L’armée israélienne annonce avoir récupéré 6 corps d’otages tués à Gaza
Une ex-otage avait affirmé à l’AFP que les six hommes étaient retenus ensemble dans un tunnel après leur enlèvement par le Hamas le 7 octobre
L’armée israélienne a confirmé avoir récupéré les corps de six otages israéliens lors d’une opération nocturne à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza. Une ex-otage avait affirmé à l’AFP que les six hommes étaient retenus ensemble dans un tunnel après leur enlèvement par le Hamas le 7 octobre.
Il s’agit des otages : Alex Dancyg, 75 ans, Yagev Buchshtav, 35 ans, Chaïm Peri, 79 ans, Yoram Metzger, 80 ans, Nadav Popplewell, 51 ans, et Avraham Munder, 78 ans.
La mort de Dancyg et Buchshtav avait été confirmée par l’armée israélienne fin juillet, tandis que celle de Peri, Metzger et Popplewell avait été déclarée par l’armée début juin. Les cinq auraient été tués à Khan Younès début 2024, bien que les causes de leur décès ne soient pas connues.
La mort de Munder a été confirmée mardi matin par le kibboutz Nir Oz.
Avec les corps récupérés, l’armée israélienne a déclaré qu’elle continuerait d’enquêter sur les causes de leur décès, y compris la possibilité que les otages aient été tués par des tirs israéliens.
L’armée israélienne affirme avoir eu des renseignements précis qui ont permis aux troupes de la 98e division et aux membres de l’agence de sécurité du Shin Bet d’atteindre un tunnel à Khan Younès et de récupérer les corps, dans le cadre d’une nouvelle offensive dans la ville du sud de la bande de Gaza.
Munder, Dancyg, Peri et Metzger ont tous été enlevés par le Hamas au kibboutz Nir Oz le 7 octobre, tandis que Buchshtav et Popplewell ont été pris en otage depuis le kibboutz Nirim.
On estime désormais que 105 des 251 otages enlevés par le Hamas le 7 octobre se trouvent toujours à Gaza, y compris les corps de 34 personnes dont la mort a déjà été confirmée par l’armée israélienne.
Le Hamas a libéré 105 civils au cours d’une trêve d’une semaine fin novembre, et quatre otages ont été libérés avant cela. Sept otages ont été sauvés vivants par les troupes, et les corps de 30 otages ont également été récupérés, dont trois tués par erreur par l’armée alors qu’ils tentaient d’échapper à leurs ravisseurs.
Le Hamas détient également deux civils israéliens entrés dans la bande de Gaza en 2014 et 2015, ainsi que les corps de deux soldats de Tsahal tués en 2014.
Mati Dancyg, fils d’Alex Dancyg, a fustigé le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu, l’accusant d’avoir « choisi d’abandonner les otages pour survivre [politiquement] ».
S’adressant à la radio publique Kan, Dancyg a pris note des témoignages d’otages libérés qui ont déclaré qu’Alex était dans un état décent au cours des premiers mois de captivité.
« Lui et tous les otages auraient pu être ramenés », accuse-t-il. « Netanyahu a choisi de sacrifier les otages. Le karma le jugera et il en paiera le prix fort. »
Netanyahu avait plus tôt adressé ses condoléances aux familles de ces six otages rapatriés en Israël.
Il avait également remercié les soldats et commandants de Tsahal ainsi que le Shin Bet pour l’opération « acharnée » qui a permis le rapatriement des corps depuis un tunnel de Khan Younès.
« L’État d’Israël continuera de déployer tous ses efforts pour restituer tous nos otages – qu’ils soient vivants ou morts », avait-il déclaré.
Le ministre de la Défense Yoav Gallant a lui salué une opération « audacieuse et dangereuse » et affirmé partager lui aussi le deuil des familles. Cet acte témoigne de la « liberté d’action » qu’Israël a acquise dans la bande de Gaza et Gallant promet de poursuivre l’opération jusqu’à ce que le Hamas soit renversé et que tous les otages soient rentrés.
Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a quant à lui adressé ses condoléances et remercié les troupes de Tsahal pour la « courageuse » opération. Il ajoute que les otages restants « ne doivent rentrer que par une pression militaire intense, en stoppant l’entrée de carburant et d’aide humanitaire au terrorisme et à ses partisans, et non par des accords irresponsables qui nous amèneront, Dieu nous en préserve, davantage d’otages et de morts à l’avenir ».
Le chef de l’opposition, Yair Lapid, a pour sa part interpelé le Premier ministre Benjamin Netanyahu pour lui demander de conclure incessamment un accord avant que les otages « ne soient tous morts ».
« Ca suffit, les réunions, les tweets », a déclaré Lapid. « Il faut que Netanyahu cesse de saboter les négociations. Il nous faut un accord maintenant, avant qu’ils ne soient tous morts. »
Une opération éclair
Le rapatriement, cette nuit, depuis le sud de la bande de Gaza, des corps des six otages est l’opération la plus rapide menée par l’armée dans le cadre de cette guerre, signe, selon des sources proches de Tsahal, sur sa capacité à reprendre rapidement le contrôle de zones dont elle s’était précédemment retirée.
Comme l’explique elle-même l’armée, les ingénieurs de combat ont mis moins de 24 heures pour trouver l’entrée du tunnel, situé à 10 mètres de profondeur et menant à un ample réseau, et trouver des indices de l’endroit où se trouvaient les corps. C’est de loin l’opération la plus rapide à ce jour, les précédentes, elles aussi destinées à récupérer les corps d’otages, ayant pris plusieurs jours.
Le Hamas avait tenté de cacher les corps dans un passage souterrain, derrière un double mur.
Tsahal a expliqué que les ingénieurs de combat de l’unité d’élite Yahalom aidés de membres de l’agence de sécurité du Shin Bet étaient parvenus à percer ce faux mur et faire exploser les portes et autres obstacles en place à l’intérieur du tunnel. En plus des corps, ils ont découvert des armes, des explosifs et d’autres équipements appartenant aux terroristes du Hamas.
L’armée israélienne a précisé que cette mission de récupération et rapatriement avait été menée suite à des combats dans le secteur, au cours desquels les soldats avaient pu analyser les bâtiments au scanner et tuer des hommes armés.
On sait de source militaire que, parmi les terroristes chargés de la surveillance du tunnel, certains ont fui et les autres ont été tués lors d’affrontements avec les soldats israéliens.
Les soldats de Tsahal ont trouvé des armes sur le corps de plusieurs de ces terroristes, morts à quelques centaines de mètres du tunnel où les corps des otages étaient cachés, non loin des accès aux passages souterrains.
Les corps de ces hommes armés ont été emmenés en Israël en même temps que les dépouilles des otages à des fins d’identification, l’armée israélienne voulant s’assurer de n’avoir laissé aucun corps sur place.