Le KKL-JNF fait avancer l’achat controversé de terres en Cisjordanie
Cette décision polémique a été adoptée par le conseil d'administration après que ses membres de gauche ont tenté, en vain, de la repousser
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
La question des activités du KKL-JNF, en Cisjordanie, a entraîné un débat féroce – même si cela a été particulièrement le cas en-dehors des frontières israéliennes, avec des groupes juifs libéraux de la diaspora qui ont émis de vives critiques à ce sujet.
Le KKL-JNF repose depuis longtemps sur les dons venus de l’étranger et les Juifs de la diaspora associent généralement le groupe à ses petites tirelires caritatives ou à ses arbres plantés en Israël. Mais au cours des deux dernières décennies, la branche américaine de l’organisation a divorcé presque entièrement de sa sœur israélienne et elle se présente dorénavant exclusivement sous le nom de JNF, ce qui entraîne une forte confusion parmi les donateurs qui ont du mal à savoir où leurs fonds sont transférés au vu des activités menées par le KKL-JNF qui se sont multipliées au-delà de la Ligne verte. Le JNF finance aussi des projets en Cisjordanie, mais leur nombre est limité.
Jeudi, un vote au sein du KKL-JNF était organisé pour permettre aux opérations de l’organisation au-delà de la Ligne verte d’atteindre un niveau encore supérieur en permettant l’achat de terres afin de renforcer le développement des implantations.
La veille du vote, un représentant du conseil d’administration issu du parti Kakhol lavan a envoyé un courrier au président du KKL-JNF, Avi Duvdevani, lui recommandant vivement de repousser cette décision afin « d’éviter une controverse nationale et internationale en cette période sensible », a fait savoir Haaretz.
Avraham Duvdevani a pris ses fonctions à l’automne dernier et œuvre actuellement à changer les politiques mises en place. La nomination de Duvdevani est survenue dans le contexte de l’influence croissante de la droite au sein des organisations sionistes, comme le KKL. Cette initiative est venue en réponse à des pressions émanant des lobbyistes pro-implantations, que l’organisation aurait tenté de garder discrètes.
Le rabbin Rick Jacobs, à la tête de l’Union du Judaïsme réformé, le plus important mouvement juif en Amérique du Nord, a déclaré que le glissement des objectifs du KKL-JNF émanait des élections récentes au Congrès sioniste mondial qui avait fait arriver au pouvoir des leaders de droite plus étroitement alignés avec le gouvernement israélien.
Son groupe et d’autres, opposés aux implantations, ont dénoncé cette proposition. Jacobs s’inquiète de ce que cette initiative puisse salir le nom du KKL pour de nombreuses personnes en Occident ou attiser les tensions avec la nouvelle administration américaine qui est également opposée à l’expansion des implantations.
Le KKL-JNF a travaillé en Cisjordanie par le passé mais, a remarqué Jacobs, ses activités avaient chuté de manière spectaculaire au cours des deux dernières décennies avant que le groupe ne les reprenne, les faisant accélérer en secret au cours de ces dernières années.
Le KKL, fondé en 1901 pour acheter et développer des terres destinées à l’implantation des Juifs en Israël et particulièrement connu pour les centaines de millions d’arbres plantés par l’organisation dans tout Israël. Il a sous sa tutelle, au nom de la population juive, environ 15 % des terres du pays dont l’administration est assurée par l’Autorité israélienne des terres.
Sorte d’ONG officiellement inscrite comme entreprise d’intérêt public, le KKL intervient dans les domaines des forêts, de l’eau, du développement communautaire, du tourisme, de la recherche et du développement. L’Organisation sioniste mondiale est son organisation-mère.