La reconnaissance d’un Etat palestinien serait « un mauvais signal », selon Berlin
Johann Wadephul, le ministre des Affaires étrangères allemand, a aussi estimé, lors d'une conférence de presse aux côtés de son homologue israélien, que l'acheminement des aides à Gaza était "insuffisant"

La reconnaissance « actuellement » d’un Etat palestinien serait « un mauvais signal », a déclaré jeudi le chef de la diplomatie allemande, prenant le contrepied d’un mouvement en ce sens de plusieurs pays européens.
Le Hamas « doit libérer les otages, et il doit déposer les armes immédiatement et sans aucune condition », a ajouté Johann Wadephul, qui a noté que la guerre de Gaza devait cesser, lors d’une conférence de presse où il se tenait aux côtés de son homologue israélien Gideon Saar, actuellement en déplacement à Berlin.
« Israël a le droit de se défendre, comme tous les autres pays du monde le feraient également », a-t-il souligné.
Évoquant la reconnaissance d’un Etat palestinien, il a précisé que « ce processus doit être mené à bien dans le cadre de négociations entre Israël et les Palestiniens ».
Il a noté qu’il fallait qu’il y ait un plan concernant « le jour d’après » à Gaza, en l’absence du Hamas.
C’est une position « que nous faisons aussi valoir auprès de nos partenaires et amis européens », a-t-il affirmé.
Plusieurs pays européens, comme l’Espagne, l’Irlande et la Norvège ont déjà reconnu un état palestinien.
La France, le Royaume-Uni et le Canada ont récemment annoncé aussi l’envisager face à l’intensification de l’offensive israélienne à Gaza et face au blocage de l’aide humanitaire – les approvisionnements ont repris depuis.
Le chef de l’Etat français Emmanuel Macron a souligné fin mai à Singapour qu’une telle reconnaissance ne constituait pas « pas simplement un devoir moral, mais une exigence politique ».
Israël fait face à une pression internationale croissante pour mettre fin à la guerre, déclenchée par l’attaque sans précédent lancée par le groupe terroriste palestinien du Hamas sur le sol israélien, le 7 octobre 2023. En cette matinée de Shabbat, environ 6 000 Gazaouis dont 3 800 terroristes dirigés par le Hamas avaient pris d’assaut les communautés du sud d’Israël, massacrant plus de 1 200 personnes, principalement des civils, et kidnappant 251 personnes qui avaient été prises en otage dans la bande de Gaza. Les hommes armés avaient commis de nombreuses atrocités et ils avaient perpétré des violences sexuelles, qui avaient été utilisées comme arme à grande échelle.
Wadephul a aussi déclaré que les images « choquantes » en provenance de Gaza montre que l’aide humanitaire est « insuffisante ».

Il a exprimé son inquiétude pour les habitants de Gaza « qui ne savent pas où ils trouveront de la nourriture et des médicaments ». Il a déploré les longues distances à parcourir pour accéder aux sites de distribution et le fait que certains civils aient été tués. « Cela arrive bien trop souvent », a-t-il regretté.
« C’est pourquoi j’ai réitéré aujourd’hui, lors de notre entretien, ma demande urgente d’autoriser l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza, conformément aux principes d’humanité, d’impartialité, de neutralité et d’indépendance, et sans restrictions », a-t-il dit.
« Ce n’est pas seulement un impératif humanitaire, c’est aussi le droit international en vigueur », a-t-il insisté.
Il a aussi déploré la décision récente du gouvernement israélien d’autoriser la construction de 22 nouvelles implantations en Cisjordanie.
« Même en tant qu’amis, nous ne pouvons fermer les yeux là-dessus. Et je dois dire que nous rejetons cette décision, car cette politique de colonisation est contraire au droit international », a-t-il dit.
De tels agissements réduisent les chances d’une « solution à deux États » défendue par Berlin.
Évoquant le dossier iranien, Wadephul a aussi estimé que « personne ne peut douter que le programme nucléaire iranien constitue une menace vitale pour Israël. Nous partageons la conviction que l’Iran ne doit jamais se doter d’une arme nucléaire ».
De son côté, Saar a déclaré que « nous avons besoin du soutien de l’Allemagne aujourd’hui, en ces heures difficiles. Israël est confronté à une attaque militaire, juridique, diplomatique et économique ».
Dans sa déclaration qui avait été préparée en anglais, Saar a affirmé : « Israël est sérieux dans sa volonté et son intention de parvenir à un accord. Un accord qui conduira à un cessez-le-feu ».

Il a appelé des capitales comme Berlin à faire pression sur le Hamas pour que le groupe terroriste accepte un accord.
Si l’Allemagne est l’un des plus fidèles soutien de l’État juif, en raison de sa responsabilité dans la Shoah, le chancelier Friderich Merz n’en a pas moins menacé il y a une semaine le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu de ne plus soutenir son pays face à la catastrophe humanitaire en cours dans le territoire palestinien.
Jeudi, des dizaines de manifestants ont protesté devant le ministère des Affaires étrangères à l’occasion de la visite de Saar.
Les participants ont brandi des drapeaux palestiniens et portaient des banderoles sur lesquelles on pouvait lire : « Pas de soutien aux crimes de guerre à Gaza » ou encore : « Arrêtez les livraisons d’armes ».