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Experts au Congrès américain : l’Iran a lancé 8 missiles depuis l’accord nucléaire

La république islamique améliore ses tests de missiles balistiques et s’efforce d’en améliorer la précision, malgré l’opposition américaine

Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.

Un missile lancé des montagnes Alborz, en Iran, et portant l'inscription "Israël doit être effacé", le 9 mars 2016. (Crédit : Fars News)
Un missile lancé des montagnes Alborz, en Iran, et portant l'inscription "Israël doit être effacé", le 9 mars 2016. (Crédit : Fars News)

Dans les dix mois qui ont suivi la signature de l’accord nucléaire, la République islamique d’Iran a augmenté la fréquence de ses tests de missiles balistiques, selon le chercheur Michael Elleman, qui témoigné devant une commission sénatoriale américaine cette semaine.

L’Iran est principalement concentré sur l’amélioration de la précision, et pas de la portée, de ses missiles, a déclaré Elleman.

Elleman, chercheur au think tank de l’Institut international des Etudes stratégiques (IISS), a été appelé à témoigner mardi devant la commission du Sénat des Etats-Unis sur le secteur bancaire, le logement et le développement urbain, qui enquête sur les effets du plan global d’action conjoint (JCPOA), le nom officiel de l’accord nucléaire avec l’Iran, signé en juillet 2015.

Depuis, le programme balistique iranien est devenu un sujet central dans le débat entourant l’accord nucléaire, les détracteurs de l’accord affirmant que les tests de lancement violent les termes du JCPOA, alors que ses partisans affirment que les tests de missiles ne sont « pas cohérents » avec les résolutions des Nations unies, mais pas forcément illégaux.

Selon la décision de l’ONU, « l’Iran est appelé à n’entreprendre aucune activité reliée à des missiles balistiques conçus pour être capable de transporter des armes nucléaires, dont des lancements utilisant une telle technologie de missile balistique » jusqu’en octobre 2023.

Comme il est simplement « appelé à ne pas » tester de missiles, mais pas expressément interdit de le faire, l’Iran a utilisé cette faille pour augmenter ses tests en toute impunité.

« [Les Etats-Unis] se sont plaint à corps et à cris des capacités balistiques de l’Iran, mais ils devraient savoir que ce battage n’a aucune influence, et qu’ils ne peuvent absolument rien faire », a déclaré cette semaine le Guide suprême iranien, Ali Khamenei.

Un missile balistique Khalij Fars pendant une parade militaire en Iran. (Crédit : armée iranienne/CC BY-SA 3.0/WikiMedia)
Un missile balistique Khalij Fars pendant une parade militaire en Iran. (Crédit : armée iranienne/CC BY-SA 3.0/WikiMedia)

Selon Elleman, dans l’année presque complète qui s’est écoulée depuis la signature de l’accord et la levée des sanctions, l’Iran a réalisé au moins huit tests de missiles, trois en 2015 et cinq jusqu’à présent en 2016.

En 2005, 20013 et 2014, quand les négociations pour l’accord battaient leur plein, l’Iran n’a cependant pas réalisé un seul test de « missile à capacité nucléaire », a témoigné le chercheur de l’IISS.

Après l’échec des discussions en 2005, et avant qu’elles ne reprennent en 2013, la République islamique « testait environ cinq lancements de missiles par an », selon Elleman.

Lancement d'un missile iranien, le 10 octobre 2015. (Crédit : capture d'écran YouTube/PressTV News Videos)
Lancement d’un missile iranien, le 10 octobre 2015. (Crédit : capture d’écran YouTube/PressTV News Videos)

Bien que la hausse d’une moyenne de cinq tests à huit tests par an semble spectaculaire (hausse de 60 %), Elleman a remis ce nombre en perspective en le comparant à celui des programmes de tests de missiles américains et soviétiques pendant la Guerre froide, qui s’établissait en moyenne « à environ un test par semaine », soit près de 10 fois plus de tests par an.

D’un point de vue tactique, les missiles balistiques ont peu de valeur autre que d’être un moyen de lancer une tête nucléaire, a souligné Elleman.

En mai, un officiel iranien avait affirmé que le pays avait testé un missile capable d’atteindre Israël, qui avait une précision presque inconnue pour l’Iran.

« Nous avons testé un missile d’une portée de 2 000 kilomètres et avec une marge d’erreur de huit mètres », avait déclaré le général Ali Abdollahi pendant une conférence scientifique à Téhéran.

Cependant, cela avait été démenti le jour même par le ministre iranien de la Défense.

« Nous essayons toujours de comprendre précisément ce qu’il s’est passé », avait déclaré Josh Earnest, le porte-parole de la Maison Blanche, pendant une conférence de presse.

« Nous sommes conscients des revendications iraniennes sur un lancement supplémentaire de missile balistique. Nous sommes également conscients des déclarations du ministre de la Défense indiquant qu’un tel lancement n’a pas eu lieu », a-t-il déclaré.

La précision sur la portée

Que le test ait ou non eu lieu, l’accent mis sur la marge d’erreur de la roquette indique une attention renouvelée sur la précision de l’arsenal de missiles existant de l’Iran, plutôt que sur le développement de projectiles à longue portée.

« L’Iran cherche à améliorer la précision de ses missiles, une priorité qui dépasse le besoin de développer des missiles à longue portée », a déclaré mardi Elleman devant la commission. « L’Iran a répété qu’il n’avait pas besoin de missile d’une portée supérieure à 2 000 kilomètres. »

A cette portée, l’Iran peut facilement atteindre n’importe quelle cible en Israël, qui est à moins de 1 600 kilomètres.

Un missile S-200 est montré devant les commandants iraniens pendant la parade de l'armée, le 18 avril 2015. (Crédit : Behrouz Mehri/AFP)
Un missile S-200 est montré devant les commandants iraniens pendant la parade de l’armée, le 18 avril 2015. (Crédit : Behrouz Mehri/AFP)

En ce moment, la technologie balistique de l’Iran est cependant loin d’être assez précise pour frapper de manière fiable une cible prédéterminée, et changer cela ne sera pas facile ou rapide, a déclaré Elleman.

« Des améliorations importantes dans la précision des missiles prendront des années, si ce n’est une décennie, à se matérialiser », a-t-il dit.

Comme c’est souvent le cas, les aspects les plus importants d’une attaque militaire sont l’emplacement, l’emplacement, et l’emplacement. Un missile, même doté d’une tête nucléaire, atterrissant dans le désert Arava aura un effet incomparablement moindre que celui d’un missile touchant, par exemple, le centre Dizengoff à Tel Aviv.

« Les missiles balistiques iranien ont une faible précision. La destruction réussie d’une seule cible militaire fixe, par exemple, nécessiterait probablement que l’Iran utilise un pourcentage important de son stock de missiles », a déclaré Elleman à la commission sénatoriale.

Un missile balistique Fateh-110 pendant une parade militaire iranienne de 2012. (Crédit : military.ir/Wikimedia Commons)
Un missile balistique Fateh-110 pendant une parade militaire iranienne de 2012. (Crédit : military.ir/Wikimedia Commons)

Ce stock est constitué de plus de 300 missiles considérés comme ayant des « capacités nucléaires », selon le Régime de contrôle de la technologie des missiles, une association de surveillance qui définit ainsi tout missile capable de porter une tête de 500 kilogrammes sur une distance de 300 kilomètres, a dit Elleman.

De lents progrès sur la technologie de missiles balistiques intercontinentaux

En termes d’amélioration de la portée de ses missiles balistiques, le chercheur a déclaré que l’Iran n’avait pas fait de grandes avancées.

« Je n’ai vu aucune preuve suggérant que l’Iran développe activement un missile balistique de portée intercontinentale (ICBM) ou intermédiaire (IRBM) », a déclaré Elleman, mais il a ajouté qu’il « ne peut pas parler d’un programme secret ».

Le test le plus récent pouvant être lié aux ICMB semble avoir été le lancement de la fusée Simorgh, qui aurait eu lieu le mois dernier. Les officiels iraniens et américains n’ont pas reconnu publiquement l’existence de ce test, bien que les Russes aient révélé que le lancement avait été vu par une de leurs stations radar.

Des Iraniens prennent des photos d'une réplique de la fusée Simorgh, capable de lancer des satellites, pendant les célébrations du 37ème anniversaire de la République islamique, à Téhéran, le 11 février 2016. (Crédit : AFP/Atta Kenare)
Des Iraniens prennent des photos d’une réplique de la fusée Simorgh, capable de lancer des satellites, pendant les célébrations du 37ème anniversaire de la République islamique, à Téhéran, le 11 février 2016. (Crédit : AFP/Atta Kenare)

La fusée Simorgh a été conçue pour lancer des satellites dans l’espace. Elleman a cependant déclaré à la commission du Sénat que « sans aucun doute, les fusées conçues pour envoyer des satellites en orbite et les missiles balistiques intercontinentaux ont en commun beaucoup de technologies, des composants cruciaux, et des caractéristiques opérationnelles. »

Il est cependant peu probable que la Simorgh elle-même soit utilisée comme arme en raison des efforts considérables qui seraient nécessaires pour la convertir en ICBM fiable. A la place, les renseignements obtenus grâce à la fusée spatiale pourraient être utilisés pour créer un nouveau type de missile, a déclaré Elleman.

« Le programme spatial ambitieux de l’Iran fournit des ingénieurs avec une expérience fondamentale sur le développement de lanceurs de fusée et d’autres compétences qui pourraient être utilisées pour développer des missiles à longue portée, dont des ICBM », a-t-il dit.

La production de ces missiles à longue portée, qui pourraient être capables de frapper les Etats-Unis, prendra encore des années, en supposant que l’Iran poursuive son rythme actuel.

Selon l’amiral William Gortney du Commandement de la défense aérospatiale nord américaine, l’Iran devrait avoir un missile balistique intercontinental opérationnel d’ici 2020.

Michael Elleman, chercheur à l'Institut international pour les études stratégiques. (Crédit : capture d'écran C-SPan)
Michael Elleman, chercheur à l’Institut international pour les études stratégiques. (Crédit : capture d’écran C-SPan)

Elleman, qui a interrogé des scientifiques russes et ukrainiens qui ont travaillé sur le programme balistique iranien, a estimé que la République islamique ne serait pas capable de produire un ICBM opérationnel avant « 2022, au plus tôt ».

Dans son témoignage, le chercheur de l’IISS a également parlé d’un moment intéressant de l’Histoire, à savoir qu’Israël est en partie responsable du programme de défense de missile iranien, qui a été créé avant la révolution de 1979, quand les deux pays étaient alliés.

« Ironiquement, le Shah s’était associé avec Israël pour développer un système à courte portée quand Washington avait rejeté sa demande de missiles Lance », a dit Elleman.

« Connu comme le projet Fleur, l’Iran a fournit les financements et Israël la technologie. La monarchie a également recherché des technologies nucléaires, suggérant un intérêt dans un système permettant de porter des armes nucléaires », a-t-il dit.

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