« HHhH », du roman au film, l’attentat contre « le boucher de Prague »
Le film retrace l'histoire personnelle et le parcours terrifiant de Reinhard Heydrich, bras droit de Himmler et organisateur de la "solution finale"
« HHhH » de Laurent Binet, prix Goncourt du Premier roman en 2010, est adapté à l’écran par Cédric Jimenez dans un film à l’américaine, punchy et lyrique, qui s’embarrasse peu des subtilités du livre.
Le film, qui sort mercredi sur les écrans, détaille l’opération « Anthropoïde », nom de la mission qui a coûté la vie en 1942 au « boucher de Prague », Reinhard Heydrich.
Le film retrace à la fois l’histoire personnelle et le parcours terrifiant de Heydrich, bras droit de Himmler et organisateur de la « solution finale », jusqu’à l’attentat perpétré à Prague par deux jeunes résistants, un Tchèque et un Slovaque, parachutés depuis Londres.
Heydrich restera le plus haut dignitaire nazi frappé par la résistance pendant la guerre. L’objectif était de taille: c’est lui qui, à la tête de ses unités spéciales intervenait dans les pays conquis par Hitler pour les « nettoyer » des ennemis du Reich, communistes et juifs.
Le titre énigmatique, « HHhH » se réfère à l’un des surnoms donnés par les SS à Heydrich, « Himmlers Hirn heisst Heydrich » (Le cerveau d’Himmler s’appelle Heydrich). Hitler, pour sa part, le surnommait « l’homme au coeur de fer ».
L’attentat contre Heydrich a déjà été porté au cinéma, à chaud, en 1943, par Douglas Sirk (« Hitler’s Madman ») et Fritz Lang (« Les bourreaux meurent aussi »). En 2016, le réalisateur britannique Sean Ellis en a donné une nouvelle version avec « Anthropoïd ».
« HHhH », tourné à Budapest en anglais, avec une distribution essentiellement anglo-saxonne à l’exception de Céline Sallette et Gilles Lellouche, traite le sujet à l’américaine, avec de belles images.
Le roman de Laurent Binet, remarquablement construit, alternait le récit de la vie d’Heydrich et de l’attentat et une réflexion très personnelle de l’auteur sur la fiction : comment parler de l’histoire sans la trahir ?
Cédric Jimenez (« La French » sur le milieu du grand banditisme, 2014) ne s’embarrasse pas de question existentielles : il y va à fond, cédant parfois à la facilité.
Lorsque la résistance acculée dans une église se défend contre les SS qui forcent la porte, elle fait un carton et on se croirait dans un de ces jeux vidéo où le « warrior » dégomme ses ennemis dans une orgie de tirs de mitraillettes.
Le film a toutefois le mérite d’exhumer un épisode largement ignoré des plus jeunes, avec une grande efficacité. Pour Laurent Binet, c’est « un beau film avec de très belles images et d’excellents acteurs qui rend hommage à l’héroïsme des parachutistes et qui fait oeuvre de pédagogie ».