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L’affaire Leifer devant la Cour suprême pour la dernière fois (peut-être)

La plus haute instance juridique doit entendre ce jeudi l'appel de la décision d'un tribunal inférieur d'extrader l'ancienne principale recherchée en Australie pour pédophilie

Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Malka Leifer, vue sur un écran, à gauche, lors d’une audience vidéo devant le tribunal de district de Jérusalem, le 20 juillet 2020. (Crédit : Yonatan Sindel / Flash90)
Malka Leifer, vue sur un écran, à gauche, lors d’une audience vidéo devant le tribunal de district de Jérusalem, le 20 juillet 2020. (Crédit : Yonatan Sindel / Flash90)

La Cour suprême devait se réunir ce jeudi matin pour statuer sur ce qui pourrait bien être l’appel final de l’équipe juridique de Malka Leifer, à court d’options, qui tente depuis six ans d’empêcher l’extradition de cette ancienne directrice d’école pédophile présumée vers l’Australie.

Ce dernier appel s’oppose à la décision rendue en septembre par le tribunal de district de Jérusalem en faveur de l’extradition de l’ancienne directrice de l’école ultra-orthodoxe Adass Israel de Melbourne vers l’Australie, où elle est recherchée pour 74 chefs d’abus sexuels sur des enfants.

L’audience, prévue à 9 heures, marquera le 74e jour d’audience d’une longue saga dont les retards ont mis à l’épreuve les relations entre Jérusalem et Canberra.

La frustration des autorités australiennes – qui ont manifesté leur intérêt auprès du gouvernement israélien en faveur d’un retour rapide de Leifer – a culminé l’année dernière, quand il a été révélé que le vice-ministre de la Santé de l’époque, Yaakov Litzman, aurait fait pression sur les psychiatres d’État pour qu’ils diagnostiquent Leifer, qui s’est enfui en Israël en 2008, comme mentalement inapte à faire face à la justice. Ces allégations découlaient du fait que le médecin affecté à l’affaire avait changé à trois reprises son évaluation concernant l’état mental de Leifer. La police a recommandé que Litzman soit inculpé pour sa conduite présumée dans cette affaire.

L’audience devrait durer plusieurs heures et la décision devrait être rendue dans quelques jours. Les avocats des victimes d’abus sexuels impliqués dans l’affaire ont exprimé leur optimisme quant à un rejet de l’appel car la composition du comité de la Cour suprême est identique à celle qui a statué contre Leifer en septembre dernier.

Malka Leifer (à droite) est amenée dans une salle d’audience du tribunal de Jérusalem, le 27 février 2018. (Crédit : AP Photo / Mahmoud Illean, File)

À l’époque, les juges Anat Baron, Isaac Amit et Ofer Grosskopf avaient rejeté à l’unanimité un appel de la défense qui cherchait à renverser la décision d’un panel de psychiatres selon laquelle Leifer avait simulé une maladie mentale afin d’échapper à l’extradition et qu’elle était en fait apte à faire face à la justice. Dans leur décision, les juges ont également reproché au tribunal de district de Jérusalem d’avoir laissé la procédure judiciaire s’éterniser si longtemps.

Si la Cour suprême se prononce de nouveau contre la défense, l’extradition de Leifer sera soumise au ministre de la Justice Avi Nissenkorn pour sa signature. Un responsable du bureau du procureur d’État a déclaré au Times of Israël que, si la défense était techniquement autorisée à faire appel une nouvelle fois suite à la décision du ministre de la Justice, il n’était pas certains que la Cour suprême accepte une nouvelle fois d’entendre l’affaire.

Une fois que Nissenkorn aura approuvé l’extradition, Israël aura 60 jours pour mettre Leifer dans un avion à destination de l’Australie.

Manny Waks, PDG de VoiCSA, organisation basée en Israël qui lutte contre les abus sexuels sur les enfants dans la communauté juive à travers le monde, a déclaré dans un communiqué avant l’audience de jeudi « qu’il était clair pour pratiquement tout le monde qui suit cette affaire – y compris d’innombrables experts – que Leifer avait conduit le système judiciaire israélien vers une grande mascarade. Il est temps que cela cesse enfin ».

Une fois que Leifer aura été renvoyée en Australie, Waks a déclaré que son organisation « réitérerait son appel pour qu’un examen complet soit mené en Israël pour savoir pourquoi cette affaire en particulier a traîné si longtemps et si les allégations d’ingérence politique sont fondées ».

De gauche à droite : Les avocats de Malka Leifer, Yehuda Fried et Nick Kaufman, attendent à la Cour suprême le début d’une audience, avec les proches de Leifer assis derrière eux, le 19 juillet 2020. (Crédit : Ittay Flescher / Plus61J)

Le mois dernier, deux des avocats de Leifer qui la représentaient depuis les premières années de ce long processus judiciaire, ont annoncé qu’ils se retireraient de l’affaire.

Tal Gabay a révélé la décision dans une interview avec le quotidien économique Globes, affirmant que l’appel à venir était « un point secondaire du processus long et continu de remise en question de la santé mentale de [Leifer] ».

Gabay, qui représentait Leifer avec son partenaire juridique Yehuda Fried, n’a pas commenté davantage la décision.

Nick Kaufman, qui a défendu les enfants de Mouammar Kadhafi devant la Cour pénale internationale, a rejoint l’équipe juridique de Leifer plus tôt cette année. Il prendra la relève en tant qu’avocat principal de sa défense, qui a semble-t-il n’avoir eu aucun mal pour financer des avocats aussi prestigieux.

De gauche à droite : Les avocats de Malka Leifer, Tal Gabay et Yehuda Fried, s’entretiennent avec des journalistes au tribunal de district de Jérusalem, le 23 septembre 2019. (Crédit : Jacob Magid / Times of Israël)

Leifer a quitté Israël en 2000 pour prendre son poste à l’école Adass Israel à Melbourne. Lorsque des allégations d’abus sexuels à son encontre ont commencé à faire surface huit ans plus tard, des membres de la commission scolaire ont acheté à la mère de huit enfants un billet d’avion pour Israël, lui permettant de prendre la fuite avant que des plaintes ne soient déposées.

Il a fallu attendre 2014 pour qu’elle soit arrêtée dans le cadre d’une opération d’Interpol, mais les audiences ont été reportées en raison d’allégations de l’équipe de défense de Leifer faisant état d’épisodes mentaux soudains chez leur cliente. Un tribunal de Jérusalem a suspendu la procédure en 2016, la jugeant mentalement inapte à subir un procès. Elle a à nouveau été arrêtée en 2018 après avoir été filmée alors qu’elle semblait mener une vie pleinement fonctionnelle.

Après plus d’un an d’audiences supplémentaires, la juge Chana Lomp a conclu que les preuves concernant l’état mental de Leifer n’étaient pas concluantes et a ordonné à un comité d’experts psychiatriques de déterminer si l’ancienne directrice avait simulé sa maladie mentale.

En février dernier, le panel de psychiatres a déposé sa conclusion selon laquelle Leifer avait simulé sa maladie, ce qui a conduit Lomp à établir le même jugement en mai dernier. Cette décision a été suivie en septembre par la décision de justice de donner son feu vert à l’extradition demandée par l’Australie.

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