Israël en guerre - Jour 426

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Du travail non-rémunéré à la résidence du Premier ministre pendant Shabbat ?

Un enregistrement a fait suite à de nouvelles plaintes pour abus contre Sara Netanyahu, qui aurait notamment forcé les employés à rester à la résidence officielle sans être payés

Sara Netanyahu, la femme du Premier ministre Benjamin Netanyahu, et son avocat Yossi Cohen, attendent l'arrivée du juge au tribunal de Jérusalem, le 16 juin 2019.  (Photo par DEBBIE HILL / AFP)
Sara Netanyahu, la femme du Premier ministre Benjamin Netanyahu, et son avocat Yossi Cohen, attendent l'arrivée du juge au tribunal de Jérusalem, le 16 juin 2019. (Photo par DEBBIE HILL / AFP)

Deux semaines après une fuite de documents qui a révélé que du personnel de la résidence du Premier ministre, à Jérusalem, s’était plaint d’avoir été forcé de travailler des heures supplémentaires sans être rémunérés et après avoir reçu l’instruction – illégale – de travailler pendant Shabbat, de nouvelles fuites révèlent que des responsables auraient tenté de faire approuver ces heures supplémentaires de manière rétroactive et de trouver des solutions créatives pour le week-end.

Les procureurs d’Etat examinent les nouvelles plaintes concernant de mauvais traitements des employés qui auraient été perpétrés par l’épouse du Premier ministre Benjamin Netanyahu, Sara, et ils décideront si une enquête pénale à son encontre doit être ouverte après évaluation des éléments présentés, a fait savoir la Treizième chaîne, le mois dernier.

Selon un reportage diffusé au début de l’année par la Douzième chaîne, plusieurs employés chargés du ménage à la résidence auraient affirmé avoir été obligés de travailler pendant des heures supplémentaires et sans rémunération pendant le jour du Shabbat. Selon les plaintes, Netanyahu aurait fait signer les registres de présence à l’heure appropriée tout en les contraignant à continuer leur travail sans paie supplémentaire.

Le bureau du procureur-général a indiqué avoir reçu les plaintes et se pencher sur ces dossiers.

Samedi soir, la Douzième chaîne a diffusé de nouvelles retranscriptions de conversations enregistrées entre le chef du département du budget du bureau du Premier ministre, Drorit Steinmetz, et deux cadres de l’entreprise fournissant les employés de ménage, la firme Moria.

Cette conversation semble confirmer les soupçons de travail pendant Shabbat non-rapporté ou non-rémunéré.

Steinmetz y informe les cadres de Moria que son bureau est en train de faire la liste de toutes les « irrégularités » dans les heures de travail afin d’obtenir une approbation pour leur rémunération, « notamment de manière rétroactive ».

Sara Netanyahu quitte la cour des magistrats de Jérusalem, le 16 juin 2019 (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

« J’ai besoin que vous ne fassiez pas ces Shabbat » à l’avenir, leur dit-elle.

« Quels Shabbat ? », demande Yoreh Naveh, directeur-adjoint de Moria.

« Je ne sais pas – il ne peut pas y avoir d’heures de travail pendant Shabbat », répond Steinmetz.

Naveh riposte : « Quoi ? Personne n’a travaillé pendant Shabbat ».

Steimetz: « Personne ? »

Naveh: « Non. »

Puis le collègue de Naveh, le chef du district de Jérusalem de Moria, Yaakov Kadosh, le corrige : « La semaine dernière, il y a deux semaines », des employés ont travaillé pendant Shabbat.

« Mais vous avez dit qu’elle n’a pas signé » ces heures, note Steinmetz, faisant apparemment référence à l’employée ayant travaillé à ce moment-là.

« Elle n’a pas signé », confirme Kadosh.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’exprime pendant l’ouverture de la 22ème Knesset de Jérusalem, le 3 octobre 2019 (Crédit : Hadas Parush/Flash90)

Naveh riposte : « Je l’ignore ».

Kadosh répond : « Et on ne va pas le voir non plus sur le pointage ».

Après avoir admis cette pratique illégale, les trois affirment vouloir y mettre un terme.

« Non, peu importe, je ne veux pas qu’une telle chose survienne à nouveau », dit Naveh.

« Et je ne souhaite pas non plus que nous agissions de cette manière », affirme Steinmetz.

Ils cherchent alors des solutions pour répondre à la demande présumée de Sara Netanyahu d’avoir des employés pour le ménage durant le Shabbat – notamment les deux heures qui précèdent la journée de repos juive et après son commencement, le vendredi soir, quand la loi israélienne interdit explicitement le travail d’un employé s’il n’est pas absolument nécessaire.

Naveh suggeère : « Nous pouvons peut-être demander une exception, la permission de travailler à Shabbat à la résidence du Premier ministre ».

Kadosh note que l’entreprise a eu l’autorisation spéciale d’envoyer des employés pendant Shabbat au cours de la dernière guerre.

« Comment avons-nous obtenu l’approbation durant la guerre ? », interroge-t-il.

Sara Netanyahu, la femme du Premier ministre Benjamin Netanyahu, et son avocat Yossi Cohen, attendent l’arrivée du juge au tribunal de Jérusalem, le 16 juin 2019. (Photo par DEBBIE HILL / AFP)

Steinmetz demande si des travailleurs non-juifs peuvent être employés lors du Shabbat, la loi sur la journée de repos juive – aussi inquiète de préserver la loi religieuse que les droits des travailleurs – définit la journée protégée de repos comme celle stipulée dans la religion des employés.

« Si vous nous ameniez un travailleur druze, nous n’aurions pas à nous inquiéter du Shabbat », explique Steinmetz.

Mais Kadosh répond ne pas avoir d’employés druzes à disposition dans l’entreprise.

« J’ai regardé. Mais nous avons un musulman », explique-t-il.

Steinmetz réplique qu’un employé musulman ne « passerait pas le test », en référence aux recherches sécuritaires poussées effectues par les services du Shin Beth sur les employés ayant accès au Premier ministre.

La Douzième chaîne a été très critique de cette conversation, montrant qu’elle témoigne de « tentative d’arrondir les angles » de la part du Premier ministre. Elle a également proposé une reconnaissance des « irrégularités » dont se sont plaints les employés.

En réponse au reportage de dimanche, un communiqué du Premier ministre Benjamin Netanyahu a nié l’accusation selon laquelle le couple avait demandé à des employés de travailler pendant Shabbat.

« Contrairement aux affirmations [du reportage], le Premier ministre et sa femme ne souhaitent pas que des employés de compagnies de ressources humaines travaillent pendant Shabbat », a déclaré le communiqué.

(De gauche à droite) Avner, Sara, Benjamin et Yair Netanyahu en vacances sur le Plateau du Golan, le 23 avril 2019. (Crédit : Bureau du Premier ministre)

Le bureau du Premier ministre a également diffusé une réponse, soulignant que la transcription montrait que le responsable du bureau du Premier ministre était soucieux d’adhérer à la loi.

« Le directeur général du bureau du Premier ministre Ronen Peretz a une confiance totale dans le professionnalisme de Mme Drorit Steinmetz et dans ses actions dans cette affaire », indique le communiqué.

« Même dans cette conversation, une fuite tordue d’un prestataire en ressources humaines, Mme Steinmetz affirme explicitement que [les employés de maison] ne peuvent pas travailler pendant Shabbat. En ce qui concerne les irrégularités sur les horaires de travail, il s’agit d’une instance unique et n’est pas représentatif » de la politique du bureau.

Le communiqué ajoute que « la semaine dernière, le directeur général du bureau du Premier ministre a rencontre de PDG de Moria. Lors de l’entretien, le règlement sur les horaires de travail [du bureau du Premier ministre] pour les employés de la société ont été réitérés ».

Après le reportage de fin septembre, un porte-parole du Premier ministre Benjamin Netanyahu a affirmé que les affirmations étaient « fausses, vicieuses, diffamatoires ». Il a déclaré que ces témoignages  d’employés qui se plaignaient de mauvais traitements par Sara portent « sur un petit nombre d’employés mécontents qui ont été limogés, sur les nombreux qui ont travaillé à la résidence du Premier ministre au fil des ans, et à qui on demandait de diffamer Mme Netanyahu ».

Plusieurs anciens employés ont raconté avoir été maltraités par la femme du Premier ministre. Une ancienne gouvernante de la résidence officielle avait intenté des poursuites pour abus verbaux et émotionnels, tout comme un autre employé. En juin, Sara Netanyahu a été condamnée de mauvais usage de fonds publics dans le cadre d’une négociation de peine sur une affaire de frais de bouche.

Dans le cadre de cette accord, Netanyahu a été exonérée d’une condamnation pour fraude aggravée et a admis avoir profité d’une erreur. Elle a été condamnée au versement de 55 000 shekels à l’Etat et à rembourser 10 000 shekels.

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