Israël en guerre - Jour 625

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« Hobby de tuer des bébés » : polémique après une diatribe du chef des Démocrates

Coalition et opposition condamnent Yair Golan qui déclare avoir parlé du gouvernement et non des soldats

Le chef du parti Les Démocrates, Yaïr Golan, dirigeant une réunion de sa faction à la Knesset, à Jérusalem, le 19 mai 2025. (Crédit : Oren Ben Hakoon/Flash90)
Le chef du parti Les Démocrates, Yaïr Golan, dirigeant une réunion de sa faction à la Knesset, à Jérusalem, le 19 mai 2025. (Crédit : Oren Ben Hakoon/Flash90)

Yaïr Golan, le chef du parti Les Démocrates, a tenté mardi de se défendre après ses déclarations largement critiquées, dans lesquelles il affirmait qu’Israël tuait des enfants à Gaza « pour s’amuser ». Il a tenté de préciser ses propos en affirmant que les soldats de l’armée israélienne étaient des « héros » combattant au nom d’un gouvernement « corrompu ».

« Nous avons déjà essayé la méthode de [Benny] Gantz consistant à flatter [Benjamin] Netanyahu, [Bezalel] Smotrich et [Itamar] Ben Gvir, et cela a échoué », a écrit Golan sur le réseau social X, à la suite d’une vague de condamnations tant de la part de la coalition que de ses collègues siégeant dans l’opposition.

Le chef du parti HaMahane HaMamlahti, Benny Gantz, qui avait rejoint la coalition pour servir dans le cabinet de guerre du Premier ministre Benjamin Netanyahu après le 7 octobre 2023, avant de démissionner et de rejoindre l’opposition, a appelé Golan à « revenir sur ses paroles et à présenter ses excuses » aux troupes pour ses déclarations « scandaleuses, fausses et extrémistes », qui, selon lui, « mettent en danger la liberté de nos combattants héroïques » d’opérer contre le groupe terroriste palestinien du Hamas à Gaza.

« Le sens de mes propos était clair : cette guerre est la concrétisation des fantasmes de Ben Gvir et Smotrich, et si nous les laissons passer à l’acte, nous deviendrons un État paria. Il est temps pour nous de faire preuve d’une détermination à toute épreuve, nous devons défendre nos valeurs en tant qu’État sioniste, juif et démocratique », a argumenté Golan.

« Les soldats de l’armée israélienne sont des héros ; les ministres du gouvernement sont corrompus. Tsahal est éthique et le peuple est intègre ; le gouvernement est malhonnête. La guerre doit prendre fin, les otages doivent être libérés et Israël doit être réhabilité. »

Des politiciens de l’ensemble du spectre politique ont exprimé leur indignation face aux propos de Golan.

Le chef du parti Les Démocrates, Yaïr Golan, le chef du parti HaMahane HaMamlahti, Benny Gantz, le chef du parti Yesh Atid, Yaïr Lapid, et le chef du parti Yisrael Beytenu, Avigdor Liberman, tenant une conférence de presse commune, à la Knesset, à Jérusalem, le 6 novembre 2024. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Golan aurait « pris exemple sur le porte-parole du groupe terroriste palestinien du Hamas » et son passe-temps favori « a toujours été de répandre des calomnies antisémites contre l’État d’Israël », a déclaré Itamar Ben Gvir, ministre d’extrême droite de la Sécurité nationale.

« Yaïr Golan est un terroriste » qui « sabote les efforts visant à atteindre les objectifs de guerre, sabote la sécurité des soldats de l’armée israélienne et sabote la démocratie israélienne », a déclaré le ministre des Communications Shlomo Karhi (Likud).

Le ministre des Affaires étrangères Gideon Saar a fermement condamné les « accusations mensongères et diffamatoires portées par Golan contre l’État d’Israël et son armée », affirmant qu’elles « attiseront le feu de l’antisémitisme dans le monde ».

« Accuser nos combattants héroïques, qui risquent leur vie pour leur pays, d’avoir assassiné des bébés n’est pas une critique. C’est une diffamation par le sang et une grave incitation [à la haine] », a renchéri le ministre de l’Éducation, Yoav Kisch (Likud).

Une diffamation par le sang est une accusation de meurtre rituel, un vieux trope antisémite selon lequel les Juifs utilisent le sang d’enfants chrétiens dans des rituels.

Golan n’est pas député et ne bénéficie pas de l’immunité parlementaire, a-t-il ajouté, appelant la procureure générale « à ouvrir immédiatement une enquête à son encontre pour incitation à la haine ».

« Tout sioniste honnête, éthique et moral doit désavouer Golan et ses actions, et affirmer clairement qu’il existe des lignes rouges à ne pas franchir », a déclaré le ministre des Finances Bezalel Smotrich, l’accusant de donner aux ennemis d’Israël « une épée pour nous tuer ».

« Quiconque compare la société israélienne du passé au régime nazi, calomnie et diffame aujourd’hui l’État d’Israël et l’armée israélienne en temps de guerre doit être banni de la vie publique », a déclaré le ministre de la Défense, Israel Katz, faisant référence à un discours prononcé en 2016 dans lequel l’ancien officier supérieur de Tsahal comparait les développements observés en Israël à ce qu’il qualifiait de « processus inquiétants » similaires à ceux qui avaient eu lieu en Europe à l’approche de la Shoah.

« Celui qui calomnie le pays ne le mérite pas », a écrit sur X le chef du parti Yahadout HaTorah, le ministre du Logement Yitzchak Goldknopf, tandis que le leader du Shas, Aryeh Deri, a appelé les autres chefs de partis d’opposition à « désavouer Yaïr Golan sans équivoque et à faire clairement savoir à l’opinion publique qu’ils ne formeront en aucun cas un gouvernement avec lui ».

Les dirigeants des partis d’opposition ont également condamné Golan.

Dans une déclaration, le chef de l’opposition Yaïr Lapid a affirmé que les soldats israéliens « sont des héros » et que toute accusation selon laquelle ils tuent des bébés est « un cadeau à nos ennemis ».

« Je soutiens l’armée israélienne et ses combattants et condamne cette déclaration », a-t-il dit.

« L’État d’Israël mène une guerre juste depuis sa création et le fait dans le respect des règles internationales et des valeurs morales les plus élevées. Quelqu’un comme Golan, qui était chef d’état-major adjoint de l’armée israélienne, le sait bien. Revenez à la raison, Yaïr, et présentez vos excuses, il n’est pas trop tard », a écrit Gantz sur X.

« Tsahal est l’armée la plus morale au monde, et toute fausse déclaration à son encontre nuit à nos soldats et à la sécurité de l’État », a déclaré Avigdor Liberman, chef du parti Yisrael Beytenu, tandis que l’ancien Premier ministre Naftali Bennett a déclaré que « celui qui assassine des bébés, c’est le Hamas et uniquement le Hamas ».

« Israël mène une guerre défensive difficile contre un ennemi qui utilise sa propre population comme bouclier humain. L’objectif du Hamas est de provoquer la mort de ses propres citoyens », a écrit Bennett sur X.

« Nos soldats travaillent et continueront d’agir avec courage, moralité et détermination pour nous protéger. »

Le chef d’État-major de Tsahal, le lieutenant-général Eyal Zamir, « condamne vivement toute déclaration susceptible de semer le doute sur l’intégrité et l’éthique des opérations menées par Tsahal ou sur la moralité de ses soldats ». « L’armée israélienne et ses soldats agissent contre nos ennemis en respectant les valeurs de Tsahal, le droit et le droit international, pour protéger sans aucune forme de compromis la sécurité de l’État d’Israël et de ses concitoyens », a déclaré l’armée par voie de communiqué. « Les soldats de Tsahal interviennent, et continueront d’intervenir, de jour comme de nuit, sur tous les fronts, avec détermination et moralité, comme ils l’ont toujours fait », a ajouté Tsahal.

L’ex-Premier ministre travailliste Ehud Barak s’est lui porté au secours de Golan.

« Yair Golan est un homme courageux et direct [et] si je devais mener une opération, ce soir, ou même une campagne politique difficile demain, je ferais à ses côtés et non aux côtés de ses détracteurs et contempteurs de ces dernières heures », a tweeté Barak, ex-chef d’État-major de Tsahal. « Il aurait sans doute été préférable qu’il emploie d’autres termes mais il est clair qu’il parlait des autorités politiques, pas des combattants », a assuré Barak

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, au tribunal de Tel Aviv, le 19 mai 2025. (Crédit : Miriam Alster/Flash90)

Netanyahu a fustigé Golan pour avoir déclaré qu’Israël tuait des enfants à Gaza « pour s’amuser » et a qualifié cette déclaration « d’incitation à la haine » et de « diffamation par le sang ».

« Je condamne avec la plus grande fermeté les propos incendiaires tenus par Yaïr Golan à l’encontre de nos soldats héroïques et de l’État d’Israël », a déclaré le Premier ministre dans un communiqué.

« Tsahal est l’armée la plus morale au monde, et nos soldats se battent dans une guerre pour notre existence. »

« Golan, qui encourage le refus de servir et qui a comparé Israël aux nazis alors qu’il était encore dans l’armée, a maintenant atteint un nouveau niveau de bassesse en affirmant qu’Israël ‘tue des bébés pour s’amuser’, a poursuivi Netanyahu.

Le chef du parti Les Démocrates, Yaïr Golan, dirigeant une réunion de sa faction à la Knesset, à Jérusalem, le 19 mai 2025. (Crédit : Oren Ben Hakoon/Flash90)

« Alors que nous menons une guerre sur plusieurs fronts et déployons des efforts diplomatiques complexes pour libérer nos otages et vaincre le Hamas, Golan et ses amis de l’extrême gauche propagent les calomnies antisémites les plus ignobles contre les soldats de Tsahal et l’État d’Israël », a-t-il dénoncé.

« Il n’y a donc aucune limite à la décadence morale. »

Outre sa déclaration cinglante dénonçant le gouvernement et la guerre à Gaza, Golan a également déclaré dans une interview accordée à la chaîne publique Kan : « Israël est en passe de devenir un État paria, comme l’était l’Afrique du Sud, si nous ne recommençons pas à agir comme un pays sensé. »

« Et un pays sensé ne combat pas des civils, ne tue pas des enfants pour s’amuser et ne se donne pas pour objectif d’expulser des populations », a-t-il déclaré.

« Ce gouvernement est rempli de personnes vindicatives, immorales et incapables de diriger un pays en temps de crise. Cela met notre existence en danger », a-t-il affirmé.

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