La guerre réduit les fonds pour l’éducation, mais pas pour les haredim, déplorent des élus
Le budget 2024 amendé laisse intacts 2 milliards de shekels de fonds spéciaux promis par le gouvernement lors des pourparlers de coalition, bien que les députés haredi affirment être perdants
Le budget modifié de l’État pour 2024 maintiendra intacts les milliards destinés au financement spécial de l’éducation ultra-orthodoxe, alors même que le gouvernement met en œuvre de douloureuses mesures d’austérité pour couvrir le coût des conflits à Gaza et à la frontière nord, ce qui risque d’entraîner la répétition d’une lutte politique acharnée, amplifiée par l’une des opérations militaires les plus intenses menées par Israël depuis des années.
Netanyahu s’est félicité du fait que le budget de guerre, qu’il a fait adopter par le cabinet lundi face à une opposition ministérielle significative, augmentera en réalité le financement global de l’Education – une affirmation contredite par le ministre de l’Éducation Yoav Kisch, qui a déclaré aux journalistes que son ministère recevrait 300 millions de shekels de moins que ce qui était initialement prévu en 2024.
Selon le budget amendé, le système éducatif israélien devrait recevoir environ 82,6 milliards de shekels.
Alors que la plupart des ministères sont également contraints de procéder à des coupes budgétaires douloureuses, plus de 2 milliards de shekels d’affectations spéciales pour l’éducation ultra-orthodoxe restent dans le budget pour la deuxième année consécutive, dans le cadre d’un ensemble de fonds d’intérêt spécial mis de côté par le gouvernement pour tenir les promesses politiques faites lors des négociations de la coalition.
Le chiffre, qui vient s’ajouter aux fonds destinés à l’enseignement haredi déjà inclus dans le budget du ministère de l’Education, comprend plus d’un milliard de shekels (pour les yeshivot et 590 millions de shekels pour les instructeurs dans les écoles qui n’enseignent pas le programme de base imposé par l’État, selon une ventilation calculée par le quotidien économique Calcalist.
Les fonds destinés aux établissements d’enseignement privés et liés aux partis seront augmentés et, bien que les fonds supplémentaires destinés aux enseignants et aux talmudistes à temps plein aient diminué dans le cadre du nouveau budget, ces deux postes restent globalement en hausse.
Le gouvernement donne « plus aux haredim et moins » à tous les autres, a déclaré Moshe Tur-Paz (Yesh Atid) au Times of Israel mardi, à la suite d’une conférence d’urgence convoquée par le groupe parlementaire sur l’éducation de la Knesset.
« Ils ont besoin de le faire pour des raisons de coalition et je ne pense pas qu’ils vont changer cela », a-t-il déclaré.
Au cours de la dernière décennie, les partis haredi sont devenus des alliés (très) fidèles du Premier ministre Netanyahu. En retour, ils ont bénéficié d’un monopole permanent sur plusieurs questions de politique intérieure liées à la religion et à l’État, ainsi que d’exemptions générales pour les hommes haredi de l’appel militaire obligatoire d’Israël.
À la suite des élections générales de 2022, Netanyahu a promis aux partis politiques ultra-orthodoxes des sommes sans précédent pour les établissements d’enseignement privés non supervisés, qui n’enseignent pas les matières profanes fondamentales telles que les mathématiques et l’anglais. Ces crédits ont suscité de vives protestations de la part des politiciens de l’opposition, mais sans grand résultat.
La pression exercée par les haredim pour obtenir ces fonds n’a pas cessé au cours de la guerre entre Israël et le Hamas. Un mois seulement après l’attentat du 7 octobre, des députés ultra-orthodoxes ont demandé que les écoles haredi reçoivent 300 millions de shekels de la réserve discrétionnaire, qui avait été gelée pour être réorientée vers l’effort de guerre.
Le député travailliste Gilad Kariv, qui dirige le groupe parlementaire, a accusé les représentants du gouvernement d’essayer « d’aveugler le public » en affirmant à tort que les fonds destinés à l’éducation n’étaient pas réduits.
Le député Michael Biton, dont le parti HaMahane HaMamlahti a rejoint la coalition pour soutenir l’effort de guerre, s’est plaint que le gouvernement abandonnait le système éducatif public à son sort, alors que des intérêts particuliers recevaient des chèques généreux.
« Chaque groupe se bat pour son budget et chacun s’occupe de lui-même », a-t-il déclaré.
Aviad Houminer-Rosenblum, directeur adjoint du groupe de réflexion Berl Katznelson Center, a accusé les représentants du gouvernement de jouer un jeu de passe-passe avec l’argent, en supprimant 600 millions de shekels de l’enseignement supérieur tout en ajoutant à peu près le même montant aux écoles ultra-orthodoxes.
« Ils prennent d’un endroit et transfèrent vers un autre, ce qui brouille les pistes », a-t-il déclaré.
Diminuer le budget général de l’éducation tout en donnant plus à un groupe spécifique « nuit à l’égalité des chances en matière d’éducation », a déclaré la députée travailliste Naama Lazimi.
Elle a déclaré au Times of Israel qu’elle était favorable au financement intégral des écoles ultra-orthodoxes, mais uniquement de celles qui enseignent un tronc commun d’études profanes complet.
Ronen Katz, porte-parole du député du Shas Haïm Biton, ministre de l’Education, a fait valoir que l’éducation haredi ne représentait qu’une fraction du système scolaire public et qu’elle recevait toujours une plus petite part du gâteau. Par habitant, les élèves haredi sont en réalité victimes de coupes budgétaires plus importantes.
« Tout le monde comprend qu’il s’agit d’une guerre et qu’il faut faire des coupes. Les haredim ont toujours reçu 40 à 50 % de moins que leurs camarades de l’enseignement général.
Katz et Yitzhak Pindrus, députés du parti Yahadout HaTorah, ont tous deux affirmé que le budget amendé laissait en réalité les écoles haredi plus pauvres de 600 millions de shekels.
« Avez-vous vu les haredim se réjouir ces derniers jours ? », a demandé Katz.
Pindrus a rejeté les préoccupations de ses collègues de la Knesset, déclarant que les détracteurs des ultra-orthodoxes « sont toujours occupés à regarder par-dessus leur épaule au lieu d’essayer de s’occuper des problèmes ».
« À quoi jouent-ils ? Quel est leur jeu ? », a-t-il demandé. « C’est un jeu politique injuste. »
Carrie Keller-Lynn et JTA ont contribué à cet article.