saison » contre les jeunes d’origine éthiopienne.
« La vie de nos enfants est moins sûre, et la réaction de la communauté sera sévère. Et ceci en raison de l’échec du gouvernement israélien et de ses branches, notamment du ministre de la Sécurité intérieure et du Département des enquêtes internes de la police, à gérer la situation », a-t-elle déploré.
Au mois de janvier, la police avait ouvert le feu et tué Yehuda Biadga, un résident de Bat Yam âgé de 24 ans. Les agents avaient expliqué que la victime s’était jetée sur un policier avec un couteau.
L’incident avait entraîné des manifestations massives à Tel Aviv et dans tout le pays contre les violences policières et en particulier celles qui visent les Israéliens d’origine éthiopienne.
En 2015, une importante manifestation en soutient à la communauté éthiopienne contre la violence policière et le racisme a pris une tournure violente et transformé place Rabin en une bagarre de quartier. Au moins 41 personnes ont été blessées durant ces affrontements au cours desquels des manifestants ont lancé des pierres sur la police, qui a réagi avec des grenades assourdissantes et des canons à eau.
Les manifestations ont duré plusieurs semaines.