Israël en guerre - Jour 561

Rechercher

France : comment le « Petit Bar » blanchissait son pactole via Israël et la Chine

L'équipe criminelle corse, jugée à Marseille, avait fait appel aux services d'un homme basé à Tel Aviv qui émettait de fausses factures et le RIB d'une société en Chine pour blanchir des centaines de milliers d'euros

Le chef du groupe Perrino, Antony Perrino (à gauche), se tient devant le tribunal correctionnel de Marseille, dans le sud de la France, le 24 février 2025, au premier jour d'un procès international pour blanchiment d'argent qui impliquerait le gang criminel corse du « Petit Bar ». (Crédit : Miguel MEDINA / AFP)
Le chef du groupe Perrino, Antony Perrino (à gauche), se tient devant le tribunal correctionnel de Marseille, dans le sud de la France, le 24 février 2025, au premier jour d'un procès international pour blanchiment d'argent qui impliquerait le gang criminel corse du « Petit Bar ». (Crédit : Miguel MEDINA / AFP)

Fausses factures fabriquées à Tel Aviv, comptes bancaires crédités à Wenzhou en Chine et livraisons d’espèces à Paris : le tribunal correctionnel de Marseille suit depuis lundi les méandres de l’un des circuits qu’aurait utilisés l’équipe criminelle corse du « Petit Bar » pour blanchir son pactole.

Bien connu sur la place parisienne pour être un « blanchisseur », Alain Mourot, 79 ans, l’un des 24 prévenus à ce procès entamé le 24 février et prévu jusqu’au 16 mai, a reconnu avoir en une année décaissé 1,7 million d’euros en espèce, dont « 700 000 euros pour les Corses ».

Ancien industriel du textile ruiné au début des années 2000 par la concurrence chinoise, le presque octogénaire a expliqué ses relations d’affaires nouées à l’automne 2019 avec Mickaël Ettori, membre éminent du « Petit Bar », et Anthony Perrino, promoteur immobilier corse, proche de cette bande « mafieuse » selon l’accusation.

« C’était pour acheter des montres et des œuvres d’art, ‘Micka’ avait besoin d’espèces pour obtenir un meilleur prix », raconte-t-il à la barre : « Il m’a dit que c’était pour un banquier en pétrole très riche, ça ne m’a pas choqué ».

Alain Mourot sollicite alors son partenaire, Olivier Müller, alias « Olive » ou « Antoine », car porteur de cheveux longs comme le chanteur, installé en Israël. C’est ce dernier qui va transmettre à Jean-Pierre Valentini, le « riche homme d’affaires » vivant entre Dubaï et la Suisse, une fausse facture et le RIB d’une société chinoise sur lequel celui-ci effectuera deux virements de 150 000 et 160 000 euros depuis l’un de ses comptes à l’étranger, les 27 et 28 novembre 2019.

Toujours à la demande de Mickaël Ettori, une seconde opération de 404 000 euros, en juin 2020, porte cette fois sur un prétendu achat de quatre tableaux. « Je contacte Müller, c’est trop gros pour moi, mais il me dit : ‘pas de souci’ », explique Alain Mourot.

« Des amis d’amis d’amis »

L’autre facette du blanchiment se joue avec des commerçants chinois d’Aubervilliers, qui disposent d’importantes sommes en espèces. Une fois le compte chinois crédité, le feu vert est donné à Paris pour livrer la somme à Alain Mourot, en plusieurs fois.

Photo d’illustration : des policiers syndiqués manifestent devant le tribunal d’instance de Marseille. (AFP PHOTO / BERTRAND LANGLOIS)

À la barre, Jingwu Huang, alias « Jimmy », reconnaît son rôle de livreur de cash. À une petite dizaine de reprises, soit au domicile d’Alain Mourot, soit au centre commercial chinois d’Aubervilliers, il remet des montants avoisinant 200 000 euros dans des sacs poubelle ou des cartons.

« Au début, je n’avais aucune idée de ce que je transportais, mais au fur et à mesure, j’ai compris que c’était de l’argent », explique le prévenu, via une interprète.

Ce commerçant chinois se fait en revanche moins disert sur ceux qui, sur une messagerie cryptée, lui donnaient les points de rendez-vous où récupérer les sommes à livrer à Alain Mourot. « Des amis d’amis d’amis d’un ami », botte-il en touche.

« Les commerçants chinois font beaucoup d’espèces et c’est un moyen de transférer de l’argent en Chine pour régler des fournisseurs », avait-il expliqué durant l’instruction. Voire, complète le tribunal, régler des marchandises non déclarées aux Douanes.

La commission de 3 % des fonds ainsi blanchis était partagée en deux entre Alain Mourot et Olivier Müller, contre lequel les juges d’instruction ont lancé un mandat d’arrêt.

Si, à la quatrième semaine d’audience, les débats semblent s’éloigner de Corse, ils y reviennent parfois. Le tribunal a ainsi évoqué des sonorisations au domicile de Jacques Santoni, le chef présumé du « Petit Bar », sur lesquelles les enquêteurs entendent des « bruits de comptage de billets » au retour d’un rendez-vous de Mickaël Ettori avec Alain Mourot.

Dans son agenda, véritable pense-bête sur lequel ce dernier notait tout, des indications semblent bien traduire des remises de fonds, comme « Donné à Perrino 75 000 ».

Jean-Pierre Valentini, qui sera entendu la semaine prochaine, a jusque là affirmé avoir seulement été informé de l’arrivée de ses virements sur le compte chinois, mais rien de plus.

En savoir plus sur :
S'inscrire ou se connecter
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
Se connecter avec
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation
S'inscrire pour continuer
Se connecter avec
Se connecter pour continuer
S'inscrire ou se connecter
Se connecter avec
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un email à gal@rgbmedia.org.
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.
image
Inscrivez-vous gratuitement
et continuez votre lecture
L'inscription vous permet également de commenter les articles et nous aide à améliorer votre expérience. Cela ne prend que quelques secondes.
Déjà inscrit ? Entrez votre email pour vous connecter.
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
SE CONNECTER AVEC
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation. Une fois inscrit, vous recevrez gratuitement notre Une du Jour.
Register to continue
SE CONNECTER AVEC
Log in to continue
Connectez-vous ou inscrivez-vous
SE CONNECTER AVEC
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un e-mail à .
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.