Finkielkraut : « le 7 octobre, le destin juif s’est abattu sur Israël »
Le philosophe se désole de la complaisance d'une partie de la gauche vis-à-vis de l'islamisme et d'une Europe qui n'aurait pas « tiré toutes les leçons de l'épisode hitlérien »
« En France, la réponse politique à l’horreur du 7 octobre n’est pas à la hauteur », affirme le philosophe Alain Finkielkraut dans un entretien accordé au Figaro, un an après le pogrom perpétré par les terroristes du Hamas dans le sud d’Israël et qui a fait plus de 1 200 et 251 otages.
Il évoque d’abord le choc que représente le 7 octobre dans la société israélienne et pour les communautés juives du monde entier, précisant que « le sionisme se promettait de mettre fin à des siècles de massacres et de persécutions » si bien que fatalement, « le 7 octobre, le destin juif s’est abattu sur Israël ».
« Dans les premières années du XXe siècle, où les survivants des pogroms de Kichinev et d’Odessa ont-ils trouvé refuge ? En Palestine. Et voici qu’une violence plus féroce, plus sadique encore se déchaîne à l’intérieur des frontières de l’État d’Israël », explique-t-il.
Face à ce « pogrom sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale », qui fait resurgir le traumatisme de la Shoah au cœur-même de l’État hébreu, Finkielkraut considère que la réponse de l’Occident n’a pas été à la hauteur de la gravité de la situation.
« L’Europe qui prétend avoir tiré toutes les leçons de l’épisode hitlérien demeure une Europe munichoise », déplore-t-il ainsi, dans un contexte de montée fulgurante et généralisée de l’antisémitisme.
Le philosophe dénonce en particulier l’attitude de l’extrême-gauche qui serait complaisante vis-à-vis de l’islamisme puisqu’elle refuse de qualifier le Hamas de « terroriste » et se montre pour le moins indulgente lorsqu’il s’agit du Hezbollah.
Selon lui, l’issue de la guerre en cours entre le Hamas et Israël à Gaza pourrait avoir des répercussions sur le monde occidental dont celui-ci ne prend pas assez la mesure.
Mais il n’oublie pas de parler du gouvernement de Benjamin Netanyahu, dont il critique la gestion de la guerre, et s’inquiète de la « brutalisation d’une partie de la société israélienne ».
En avril dernier, Alain Kinkielkraut s’était rendu en Israël et avait accordé une interview au Times of Israël dans laquelle il abordait déjà la question de l’antisémitisme en France et du choc du 7 octobre dans un pays qui est censé servir de refuge aux Juifs du monde.
Il avait rappelé à cette occasion la phrase de David Grossman : « ‘Tragiquement, Israël n’a pas réussi à guérir l’âme juive de sa blessure fondamentale, la sensation amère de ne pas se sentir chez soi dans le monde’. Cette blessure aujourd’hui est à vif. C’est la blessure de tous les Juifs – les Juifs d’Israël, mais aussi les Juifs de la diaspora puisqu’après le 7 octobre, il y a eu en Occident une vague d’antisémitisme, notamment dans les universités occidentales. C’est l’élite universitaire qui est touchée, avec des professeurs, des étudiants qui estiment qu’Israël est passé du mauvais côté de la barricade ».