Lapid critiqué pour une plaisanterie sur une ministre HaTzionout HaDatit
Le chef de l’opposition, accusé de misogynie, pour avoir dit mériter une augmentation parce qu’il doit regarder une élue, dit qu’il parlait de sa conduite et non son apparence

Le chef de l’opposition, Yaïr Lapid, a suscité la controverse dimanche après avoir déclaré qu’il « méritait une augmentation » pour avoir à regarder la ministre des implantations Orit Strouk (HaTzionout HaDatit).
Lapid a lancé cette remarque alors qu’il exprimait son rejet du dogmatisme religieux en politique lors d’une interview au podcast The Dor Kahn Experience.
« Je regarde Orit Strouk – et rien que pour cela, je mérite une augmentation – et Dieu est avec elle », a-t-il déclaré, en référence à la ferveur religieuse de la ministre. « Elle qui aime dire que ‘chacun peut avoir son avis, mais Dieu est avec moi.’ »
Ses propos ont immédiatement suscité une vague de réactions indignées de la part des députés de droite, qui l’ont accusé de misogynie présumée.
Le chef du parti HaTzionout HaDatit, Bezalel Smotrich, a fustigé le chef de l’opposition pour son « attaque misogyne contre le ministre Strouk – l’une des meilleures figures politiques qu’Israël ait connues. Présentez vos excuses », l’a-t-il sommé
Le chef du parti Otzma Yehudit, Itamar Ben Gvir, a réagi sur X, écrivant qu’il « est étonnant de voir comment, pendant des années, le soi-disant ‘camp éclairé’ a soutenu une personne aussi vide, ignorante et surtout stupide comme Yair Lapid, qui réduit les femmes à des objets et leur manque de respect. »
Strouk, quant à elle, a balayé la remarque, écrivant sur X que « les femmes qui portent le poids de la guerre sur leurs épaules et dans leur cœur… méritent le plus [une augmentation]. » Elle a accompagné son message d’une vidéo où elle s’exprime lors d’une retraite pour les femmes dont les proches ont été blessés au cours de l’année écoulée.

Strouk, membre de la communauté religieuse nationale et résidente d’une implantation israélienne à Hébron, fait partie des rares femmes religieuses à siéger à la Knesset, où les partis haredi (ultra-orthodoxes) refusent de compter des députées dans leurs rangs.
Elle a souvent suscité l’ire de l’opposition pour ses positions radicales, notamment son opposition aux accords de cessez-le-feu à Gaza en échange de la libération d’otages, affirmant que cela reviendrait à « jeter à la poubelle » les acquis de la guerre. Elle a également été critiquée pour des déclarations jugées déconnectées de la réalité, comme lorsqu’elle a affirmé que certains ministres avaient du mal à joindre les deux bouts.
En 2007, le fils d’Orit Strouk, Zvi Strouk, a été condamné pour avoir torturé un adolescent palestinien.
« Il y a plus de sagesse et d’humanité au bout du foulard d’Orit Strouk que chez Yair Lapid », a déclaré le ministre de l’Éducation, Yoav Kisch. « Honte à vous, Lapid, et présentez vos excuses. »
En réponse aux critiques, Lapid a répliqué que « tout le monde sait que je parlais de son comportement et non de son apparence. Dommage que je n’aie pas entendu la même indignation lorsque Orit Strouk a déclaré que les otages devaient être abandonnés et laissés pour morts. J’attends ses excuses à ce sujet. »
Le leader de Yesh Atid a souvent été dénoncé pour ses positions jugées antireligieuses par certains et laïques par d’autres, notamment pour avoir défendu des politiques visant à réduire l’influence des ultra-orthodoxes sur les institutions de l’État et pour s’être opposé à des financements exclusivement alloués aux communautés haredi. Il s’est particulièrement distingué par son opposition aux tentatives de légaliser l’exemption des ultra-orthodoxes du service militaire et aux accords politiques avantageux conclus avec leurs partis.
Les propos de Lapid semblent faire référence à une interview donnée par Strouk la semaine dernière, au cours de laquelle elle affirmait que la victoire sur le Hamas était « plus importante » que le retour de tous les otages.
Actuellement, 59 otages sont toujours détenus par des groupes terroristes dans la bande de Gaza, dont 58 faisaient partie des 251 personnes enlevées par le Hamas le 7 octobre 2023. Parmi eux, au moins 35 sont morts, un bilan confirmé par Tsahal.
Interrogée sur la possibilité d’abandonner certains otages encore retenus à Gaza pour atteindre l’objectif stratégique d’élimination du Hamas, Strouk avait répondu sans ambiguïté, en affirmant : « C’est exactement ce que je dis. »
Le Hamas a jusqu’à présent libéré, au cours d’un cessez-le-feu qui a débuté en janvier, 38 otages – 20 civils israéliens, cinq soldats et cinq ressortissants thaïlandais et les corps de huit captifs israéliens assassinés. Le groupe terroriste a relâché 105 civils au cours d’une trêve d’une semaine fin novembre 2023, et quatre otages avaient été libérées avant cela au cours des premières semaines de la guerre.
Huit otages ont été secourus vivants par Tsahal, et les dépouilles de 41 personnes ont également été retrouvées, dont trois tués par erreur par l’armée israélienne alors qu’ils tentaient d’échapper à leurs ravisseurs, ainsi que le corps d’un soldat tué en 2014.
Le corps d’un autre soldat tué en 2014, le lieutenant Hadar Goldin, est toujours détenu par le Hamas et compte parmi les 59 otages.