Le Likud et Yisrael Beytenu cherchent à conclure l’accord de coalition dans l’après-midi
Liberman abandonnerait ses demandes sur l’enrôlement des ultra-orthodoxes et le mariage civil et les réduirait sur la peine de mort, alors que les parties cherchent à conclure pour étendre rapidement la coalition
Les négociations de coalition entre le parti Likud au pouvoir et Yisrael Beytenu devraient continuer dimanche, les deux parties ayant déclaré espérer atteindre un accord dans l’après-midi.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu est impatient de faire officiellement entrer le parti et ses cinq mandats dans la coalition, la faisant passer de 61 sièges actuellement – la plus faible majorité possible dans une Knesset qui en compte 120 – au nombre plus stable de 66.
Les efforts de Netanyahu pour étendre sa coalition ont entraîné une rupture spectaculaire avec l’un de ses plus proches alliés au sein du Likud, le ministre sortant de la Défense Moshe Yaalon, après que Netanyahu a proposé ce poste au président de Yisrael Beytenu, le député Avigdor Liberman.
Les négociations ont été lancées mercredi, et même si des sources anonymes ont indiqué qu’elles seraient rapides, des accrochages auraient lieu sur deux sujets, les retraites des immigrants âgés de l’ancienne Union soviétique, et la promesse de campagne de Liberman sur la mise en place de la peine de mort pour les terroristes jugés coupables de meurtres motivés idéologiquement.
Les précédentes demandes de Yisrael Beytenu, particulièrement l’extension du service militaire ou civil à la communauté ultra-orthodoxe, et la mise en place d’un mariage civil, ont été abandonnées avant le début des négociations, selon plusieurs sources.
La brutalité du départ de Yaalon est l’une des raisons pour lesquelles les deux partis sont impatients de conclure rapidement les négociations.
Yaalon a démissionné vendredi, citant son « manque de confiance » envers Netanyahu et prévenant que des « éléments dangereux » ont pris le Likud et le pays.
Yaalon a officiellement soumis sa démission à la Knesset samedi soir. Elle entrera en effet 48 heures après, quand le prochain candidat sur la liste du Likud, le militant du mont du Temple Yehudah Glick, prêtera serment pour devenir député.
Yaalon assistera dimanche à une cérémonie d’adieu officielle au siège de l’armée, au complexe de la Kirya à Tel Aviv, après quoi le poste de ministre de la Défense sera officiellement attribué à Netanyahu, qui est aussi ministre des Affaires étrangères, des Communications, de la Coopération régionale et de l’Economie, jusqu’au serment de Liberman.
Le remplacement de Yaalon, ancien chef d’Etat-major de l’armée israélienne, par Liberman, provocateur avec peu d’expérience militaire, a déclenché chez beaucoup la colère et l’inquiétude. Samedi soir, plusieurs centaines de personnes s’étaient rassemblées à Tel Aviv pour manifester contre la nomination de Liberman et appeler à la démission de Netanyahu.
Netanyahu craint que si les négociations durent trop longtemps, cela déstabilise son propre parti. Beaucoup de ministres important du Likud pensent qu’une offre trop généreuse à Yisrael Beytenu entraînera de nouvelles demandes de HaBayit HaYehudi, qui détient huit sièges, contre six pour Yisrael Beytenu, mais doit se contenter de portefeuilles moins prestigieux, l’Education et la Justice.
Si le dirigeant de HaBayit HaYehudi, Naftali Bennett, décide de demander le poste vacant de ministre des Affaires étrangères, cela libèrerait le portefeuille de l’Education, le ministère au budget le plus important après celui de la Défense, et entraînerait probablement un effet domino de demandes des membres du Likud pour monter dans la hiérarchie gouvernementale.
Pour bloquer un tel scénario, Netanyahu a annoncé vendredi qu’il gardait le poste de ministre des Affaires étrangères au cas où l’Union sioniste de centre gauche, éconduite la semaine dernière au profit de Yisrael Beytenu, reconsidèrerait son opposition à rejoindre le gouvernement.
Retraites et peine de mort
Vendredi, Liberman et Netanyahu se sont rencontrés pour discuter d’une proposition de nouveaux financements pour aider à remplacer les retraites absentes des immigrants de l’Union soviétique pour des aides sociales.
Beaucoup de ces immigrants sont arrivés en Israël trop âgés pour économiser assez d’argent pour une pension de retraite suffisante, tout en n’ayant pas de droit à la retraite dans les pays qu’ils ont quittés.
Des mois de travail préliminaire sur cette proposition ont déjà été faits par le ministère de l’Intégration, ce qui est, selon les experts, une des raisons cruciales pour lesquelles Liberman a accepté d’entrer au gouvernement.
Les nombres du ministère des Finances cités samedi par le site d’informations Walla montrent que 78 000 immigrants de première génération, dont la plupart viennent des anciens états soviétiques, vivent grâce à une aide de l’Etat. Beaucoup de ces Israéliens russophones ayant atteint l’âge de la retraite constituent le cœur de la base électorale de Liberman.
Liberman aurait rencontré le ministre des Finances Moshe Kahlon vendredi, peu après sa rencontre avec le Premier ministre.
Parallèlement, la demande racoleuse de Liberman sur la mise en place de la peine de mort dans les tribunaux militaires et civils pour les terroristes a été spectaculairement réduite, selon de multiples informations.
La demande actuelle du parti est un amendement aux régulations régissant les tribunaux militaires bien plus limité, qui autoriserait les jurys de juges militaires à condamner un terroriste à mort par un vote majoritaire, plutôt que la règle actuelle qui nécessite une décision unanime.
Le pouvoir de condamner les terroristes à mort n’a jamais été utilisé par les cours militaires israéliennes, et la peine de mort n’a jamais été requise par les procureurs militaires. L’effet pratique du changement proposé n’est pas évident.