Katz refuse de qualifier de « terrorisme » le saccage d’un village palestinien par des résidents d’implantation
Selon le ministre de la Défense, ils ont enfreint la loi et doivent être punis, sans besoin de mesures « draconiennes » comme la détention administrative, à laquelle il a mis fin pour les Israéliens juifs

Le ministre de la Défense israélien, Israel Katz, s’est refusé, jeudi, à qualifier de terrorisme le dernier acte violent perpétré par des résidents d’implantations cette semaine dans un village palestinien.
« Je ne dirais pas que c’est du ‘terrorisme’ », a déclaré Katz à la radio militaire, interrogé sur l’incident qui a eu lieu mardi à Douma, en Cisjordanie, lorsqu’une cinquantaine d’Israéliens ont attaqué des maisons.
« C’est du moins mon point de vue », a-t-il conclu.
Trois Palestiniens auraient été blessés lors de cette attaque menée par des résidents d’implantations qui ont mis le feu à des biens et agressé des passants, ce alors même que quelques jours plus tôt, d’autres résidents d’implantations avaient attaqué le village de Jinba, dans le sud de la Cisjordanie, et fait plusieurs blessés.
« Il y a eu des infractions à la loi au cas présent et il faudra agir en conséquence. La loi s’appliquera aux responsables », a déclaré Katz à propos du saccage commis à Douma, avant d’ajouter être « contre la violence et du côté de la loi » et de souligner que de tels actes ne doivent pas rester impunis.
Katz a toutefois justifié sa décision de mettre fin à la détention administrative pour les résidents d’implantations extrémistes alors que cette mesure punitive continue de s’appliquer aux Palestiniens. Il a déclaré qu’il n’y avait « aucun lien » entre cette question et les événements de Douma, et que ceux qui ont enfreint la loi devaient être poursuivis, mais pas par le biais de détentions administratives « draconiennes ».

La détention administrative permet au ministère de la Défense de placer en détention des suspects sans mise en examen par périodes pouvant aller jusqu’à six mois, renouvelables indéfiniment, et de priver les suspects d’un accès aux preuves réunies à leur encontre. Elle est généralement mise en œuvre lorsque les autorités disposent de renseignements reliant un suspect à un crime, sans toutefois disposer de suffisamment de preuves pour porter ces accusations devant un tribunal.
Principalement utilisée contre les Palestiniens, cette mesure a parfois été utilisée contre des Israéliens juifs extrémistes lorsque des informations claires établissaient qu’un suspect était susceptible de mener une attaque terroriste contre des Palestiniens.
En novembre dernier, Katz a proscrit la détention administrative des résidents d’implantations, et en janvier, a remis en liberté sept d’entre eux qui étaient toujours détenus.
Les propos du ministre de la Défense, jeudi, contrastent fortement avec ceux du président du parti Les Démocrates, Yair Golan, qui a écrit mardi sur X que ce saccage était un « pogrom » et que le gouvernement faisait « déferler la violence en Cisjordanie ».
La Cisjordanie a connu un pic de violence depuis le 7 octobre 2023, jour où des milliers de terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël pour y tuer 1 200 personnes et faire 251 otages, ce qui a déclenché la guerre à Gaza.
En Cisjordanie, l’armée a mené des opérations antiterroristes de grande ampleur qui ont fait des centaines de morts – en grande partie des hommes armés selon l’armée israélienne – et occasionné le déplacement de dizaines de milliers de personnes.
L’arrestation d’Israéliens lors de violences commises par des résidents d’implantations est extrêmement rare. Le chef de la police de Cisjordanie fait actuellement l’objet d’une enquête pour n’avoir rien fait en ce sens afin de s’attirer les faveurs du ministre d’extrême droite de la Sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir.
Devant l’inaction d’Israël face aux violences quasi-quotidiennes des résidents d’implantations, la précédente administration américaine et plusieurs gouvernements européens ont commencé, l’année dernière, à les sanctionner. Le président américain Donald Trump a levé ces sanctions à son retour à la Maison Blanche en janvier dernier.
Emanuel Fabian et Jeremy Sharon ont contribué à cet article.