Le ministre turc des Affaires étrangères attendu en Israël pour une courte visite
Dernier signe de dégel des relations, Mevlut Cavusoglu rencontrera Lapid et prévoit de visiter le mont du Temple sans responsables israéliens
Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël
Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, se rendra en Israël mardi et mercredi, a annoncé lundi soir le ministère israélien des Affaires étrangères.
Le ministre devrait atterrir en Israël mardi matin et rendre visite au président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas à Ramallah plus tard dans la journée.
Mercredi, Cavusoglu rencontrera le ministre des Affaires étrangères Yair Lapid. Les deux diplomates feront ensemble des déclarations peu avant midi.
Cavusoglu déjeunera ensuite avec le ministre du Tourisme Yoel Razvozov, puis il se rendra dans la Vieille Ville de Jérusalem pour une visite privée sur le Mont du Temple.
Cavusoglu a prévu de se rendre dans l’enceinte du Mont du Temple sans qu’aucun Israélien ne l’accompagne, a indiqué la chaîne publique Kan, citant « un responsable au courant des détails ».
Cette visite aurait provoqué des tensions entre Ankara et Jérusalem, et aurait également soulevé des discussions impliquant le Shin Bet, le service de sécurité intérieure, sur le protocole de sécurité à suivre pour cette visite, selon la source.
Pourtant, lundi soir, un responsable diplomatique a affirmé au Times of Israel que le plan n’avait pas causé de tension.
« Israël est un pays où règne la liberté de culte, et il n’y a aucun problème à ce qu’un musulman fasse une visite privée sur le Mont du Temple », a déclaré le responsable.
Le Mont du Temple est le lieu le plus sacré pour les Juifs, car c’est l’emplacement des temples bibliques, et la mosquée Al-Aqsa, qui se trouve au sommet du mont, est le troisième site le plus sacré pour les musulmans. Israël revendique la souveraineté sur l’ensemble de Jérusalem et de sa Vieille Ville, mais le complexe du mont du Temple, ou Haram al-Sharif, est administré par le Waqf musulman, et les Juifs sont autorisés à le visiter à certaines heures, mais pas à y prier.
Cavusoglu terminera sa visite mercredi soir par un événement avec des chefs d’entreprise à Tel Aviv, et une réunion avec l’organisation qui chapeaute les Juifs turcs d’Israël.
La visite de l’envoyé turc en Israël avait déjà été annoncée par le président Isaac Herzog et Cavusoglu en mars, lors de la visite de Herzog à Ankara.
Cavusoglu devait venir en avril, mais la date avait été reportée, Israël voulant éviter d’attiser davantage une situation tendue à Jérusalem pendant le ramadan. Des combats quasi quotidiens entre la police et les Palestiniens ont eu lieu dans la capitale pendant les fêtes, essentiellement sur le mont du Temple.
Les liens entre Jérusalem et Ankara se sont récemment réchauffés, et la visite de Cavusoglu serait le premier voyage dans l’État juif d’une personnalité aussi haut placée du gouvernement turc depuis des années.
Le réchauffement des liens bilatéraux a connu un petit accroc le mois dernier en raison des affrontements à Jérusalem, le président turc Recep Tayyip Erdogan ayant exprimé son inquiétude à Herzog au sujet des violences.
Peu après, Erdogan avait, cependant, affirmé que le rapprochement de la Turquie avec Jérusalem se poursuivrait malgré les tensions sur le mont du Temple. Erdogan avait aussi déclaré que la Turquie continuerait à protester bruyamment contre les actions israéliennes sur le lieu saint, mais que cela n’aurait pas d’incidence directe sur les relations diplomatiques entre les deux pays.
Le mois dernier, lors d’une rencontre avec des journalistes israéliens, Cavusoglu a déclaré que la Turquie cherchait à établir des « relations durables » avec Israël, mais que ces liens dépendaient de la politique d’Israël à l’égard des Palestiniens.
« Nous demandons de la part d’Israël de respecter le droit international sur la question palestinienne », a-t-il déclaré.
Cavusoglu s’est entretenu avec Lapid en janvier, marquant le premier appel téléphonique entre les ministères des affaires étrangères des deux pays en 13 ans.
Le voyage de M. Herzog à Ankara, début mars, était la visite la plus importante d’un responsable israélien depuis celle de l’ancien Premier ministre Ehud Olmert en 2008.
Autrefois alliés régionaux solides, les deux pays ont vu leurs liens se détériorer pendant le long mandat d’Erdogan, le président turc ayant ouvertement critiqué la politique d’Israël à l’égard des Palestiniens.
Israël n’a pas apprécié les relations chaleureuses d’Erdogan avec le Hamas, le groupe terroriste qui contrôle la bande de Gaza.
Les deux pays ont réciproquement retiré leurs ambassadeurs en 2010, après que l’armée israélienne a été attaquée lors de l’interception d’une flottille à destination de Gaza transportant de l’aide humanitaire pour les Palestiniens. 10 citoyens turcs ont été tué par Israël dans la mêlée qui a suivi.
Les relations se sont ensuite graduellement améliorées, avant de se dégrader à nouveau en 2018, après que la Turquie, irritée par le transfert de l’ambassade des États-Unis à Jérusalem, a une nouvelle fois rappelé son envoyé en Israël, ce qui a incité ce dernier à lui rendre la pareille.
Plus tôt ce mois-ci, Erdogan a envoyé une lettre de félicitations à Herzog pour Yom HaAtsmaout et les deux hommes se sont parlé au téléphone, marquant ainsi la troisième fois en plusieurs semaines que les deux dirigeants se parlaient au téléphone.
Le 1er avril, Erdogan a condamné une série d’attaques terroristes palestiniennes qui ont fait 11 morts.