La Cour suprême israélienne ordonne l’extradition de Malka Leifer
Le ministre de la Justice Avi Nissenkorn, qui doit signer la procédure d'extradition, a assuré qu'il ne ferait pas durer le processus administratif

La Cour suprême a statué mardi que l’ancienne directrice d’école et présumée pédophile Malka Leifer pouvait être extradée vers l’Australie, où elle est recherchée pour abus sexuels sur ses élèves, ce qui met fin à six ans d’efforts de sa part pour empêcher cette procédure.
Dassi Ehrlich, qui a mené la campagne visant à traduire Leifer en justice, a déclaré que « c’est incroyable d’en arriver là après tant et tant d’années, c’est une décision que nous voulions tous voir et nous n’avons jamais perdu espoir ».
Le ministre de la Justice Avi Nissenkorn, qui doit signer la procédure d’extradition, a assuré qu’il ne ferait pas durer le processus administratif.
« Après de longues années de torture, l’heure est venue de rendre justice aux victimes de Leifer », a-t-il écrit. « J’ai l’intention de signer l’ordre d’extradition sans délai. »
Une fois que Nissenkorn aura signé l’extradition, Israël dispose de 60 jours pour mettre Leifer dans un avion à destination de l’Australie.

« Avec la publication de notre arrêt, tous les arguments sont clos et la déclaration d’extradition prend effet », a statué la plus haute juridiction israélienne, dont la décision a été publiée par le ministère de la Justice.
Mme Leifer est accusée de dizaines d’agressions contre des filles mineures, élèves d’une école juive orthodoxe qu’elle dirigeait à Melbourne il y a plusieurs années.
Selon des médias australiens, elle fait face à 74 chefs d’accusation d’abus sexuels sur des enfants.
Elle s’était enfuie d’Australie en 2008 après le dépôt d’une plainte d’une ancienne élève contre elle. Selon des médias israéliens, elle vivait avec sa famille dans l’implantation israélienne d’Immanuel, dans le nord de la Cisjordanie.
Mme Leifer avait nié sa culpabilité lors de différentes audiences consacrées à son extradition devant des tribunaux israéliens, la première ayant eu lieu en 2014.
La cour a cité la demande d’extradition de l’Australie en disant qu’entre 2004 et 2008, Mme Leifer avait commis « des infractions sexuelles graves contre trois soeurs, toutes mineures, à l’école ».
David Southwick, un avocat de l’Etat de Victoria pour le district de Melbourne, en Australie, a salué cette décision de justice. « Après des années de procès, d’appels et de souffrance pour les victimes de la maltraitance des enfants et pour tous les survivants, nous sommes sur le point d’obtenir justice ».
Manny Waks, PDG de VoiCSA, organisation basée en Israël qui lutte contre les abus sexuels sur les enfants dans la communauté juive à travers le monde, avait déclaré dans un communiqué avant l’audience du 3 décembre « qu’il était clair pour pratiquement tout le monde qui suit cette affaire – y compris d’innombrables experts – que Leifer avait conduit le système judiciaire israélien vers une grande mascarade. Il est temps que cela cesse enfin ».
Les accords d’extradition signés par Israël « doivent être respectés et quiconque cherche à fuir la justice ne trouvera pas refuge en Israël », a ajouté la cour suprême.
La frustration des autorités australiennes – qui ont manifesté leur intérêt auprès du gouvernement israélien en faveur d’un retour rapide de Leifer – a culminé l’année dernière, quand il a été révélé que le vice-ministre de la Santé de l’époque, Yaakov Litzman, aurait fait pression sur les psychiatres d’État pour qu’ils diagnostiquent Leifer, qui s’est enfui en Israël en 2008, comme mentalement inapte à faire face à la justice. Ces allégations découlaient du fait que le médecin affecté à l’affaire avait changé à trois reprises son évaluation concernant l’état mental de Leifer. La police a recommandé que Litzman soit inculpé pour sa conduite présumée dans cette affaire.
L’AFP a contribué à cet article.
C’est vous qui le dites...