L’AIPAC salue Bernie Sanders pour son positionnement défavorable au cessez-le-feu
Le sénateur juif du Vermont s'est opposé à un cessez-le-feu dans la guerre opposant le Hamas et Israël dans la mesure où le groupe terroriste se maintiendrait ainsi au pouvoir
Pendant quelques heures, dimanche, l’impensable est arrivé sur les réseaux sociaux : l’AIPAC a fait la promotion d’une vidéo de Bernie Sanders au sujet d’Israël.
Quelques heures plus tard, ces éloges ont amené Sanders à écrire un post où il a pris ses distances face au lobby pro-israélien.
Sanders, sénateur juif du Vermont et leader officieux des progressistes au Capitole, s’est démarqué d’un grand nombre de ses alliés, ces dernières semaines, dans son approche de la guerre que mène Israël contre le Hamas, dans la bande de Gaza. Tandis que des membres progressistes du Congrès, comme Alexandria Ocasio-Cortez et Rashida Tlaib ont appelé à un cessez-le-feu immédiat dans ces combats, Sanders a apporté son soutien au gouvernement et à l’administration Biden, s’opposant à un cessez-le-feu qui permettrait au Hamas de se maintenir au pouvoir après son attaque commise dans le sud d’Israël, le 7 octobre, qui a fait 1400 morts et des milliers de blessés.
Cet assaut dévastateur – dont la majorité des victimes étaient civiles – a déclenché la guerre que mène actuellement l’État juif au sein de l’enclave côtière, un conflit dont l’objectif est de démanteler le Hamas et de l’écarter du pouvoir.
« Eh bien, je ne sais pas comment on peut avoir un cessez-le-feu , un cessez-le-feu permanent avec un groupe comme le Hamas, qui se consacre à créer des agitations, le chaos et qui est obsédé par la destruction de l’État d’Israël », avait-il déclaré à Dana Bash au cours de l’émission « State of the Union » sur CNN. « Je pense que les pays arabes de la région comprennent que le Hamas doit disparaître ».
Dans l’heure qui avait suivi l’entretien, après onze heures du matin, l’American Israel Public Affairs Committee (AIPAC) avait posté le clip sur X, anciennement Twitter.
« Sanders répond à @DanaBashCNN au sujet de ses alliés progressistes qui appellent à un cessez-le-feu », avait écrit l’AIPAC, taguant un certain nombre de ces représentants et notamment Ocasio-Cortez (représentante de New York), Summer Lee (Pennsylvanie), Cori Bush (Missouri), Jamaal Bowman (New York), Ilhan Omar (Minnesota) et Mark Pocan (Wisconsin).
« Merci à @SenSanders pour votre opposition claire aux appels à un cessez-le-feu avec le Hamas », avait écrit l’organisation dans un autre tweet publié deux heures plus tard.
Une série de propos qui ont accentué une fissure entre les progressistes qui appellent à l’arrêt immédiat des combats et d’autres – placés sous la houlette de Sanders et sous celle de Ro Khanna (Californie) à la chambre des représentants – qui ne sont pas prêts à réclamer un cessez-le-feu immédiat, mais qui veulent que les démocrates s’expriment davantage s’agissant d’interpeller Israël pour ses excès.
Senator @BernieSanders:
“Well, I don't know how you can have a ceasefire… with an organization like Hamas, which is dedicated to turmoil and chaos and destroying the State of Israel. And I think what the Arab countries in the region understand is that Hamas has got to go.” pic.twitter.com/oGMGdkNpqx
— Eylon Levy (@EylonALevy) November 5, 2023
Un épisode qui a aussi entraîné les condamnations de certains partisans du Sanders qui ont paru décontenancés.
« C’est la plus grande déception politique de notre génération », a écrit Briahna Joy Gray, porte-parole officielle de la campagne présidentielle de Sanders, en 2020 – une réponse qui a été particulièrement remarquée.
Une démonstration d’amitié toutefois déroutante de la part de l’AIPAC à l’égard du sénateur indépendant du Vermont, au vu des relations amères qu’entretiennent Sanders et le groupe. Avant qu’il ne se présente à la présidence en 2016, il avait des relations cordiales avec le lobby et il était présent lors de ses conférences annuelles. Il avait toutefois été notablement absent de la conférence en 2016 alors qu’il faisait sa campagne et l’AIPAC ne l’avait pas autorisé à prendre la parole par téléconférence – une option que l’organisation avait offerte aux candidats, quatre ans auparavant. Et quatre ans après, préparant sa seconde campagne à la Maison-Blanche, Sanders avait répondu à l’appel des progressistes et refusé de prendre la parole devant l’AIPAC.
Dimanche, dans l’après-midi, Sanders a établi clairement que l’amitié que lui portait le lobby n’était pas réciproque. Dans un post diffusé sur X, il a écrit que « l’AIPAC a apporté son soutien à des dizaines d’extrémistes républicains qui minent notre démocratie. Maintenant, le groupe fait tout son possible pour vaincre les membres progressistes du Congrès. Rassemblons-nous dans la lutte pour un monde de paix, pour un monde de justice économique et sociale, dans un climat intègre ».
Un post écrit sous forme de clin d’œil à Ocasio-Cortez et aux autres progressistes de premier plan, qui avaient écrit la même critique de l’AIPAC, quelques jours auparavant. Dans une publication datée de mardi, Ocasio-Cortez avait qualifié le lobby de « groupe raciste et fanatique », évoquant « une organisation extrémiste déstabilisant la démocratie israélienne ».
Lundi, Punchbowl News avait annoncé que Mike Casca, le chef de cabinet adjoint de Sanders, prenait un nouveau poste, celui de chef de cabinet d’Ocasio-Cortez.
Un responsable du bureau de Sanders a confirmé que le post avait été écrit en partie parce que le sénateur voulait établir clairement qu’il ne se réjouissait guère des éloges prononcés par l’AIPAC à son égard. Au cours de l’entretien accordé à CNN, Sanders avait expliqué qu’il était en désaccord avec la manière dont Israël gère la guerre à Gaza et il avait prôné un positionnement auquel l’AIPAC s’oppose avec véhémence – que les aides à Israël soient conditionnées à son comportement.
« Ce n’est pas un secret que les États-Unis fournissent 3,8 milliards de dollars à Israël chaque année », avait-il dit. « Aujourd’hui, les Israéliens peuvent tout à fait dire qu’ils ne veulent pas de cet argent – pas de problème. Mais s’ils prennent cet argent, si Biden veut leur en donner davantage, ils doivent reconnaître qu’ils ne peuvent pas trahir les valeurs américaines, ce que nous défendons, ce que le monde civilisé défend ».
Plus de 10 000 Palestiniens auraient été tués au cours de la guerre, a annoncé lundi le ministère de la Santé, dirigé par le Hamas. Ces chiffres ne peuvent être vérifiés de manière indépendante et incluent à la fois des civils et des membres du Hamas tués à Gaza, y compris à la suite de tirs de roquettes ratés par le groupe terroriste lui-même.