Bernie Sanders rejette les appels à un cessez-le-feu contre le Hamas
Le sénateur du Vermont réitère l'appel de Biden à une pause humanitaire pour protéger les civils et exhorte les leaders mondiaux à "donner de l'espoir au peuple palestinien"
Le sénateur américain Bernie Sanders a rejeté dimanche les appels à un cessez-le-feu à Gaza, rompant ainsi avec un groupe croissant de législateurs progressistes qui ont pris l’initiative d’un tel appel ces dernières semaines.
« Je ne sais pas comment on peut avoir un cessez-le-feu (…) avec un groupe comme le Hamas, qui se consacre à l’agitation, au chaos et à la destruction de l’État d’Israël », a-t-il déclaré à CNN.
« Je pense que les pays arabes de la région comprennent que le Hamas doit disparaître », ajoute-t-il.
La guerre entre Israël et le Hamas a éclaté après le massacre du 7 octobre, au cours duquel quelque 3 000 terroristes ont pénétré en Israël depuis la bande de Gaza par voie terrestre, aérienne et maritime, tuant quelque 1 400 personnes, pour la plupart des civils, et prenant au moins 240 otages de tous âges sous le couvert d’un barrage de milliers de roquettes.
En réponse, Israël a promis d’éliminer le Hamas, qui dirige la bande de Gaza depuis 2007, et de détruire ses infrastructures. Tsahal a ciblé les zones où le Hamas opère par des frappes aériennes et une opération terrestre, et a déclaré qu’elle s’efforçait de minimiser les pertes civiles.
Candidat du parti démocrate aux élections présidentielles de 2016 et 2020, Sanders est l’un des critiques les plus virulents d’Israël au Congrès américain. Il accuse régulièrement le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de racisme et critique sa politique à l’égard des Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie.
En rejetant tout appel à un cessez-le-feu, Sanders a rompu avec les positions qu’il a adoptées par le passé. En mai 2021, lors de l’opération « Gardien des murs », Sanders avait écrit un éditorial pour le New York Times, dans lequel il exhortait Israël à accepter un cessez-le-feu contre le Hamas, déclarant à l’époque que « dans cette période de crise, les États-Unis devraient exiger un cessez-le-feu immédiat ».
Dans l’interview qu’il a accordée à CNN dimanche, Sanders a également condamné la crise humanitaire qui sévit dans la bande de Gaza, où quelque 800 000 habitants auraient été déplacés par la guerre.
Mais ses commentaires à CNN ont été relayés sur Twitter par plusieurs responsables israéliens, cherchant manifestement à démontrer l’opposition politique généralisée aux États-Unis aux appels à un cessez-le-feu.
Senator @BernieSanders:
“Well, I don't know how you can have a ceasefire… with an organization like Hamas, which is dedicated to turmoil and chaos and destroying the State of Israel. And I think what the Arab countries in the region understand is that Hamas has got to go.” pic.twitter.com/oGMGdkNpqx
— Eylon Levy (@EylonALevy) November 5, 2023
À l’instar du président américain Joe Biden, Sanders a appelé à une pause humanitaire dans les combats entre Israël et le Hamas, afin de permettre la collecte de renseignements sur le sort des otages détenus dans la bande de Gaza et de veiller à ce que l’aide parvienne aux civils en toute sécurité.
« Il est clair qu’Israël a le droit de se défendre. Le Hamas a juré que son objectif était de détruire Israël, il doit donc réagir », a-t-il déclaré. « Mais il y a certainement un meilleur moyen qui ne nécessite pas de tuer des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants », a-t-il ajouté. « Une fois encore, la priorité absolue est d’interrompre les bombardements et de faire face à la catastrophe immédiate. »
Selon le ministère de la Santé de la bande de Gaza, dirigé par le Hamas, quelque 9 700 personnes auraient été tuées depuis le 7 octobre. Ce chiffre ne peut toutefois pas être vérifié de manière indépendante et il inclurait les terroristes membres du Hamas ainsi que les civils tués par des roquettes mal tirées et tombées dans l’enclave.
Bien qu’Israël ait rejeté les appels à une pause humanitaire, il a exhorté à plusieurs reprises les civils à évacuer le nord de la bande de Gaza, où se déroule la majeure partie des combats contre le groupe terroriste au pouvoir. Ce week-end, Tsahal a tenté de créer un couloir d’évacuation sûr pour les civils, mais celui-ci a été la cible d’une attaque du Hamas.
Le Hamas a également tenté de profiter du passage autorisé pour l’acheminement de l’aide humanitaire vers Gaza depuis l’Égypte via le point de passage de Rafah, ainsi que du transfert des blessés autorisés à quitter la bande de Gaza pour recevoir un traitement médical.
Un haut responsable de l’administration Biden a affirmé samedi que le Hamas avait tenté de faire passer clandestinement ses combattants à travers la frontière égyptienne à bord d’une ambulance, alors que des efforts étaient déployés pour transférer les blessés et permettre aux détenteurs de passeports étrangers d’évacuer la région.
Peu après la publication des propos du fonctionnaire américain, le Hamas a suspendu l’évacuation des détenteurs de passeports étrangers.
Évoquant les mauvais traitements infligés par le Hamas aux civils de Gaza, Sanders a souligné sur CNN l’importance de « donner de l’espoir au peuple palestinien » et a réitéré l’appel lancé par l’administration Biden aux dirigeants israéliens et palestiniens de revenir à la table des négociations pour discuter d’une solution à deux États une fois que le Hamas aura été chassé du pouvoir.
« Ce dont nous avons besoin, c’est que le monde s’unisse pour donner de l’espoir aux Palestiniens, nous avons besoin d’une solution à deux États, et nous avons besoin que de nombreux pays très riches de la région – les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite, le Qatar, ils sont extraordinairement riches – coopèrent avec les États-Unis, travaillent avec la communauté pour donner un peu d’espoir et de dignité et de liberté au peuple palestinien, ce que le Hamas ne fera jamais », a-t-il déclaré.
Dimanche également, le directeur-adjoint de la communication de la Maison Blanche, Herbie Ziskind, a diffusé sur Twitter des citations du représentant démocrate Jake Auchincloss du Massachusetts et du sénateur du Vermont Bernie Sanders, des alliés du président américain qui ont des opinions opposées, mais qui ont tous deux exprimé leur opposition à un cessez-le-feu à Gaza.
Cette initiative semble viser à démontrer que l’opposition de Joe Biden à un cessez-le-feu est largement soutenue, malgré les appels de plus en plus nombreux de législateurs et de groupes d’extrême-gauche en faveur d’un tel cessez-le-feu.
Biden appelle au contraire à des trêves humanitaires afin de permettre le passage en toute sécurité de l’aide et des civils, et de contribuer aux efforts de libération des otages.