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La Turquie dit qu’il y aura des conséquences si Israël vise le Hamas sur son sol

Un enregistrement du chef du Shin Bet, diffusé lundi, a laissé entendre que les chefs du Hamas seraient tués partout où ils se trouvent - "au Liban, en Turquie, au Qatar"

Le président turc Recep Tayyip Erdogan (à gauche) saluant le leader du groupe terroriste palestinien du Hamas,  Ismaïl Haniyeh, pendant leur rencontre au palais présidentiel d'Ankara, une photo diffusée le 26 juillet 2023. (Crédit : Mustafa Kamaci/Turkish Presidency Press Office/AFP)
Le président turc Recep Tayyip Erdogan (à gauche) saluant le leader du groupe terroriste palestinien du Hamas, Ismaïl Haniyeh, pendant leur rencontre au palais présidentiel d'Ankara, une photo diffusée le 26 juillet 2023. (Crédit : Mustafa Kamaci/Turkish Presidency Press Office/AFP)

Ankara a fait savoir à Israël que le pays devrait faire face à « de graves conséquences » s’il devait essayer de procéder aux assassinats ciblés de membres du Hamas sur son territoire, selon des informations qui ont été rendues publiques lundi. Dans un enregistrement qui avait été diffusé dans la journée, le responsable de l’agence de sécurité du Shin Bet déclarait que l’État juif était déterminé à tuer les leaders du groupe terroriste palestinien « partout » dans le monde.

« Partout, à Gaza, en Cisjordanie, au Liban, en Turquie, au Qatar et tous », disait Ronen Bar dans l’enregistrement, présenté par la chaîne publique Kan. « Cela prendra quelques années mais nous le ferons ».

« Le gouvernement nous a fixé un objectif : celui d’éliminer le Hamas. Et nous sommes déterminés à le faire, c’est notre Munich, déclare-t-il dans ces enregistrements, semblant faire référence à l’opération israélienne visant à assassiner les terroristes responsables des attentats de Munich de 1972 – qui avaient fait onze morts lors des Jeux olympiques dans la ville du même nom – une opération qui avait duré de longues années.

Lundi, l’agence de presse Reuters a cité un responsable des services de renseignement turcs qui aurait ainsi dit que « les mises en garde nécessaires ont été émises à nos interlocuteurs sur la base des informations rendues publiques lors des déclarations des officiels israéliens, et il a été clairement établi que de tels actes auraient de graves conséquences ».

L’agence de presse turque Anadolu a cité de manière similaire des sources locales qui auraient averti l’État juif de ne pas « s’engager dans des activités illégales » dans le pays.

La guerre a éclaté le 7 octobre – lorsque environ 3 000 terroristes du Hamas avaient franchi la frontière séparant l’État juif de l’enclave et qu’ils avaient semé la désolation dans les communautés du sud d’Israël, assassinant plus de 1 200 personnes sur le territoire, des civils en majorité. Des familles entières avaient été exécutées dans leurs habitations et des jeunes avaient été massacrés lors d’une rave party. Au moins 240 personnes de tous les âges avaient été enlevées, notamment des enfants et des personnes âgées, qui avaient été prises en otage et retenues en captivité au sein de l’enclave côtière. Une centaine ont été relâchés dans le cadre d’un accord de trêve avec le Hamas.

La semaine dernière, le Wall Street Journal avait fait savoir que l’État juif prévoyait de traquer les leaders du Hamas dans le monde entier une fois qu’il aurait terminé ses combats contre le groupe terroriste à Gaza.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a ordonné aux agences d’espionnage de mettre au point des plans permettant les assassinats des plus hauts-responsables de l’organisation qui vivent en dehors de la bande, au Qatar, en Turquie et ailleurs, avait annoncé le journal, citant des propos tenus par les officiels israéliens.

Selon l’article, certains avaient appelé à assassiner sans plus de délai Khaled Mashaal, leader du Hamas qui vit à Doha, et d’autres, dans le sillage de l’assaut meurtrier du 7 octobre. Toutefois, de telles actions commises sur le sol qatari ou sur le territoire turc auraient pu torpiller les efforts diplomatiques visant à obtenir la remise en liberté des otages – et l’idée avait été écartée.

Le ministre de la Défense Yoav Gallant rencontrant le chef d’état-major de l’armée israélienne, Herzi Halevi, le chef du Mossad, David Barnea, et le chef du Shin, Bet Ronen Bar, le 29 novembre 2023. (Crédit : Ariel Hermoni/Ministère de la Défense)

Une trêve d’une semaine a finalement permis à des dizaines de femmes et d’enfants détenus en otage à Gaza d’être relâchés, en échange de la libération de prisonniers palestiniens qui étaient incarcérés pour atteinte à la sécurité nationale au sein de l’État juif. Si cette pause des combats aurait pu être prolongée, le Hamas a violé les dispositions de l’accord vendredi et l’offensive a repris son cours.

La chaîne Kan a indiqué que le Hamas avait répondu aux propos tenus par Bar, disant que les menaces portant sur les assassinats de ses leaders « reflètent la crise politique et militaire traversée par l’ennemi en raison de la résilience du peuple palestinien et des forces courageuses de la résistance. »

Il a ajouté que ces menaces « ne font pas peur aux responsables de l’organisation. Elles constituent une violation flagrante de la souveraineté de ‘pays frères’, ces pays dont l’ennemi a mentionné le nom, et elles sont une atteinte directe à la sécurité de ces pays ».

Netanyahu avait fait allusion au plan israélien d’assassinats appelés à être commis dans des pays étrangers dans un discours, fin novembre, entraînant la colère de certains qui auraient préféré que cette future campagne reste secrète, a noté le WSJ.

Le journal a aussi signalé que l’État juif examine actuellement la possibilité d’expulser des terroristes du Hamas de moindre rang de Gaza de manière à écourter la guerre.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan s’était employé, dans les mois qui avaient précédé la guerre, à renouer des liens avec Israël, faisant preuve de plus de chaleur à l’égard de l’État juif – mais il a depuis fait volte-face, reprenant les mêmes attaques au vitriol qui avaient été sa caractéristique pendant de nombreuses années de son mandat.

Le leader islamiste a déclaré lundi que le Premier ministre Benjamin Netanyahu serait jugé pour crime de guerre présumés comme cela avait été le cas de l’ancien président serbe Slobodan Milosevic.

« Netanyahu, le boucher de Gaza, n’est pas seulement un criminel de guerre mais il sera jugé comme ayant été le boucher de Gaza, tout comme Milosevic avait été jugé », a dit Erdogan dans un discours prononcé lors d’une réunion de l’Organisation de coopération islamique à Istanbul.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan prononce un discours pendant la 39e session de la Commission de coopération économique et sociale de l’Organisation de la coopération islamique (COMCEC), à Istanbul, le 4 décembre 2023. (Crédit : in Istanbul, AP Photo/Francisco Seco)

Netanyahu devrait être mis en examen par un tribunal international s’il devait être jugé pour crimes de guerre. Milosevic était passé devant les juges du tribunal des Nations unies, à la Haye, pour avoir fomenté des conflits sanglants au moment où la Yougoslavie s’effondrait, au début des années 1990. Il est mort dans sa cellule avant l’énoncé d’un verdict.

En plus de ces possibles assassinats à l’étranger, le Mossad et le Shin Bet auraient formé un centre d’opérations spéciales chargé de traquer et de tuer les membres de l’unité de commando du Hamas à l’origine du massacre du 7 octobre.

Selon le site d’information Ynet, l’unité portera le nom de « Nili », une organisation juive clandestine qui avait été créée au lendemain de la Première guerre mondiale.

Israël a d’ores et déjà annoncé que plusieurs commandants de premier plan du Hamas étaient morts pendant la guerre, même si le leader du groupe au sein de l’enclave côtière, Yahya Sinwar, et ses adjoints n’ont pas été retrouvés pour le moment.

L’AFP a contribué à cet article.

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