Ronen Bar: Israël est déterminé à éliminer les chefs du Hamas « au Liban, en Turquie, au Qatar »
Le chef du Shin Bet estime que l'assaut du 7 octobre est "notre Munich" - une référence aux efforts livrés par les Israéliens pour tuer les terroristes de l'attaque aux JO de 1972
Israël est déterminé à tuer les leaders du Hamas « partout » dans le monde, y-compris au Qatar, en Turquie et au Liban, même s’il faut des années pour y parvenir, déclare le responsable du Shin Bet, Ronen Bar, dans des enregistrements dont l’existence a été révélée dimanche.
« Partout, à Gaza, en Cisjordanie, au Liban, en Turquie, au Qatar et tous », dit-il dans l’enregistrement. « Cela prendra quelques années, mais nous le ferons ».
« Le gouvernement nous a fixé un objectif : celui d’éliminer le Hamas. Et nous sommes déterminés à le faire, c’est notre Munich », déclare-t-il dans ces enregistrements, semblant faire référence à l’opération israélienne visant à assassiner les terroristes responsables des attentats de Munich de 1972 – qui avaient fait onze morts lors des Jeux olympiques dans la ville du même nom – une opération qui avait duré de longues années.
Le Hamas aurait répondu qu’il n’était guère impressionné par ces menaces et que si Israël devait les mettre à exécution, l’État juif se rendrait coupable de violation de la souveraineté de pays qui sont ses alliés.
La guerre a éclaté le 7 octobre – lorsque environ 3000 terroristes du Hamas avaient franchi la frontière séparant l’État juif de l’enclave et qu’ils avaient semé la désolation dans les communautés du sud d’Israël, assassinant plus de 1 200 personnes sur le territoire, des civils en majorité. Des familles entières avaient été exécutées dans leurs habitations et des jeunes avaient été massacrés lors d’une rave party. Au moins 240 personnes de tous les âges avaient été enlevées, notamment des enfants et des personnes âgées, qui avaient été prises en otage et retenues en captivité au sein de l’enclave côtière.
Dans l’enregistrement, Bar admet que l’agence de renseignement a échoué dans sa mission avant l’attaque du Hamas du 7 octobre, mais que le Shin Bet « est désormais sur une tendance ascendante » et qu’il tire déjà les leçons des échecs de cette journée – des enseignements qu’il met en pratique, précise-t-il.
Le chef du Shin Bet affirme que les menaces contre Israël au cours de l’année qui s’est écoulée ont été « sans précédent » et que la plupart d’entre elles n’étaient pas connues du public. « Notre devoir est d’assurer la sécurité, de donner un sentiment de sécurité aux citoyens d’Israël. Malheureusement, nous avons échoué dans cette mission le 7 octobre », continue-t-il.
« Au cours de l’année écoulée, même avant les derniers événements, l’envergure des menaces qui planaient sur Israël a été sans précédent. Mais même dans les derniers événements, le principal est caché des regards. Il y a beaucoup de choses qui sont dissimulées sous la surface », explique-t-il.
La semaine dernière, le Wall Street Journal avait fait savoir que l’État juif prévoyait de traquer les leaders du Hamas dans le monde entier une fois qu’il aurait terminé ses combats contre le groupe terroriste à Gaza.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a ordonné aux agences d’espionnage de mettre au point des plans permettant les assassinats des plus hauts-responsables de l’organisation qui vivent en dehors de la bande, au Qatar, en Turquie et ailleurs, avait annoncé le journal, citant des propos tenus par les officiels israéliens.
Selon l’article, certains avaient appelé à assassiner sans plus de délai Khaled Mashaal, leader du Hamas qui vit à Doha, et d’autres dans le sillage de l’assaut meurtrier du 7 octobre. Toutefois, de telles actions commises sur le sol qatari ou sur le territoire turc auraient pu torpiller les efforts diplomatiques visant à obtenir la remise en liberté des otages – et l’idée avait été écartée.
Une trêve d’une semaine a finalement permis à des dizaines de femmes et d’enfants détenus en otage à Gaza d’être relâchés, en échange de la libération de prisonniers palestiniens qui étaient incarcérés pour atteinte à la sécurité nationale au sein de l’État juif. Si cette pause des combats aurait pu être prolongée, le Hamas a violé les dispositions de l’accord vendredi et l’offensive a repris son cours.
La chaîne Kan a indiqué que le Hamas avait répondu aux propos tenus par Bar, disant que les menaces portant sur les assassinats de ses leaders « reflètent la crise politique et militaire traversée par l’ennemi en raison de la résilience du peuple palestinien et des forces courageuses de la résistance ».
Il a ajouté que ces menaces « ne font pas peur aux responsables de l’organisation. Elles constituent une violation flagrante de la souveraineté de ‘pays frères’, ces pays dont l’ennemi a mentionné le nom, et elles sont une atteinte directe à la sécurité de ces pays ».
Netanyahu avait fait allusion au plan israélien d’assassinats appelés à être commis dans des pays étrangers dans un discours, fin novembre, entraînant la colère de certains qui auraient préféré que cette future campagne reste secrète, a noté le WSJ.
Le journal a aussi signalé que l’État juif examine actuellement la possibilité d’expulser des terroristes du Hamas de moindre rang de Gaza de manière à raccourcir la guerre.
Dans les années 1970, Israël avait lancé une campagne dont l’objectif était d’assassiner les terroristes palestiniens impliqués dans le massacre des Jeux olympiques de Munich. Des efforts qui avaient duré, semble-t-il, plus de deux décennies. Plusieurs personnalités palestiniennes avaient été tuées, même s’il est difficile de dire combien exactement avaient été directement impliquées dans le massacre. L’opération avait fait l’objet de deux films : « Vengeance », en 1986, et « Munich », réalisé par Steven Spielberg, en 2005.
En plus de ces possibles assassinats à l’étranger, le Mossad et le Shin Bet auraient formé un centre d’opérations spéciales chargé de traquer et de tuer les membres de l’unité de commando du Hamas à l’origine du massacre du 7 octobre.
Selon le site d’information Ynet, l’unité portera le nom de « Nili », une organisation juive clandestine qui avait été créée au lendemain de la Première guerre mondiale.
Israël a d’ores et déjà annoncé que plusieurs commandants de premier plan du Hamas étaient morts pendant la guerre, même si le leader du groupe au sein de l’enclave côtière, Yahya Sinwar, et ses adjoints n’ont pas été retrouvés pour le moment.