Le directeur de la prison de Gilboa limogé sur fond de bévues et controverses
Sous la direction de Freddy Ben Shitrit, 6 terroristes palestiniens se sont évadés ; le chef de prison a refusé de suivre les ordres de son supérieur qui l'a publiquement critiqué
Le directeur d’une prison du nord d’Israël qui a été le théâtre d’une évasion l’an dernier, ainsi que d’allégations choquantes selon lesquelles des détenus auraient abusé de gardiennes, a été démis de ses fonctions.
Un porte-parole de l’administration pénitentiaire israélienne a déclaré mercredi que la commissaire Katy Perry avait décidé de congédier Freddy Ben Shitrit en tant que chef de la prison de Gilboa en raison de son « inaptitude à continuer à exercer ».
L’administration pénitentiaire israélienne a déclaré que Ben Shitrit – qui était en congé imposé depuis le mois d’août après son refus d’accepter les ordres de son supérieur direct – a accepté le licenciement, et que la décision a été approuvée par le ministre sortant de la Sécurité intérieure, Omer Barlev.
Ben Shitrit avait été placé en congé forcé plus tôt cette année après avoir dit à Perry qu’il n’accepterait pas les ordres du commandant du district nord de l’administration pénitentiaire, Arik Yaakov, qui avait déclaré à une commission d’enquête sur l’évasion que Ben Shitrit « échouait sur tous les plans ».
En septembre 2021, six terroristes palestiniens se sont échappés de la prison, et les deux derniers fugitifs n’ont été recapturés que deux semaines plus tard. Les prisonniers auraient creusé un tunnel pendant des mois avant l’évasion de la prison, en utilisant des assiettes, des poignées de poêles, des débris de construction et une partie d’un cintre métallique.
Cette évasion a été considérée comme un échec majeur et une source d’embarras pour l’administration pénitentiaire israélienne.
L’évasion a mis en lumière une série de défaillances au sein de la prison, notamment l’incapacité à tirer les leçons des précédentes tentatives d’évasion et plusieurs bévues opérationnelles, notamment des miradors sans personnel et des gardiens endormis.
Yaakov a déclaré à la commission d’enquête en août que Ben Shitrit servait de « tampon caoutchouc » à la prison, en ne remettant pas en question les signalements qu’il recevait.
« Il n’était pas au courant de ce qui se passait. Cela n’aurait pu se produire nulle part ailleurs », a déclaré Yaakov, affirmant que Ben Shitrit « a réussi à tromper toute la structure de commandement de l’administration pénitentiaire ».
Dans son propre témoignage devant la commission en janvier, Perry a également blâmé Ben Shitrit, mais sans endosser elle-même la moindre responsabilité.
« Il est évident et simple de ne pas mettre deux prisonniers qui sont répertoriés comme ‘à haut risque d’évasion’ dans la même cellule pendant neuf mois, c’est la responsabilité directe du commandant de la prison », a déclaré Perry à la commission.
Ben Shitrit, quant à lui, a accepté une grande partie de la responsabilité de l’échec, mais a déclaré que d’autres étaient également en faute.
« Je tiens à préciser que j’assume l’entière responsabilité de ce qui se passe dans la prison », a-t-il déclaré à la commission. « En ce qui me concerne, j’ai donné les bons ordres. Si mes subordonnés se sont trompés, en tant que commandant, j’estime que je suis responsable. »
Le témoignage initial de Ben Shitrit en novembre 2021 avait fait les gros titres lorsqu’il avait affirmé que les soldates de Tsahal effectuant leur service militaire dans la prison en tant que gardiennes étaient « prostituées » aux détenus palestiniens.
Les incidents présumés ont eu lieu avant que Ben Shitrit ne devienne le chef de la prison de Gilboa. Les allégations ont été rapportées pour la première fois en 2018, mais ont été fermement démenties par l’administration pénitentiaire et une enquête a été clôturée.
Les commentaires de Ben Shitrit ont ramené le scandale sur le devant de la scène, et depuis, le terroriste palestinien Mahmoud Atallah a été désigné comme le détenu qui aurait agressé des gardiennes de prison, et les accusations font l’objet d’une enquête.
A LIRE : 25 % des femmes qui font leur service dans la police ou les prisons victimes d’abus sexuels