Grossi : l’Iran et les États-Unis « ont peu de temps » pour parvenir à un accord sur le nucléaire
Téhéran estime que l'Agence internationale de l'énergie atomique peut jouer un rôle majeur, mais sollicite le soutien de Moscou dans ses négociations avec Washington

Le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, a déclaré jeudi que l’Iran et les États-Unis étaient à court de temps pour parvenir à un accord alors qu’ils se préparent à tenir de nouvelles négociations sur le nucléaire, ce week-end.
Les délégations iranienne et américaine doivent se réunir samedi à Rome pour un deuxième cycle de pourparlers sous médiation omanaise, une semaine après la tenue de discussions au plus haut niveau entre les deux ennemis de longue date depuis que le président américain Donald Trump s’est retiré d’un accord nucléaire historique en 2018, connu sous l’acronyme JCPOA.
« Nous sommes dans une phase cruciale de ces négociations importantes. Nous savons que nous n’avons pas beaucoup de temps, c’est pourquoi je suis ici… pour faciliter ce processus », a déclaré Grossi lors d’une visite à Téhéran.
« Nous travaillons dur et nous voulons réussir », a-t-il dit lors d’une conférence de presse conjointe avec le chef de l’Agence iranienne de l’énergie atomique, Mohammad Eslami, reconnaissant que la recherche d’un accord n’était « pas un processus facile ».
Mercredi, Grossi a rencontré le ministre des Affaires étrangères Abbas Araghchi, qui a mené samedi la première série de pourparlers avec l’envoyé spécial américain Steve Witkoff.
Araghchi a déclaré avoir eu une réunion « utile » avec le chef de l’AIEA.

« L’AIEA peut jouer un rôle crucial dans le règlement pacifique du dossier nucléaire iranien dans les mois à venir », a-t-il affirmé, appelant Grossi à « garder l’agence à l’écart de la politique » face aux « fauteurs de troubles » qui cherchent à « faire dérailler les négociations en cours ». Il n’a pas précisé ses propos.
« À deux doigts » de détenir une bombe
Avant de se rendre en Iran, Grossi avait déclaré dans les colonnes du journal Le Monde que Téhéran n’était « pas loin » de posséder une bombe nucléaire.
Les gouvernements occidentaux accusent depuis longtemps l’Iran, qui a juré de détruire Israël, de chercher à se doter de l’arme nucléaire, une ambition que Téhéran a toujours démentie.
Un an après le retrait des États-Unis du JCPOA, en 2018, l’Iran a commencé à revenir sur ses propres engagements pris dans le cadre de l’accord, qui lui offrait un allègement des sanctions en échange de restrictions sur ses activités nucléaires surveillées par l’AIEA.
Dans son dernier rapport, l’AIEA a indiqué que l’Iran disposait d’environ 274,8 kilogrammes d’uranium enrichi à 60 %.
Ce niveau dépasse largement le plafond d’enrichissement de 3,67 % fixé par l’accord nucléaire de 2015, mais il reste inférieur au seuil de 90 % requis pour fabriquer une ogive nucléaire.
Depuis son retour au pouvoir en janvier, Trump a relancé sa politique de « pression maximale », qui consiste à imposer des sanctions économiques à l’Iran.

En mars, il avait envoyé une lettre au guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, dans laquelle il appelait à des négociations et où il mettait en garde contre une éventuelle intervention militaire en cas de refus de l’Iran.
Jeudi, le New York Times a rapporté que Trump avait mis un frein à un plan israélien visant à frapper des installations nucléaires iraniennes, préférant privilégier la recherche d’un accord négocié.
L’Iran se tourne vers Moscou pour obtenir du soutien
Jeudi également, Khamenei a envoyé son ministre des Affaires étrangères en Russie avec une lettre adressée au président Vladimir Poutine, dans le but de renforcer le soutien de Moscou avant le deuxième cycle de négociations avec les États-Unis.
La Russie, alliée de longue date de Téhéran, joue un rôle dans les négociations nucléaires entre l’Iran et l’Occident en tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU disposant d’un droit de veto et signataire du JCPOA, dont Trump s’était retiré lors de son premier mandat.
« Concernant la question nucléaire, nous avons toujours entretenu des consultations étroites avec nos amis chinois et russes. C’est maintenant le moment idéal pour le faire avec les responsables russes », a déclaré Araghchi à la télévision d’État. Il a ajouté qu’il allait remettre une lettre abordant des questions régionales et bilatérales à Poutine.
Moscou a acheté des armes à Téhéran pour la guerre en Ukraine et le Kremlin a signé un accord de partenariat stratégique de vingt ans avec Téhéran plus tôt cette année, bien que celui-ci ne comprenne pas de clause de défense mutuelle. Les deux pays ont été alliés sur le champ de bataille en Syrie pendant des années, jusqu’à ce que leur allié, le dictateur syrien Bashar el-Assad, soit renversé en décembre.
Poutine a maintenu de bonnes relations avec Khamenei, car la Russie et l’Iran sont tous deux considérés comme des ennemis par l’Occident. Toutefois, Moscou ne souhaite pas déclencher une course aux armements nucléaires au Moyen-Orient.

La Russie a déclaré que toute frappe militaire contre l’Iran serait illégale et inacceptable. Mardi, le Kremlin a refusé de commenter lorsqu’on lui a demandé si la Russie était prête à prendre le contrôle des stocks d’uranium enrichi de l’Iran dans le cadre d’un éventuel accord nucléaire futur entre Téhéran et Washington.
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