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Le ton se durcit au dernier rassemblement réclamant un accord sur les otages

Les organisateurs et les intervenants, lors de la manifestation organisée à Tel Aviv, accusent Benjamin Netanyahu d'être guidé par le désir d'éviter des élections

Les Israéliens lors d'un rassemblement appelant à la libération des otages détenus par les terroristes du Hamas à Gaza sur la place des otages à Tel Aviv, le 3 février 2024. (Crédit : Miriam Alster/Flash90)
Les Israéliens lors d'un rassemblement appelant à la libération des otages détenus par les terroristes du Hamas à Gaza sur la place des otages à Tel Aviv, le 3 février 2024. (Crédit : Miriam Alster/Flash90)

C’est un ton plus dur qui a caractérisé les discours prononcés lors du rassemblement hebdomadaire exigeant la remise en liberté des otages détenus par le Hamas à Gaza à Tel Aviv, samedi soir. Les intervenants ont accusé le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu d’être indifférent au sort réservé aux captifs et ils ont estimé que le chef du gouvernement n’était guidé que par ses intérêts personnels propres, s’efforçant d’éviter d’éventuelles enquêtes et autres élections.

Lors des précédentes manifestations qui avaient eu lieu sur la Place des Otages, les organisateurs comme les intervenants avaient volontairement adopté une ligne non-partisane, faisant une distinction claire entre leur campagne de sensibilisation – qui se focalise sur la nécessité de garantir la libération des otages – et le mouvement de protestation anti-gouvernemental qui se tenait ailleurs au même moment.

Le renoncement à cette nature délibérément apolitique a été évident lors du 17e rassemblement, cette semaine, du Forum des Familles des otages et des portés-disparus, qui a regroupé des milliers de personnes. Rami Beja, qui a lancé et animé la soirée, a ainsi dit que le retour des captifs sur le sol israélien était « le seul moyen de restaurer la confiance portée par les Israéliens dans les dirigeants du pays ».

Lors des manifestations précédentes, il avait vivement recommandé aux participants d’éviter de « s’engager dans la politique ».

Ronen Manelis, général de brigade réserviste et ancien porte-parole de l’armée israélienne, a évoqué son manque de confiance dans le gouvernement israélien.

« Les discours qui ont été tenus ces derniers jours, les fuites, les manipulations, l’absence de leadership, cette incapacité à prendre des décisions difficiles entraînent des questions douloureuses sur le manque d’engagement de l’État à l’égard de ses citoyens, sur d’éventuelles considérations autres que cet engagement pourtant crucial qui viendraient influencer la prise de décision – ou, plus précisément, l’absence de prise de décision », a commenté Manelis.

L’ancien porte-parole de l’armée Ronen Manelis s’exprime sur la place des otages de Tel Aviv, le 3 février 2024. (Crédit : The Hostages and Missing Families Forum)

Le Forum demande à Netanyahu d’accepter un cadre qui permettrait d’ouvrir la voie à un échange de prisonniers avec le Hamas – le groupe terroriste détiendrait 132 otages qui avaient été enlevés par ses hommes armés lors de l’assaut meurtrier commis par ces derniers sur le sol israélien, le 7 octobre.

Manelis est encore allé plus loin dans son discours, accusant le gouvernement de déterminer sa politique sur la libération des otages à partir d’une seule préoccupation : celle d’éviter à tout prix de nouvelles élections.

« Les leaders israéliens, le cabinet de guerre, son dirigeant ont peur de prendre la décision » d’accepter un échange de prisonniers, a continué Manelis, « parce qu’ils craignent qu’un cessez-le-feu temporaire n’entraîne des critiques, des enquêtes et le processus d’un retour aux urnes des électeurs qui seraient appelés à réaffirmer la confiance qu’ils portent en ceux qui les gouvernent ».

Avi Benayahu s’exprime sur la place des otages de Tel Aviv, le 3 février 2024. (Crédit : The Hostages and Missing Families Forum)

Avi Benayahu, qui était lui aussi porte-parole de l’armée et qui est général de réserve, s’est adressé directement à Netanyahu et à sa coalition dans son allocution, les accusant « d’abandon, de négligence, d’arrogance » et d’avoir « renforcé le Hamas ». Il a appelé le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir et le ministre des Finances Bezalel Smotrich, deux chefs d’extrême-droite qui ont insisté sur le fait qu’ils s’opposeraient à la libération d’un grand nombre de terroristes dans le cadre d’un accord sur les otages, « de radicaux qui veulent nous emmener tout droit vers le chaos ».

Benayahu, critique de longue date de Netanyahu, a demandé au Premier ministre d’accepter un accord « très douloureux, très difficile » avec le groupe terroriste concernant la remise en liberté des otages. « Le Hamas est encerclé, il n’ira nulle part », a-t-il expliqué alors qu’il défendait le principe d’une trêve. « Mais nous allons perdre les otages », a-t-il continué.

La police montée israélienne déployée lors d’un rassemblement réclamant la démission du gouvernement, des élections anticipées et la libération des otages israéliens détenus à Gaza depuis le 7 octobre par le Hamas à Tel Aviv, le 3 février 2024. (Crédit : AHMAD GHARABLI / AFP)

A courte distance de la Place des Otages, ce sont plusieurs milliers de personnes qui ont manifesté contre le gouvernement, rue Kaplan. Les participants, avec parmi eux des proches des otages, ont bloqué la circulation par intermittence sur l’autoroute Ayalon adjacente et dans la rue Ibn Gvirol, se heurtant à la police.

Des policiers ont été filmés en train de tenter de faire reculer les protestataires. Il y a eu des arrestations.

Des familles et des soutiens des otages détenus à Gaza bloquent l’autoroute Ayalon à Tel Aviv, le 3 février 2024. (Crédit : Barak Dor)

Le mouvement de protestation anti-gouvernemental qui a eu lieu rue Kaplan et un autre rassemblement similaire, place Habima, se sont tenus pour la sixième semaine consécutive. Des images des manifestations montrent les participants brandir des panneaux et entonner des slogans appelant Netanyahu à démissionner.

Sur la Place des otages, les proches de ces derniers ont pris la parole, demandant au gouvernement de rapatrier les captifs ou « de les ramener maintenant à la maison dans le cadre d’un accord », comme l’a déclaré Carmit Palti-Katzir, dont le frère Elad a été enlevé au kibboutz Nir Oz.

Les Israéliens lors d’un rassemblement appelant à la libération des otages enlevés par les terroristes du Hamas à Gaza sur la « place des otages » de Tel Aviv, le 3 février 2024. (Crédit : Miriam Alster/Flash90)

Les 120 jours qui viennent de s’écouler ont été « l’enfer sur Terre » pour sa famille, a ajouté Palti-Katzir qui a parlé de sa difficulté à expliquer à son fils de trois ans où se trouve actuellement son oncle.

Palti-Katzir a ensuite énuméré les noms de personnalités de la coalition et de proches de Netanyahu – le ministre de la Défense Yoav Gallant; le ministre Benny Gantz; l’ancien ambassadeur aux États-Unis Ron Dermer et le député du Shas, Aryeh Deri – ainsi que le nom de Netanyahu lui-même : « Je veux leur dire de la manière la plus directe : Ne laissez pas des considérations partisanes tuer les otages. Ils sont la chair de notre chair et ils sont aussi la vôtre. Ils ne sont pas ce plateau d’argent sur lequel la guerre vous a été présentée. Et je le dis à ceux qui se livrent à des incitations et qui disent que les progrès réalisés dans l’accord sont ‘irréfléchis’ ; je le dis très clairement : Un accord irréfléchi serait un accord où nous abandonnerions nos citoyens à Gaza ».

« Le Plateau d’argent » est un poème emblématique qui avait été écrit en 1947 par Nathan Alterman, qui décrivait les victimes de guerre juives comme autant de sacrifices nécessaires pour permettre à l’État d’Israël naissant de voir le jour. Ben Gvir a averti qu’il renverserait le gouvernement si ce dernier devait accepter un accord « irréfléchi » avec le Hamas.

Environ 3 000 terroristes du Hamas avaient envahi Israël, le 7 octobre, assassinant environ 1 200 personnes dont la plus jeune avait 10 mois et kidnappant 253 personnes, prises en otage dans la bande de Gaza. Plus de 100 otages avaient été libérés dans le cadre d’un échange de prisonniers qui avait eu lieu au cours d’une trêve qui avait duré une semaine, à la fin du mois de novembre. Le plus jeune otage toujours détenu par le Hamas a un an.

Le ministère de la Santé dirigé par le Hamas, à Gaza, a indiqué qu’au moins 27 000 personnes ont été tuées dans la bande de Gaza en résultat de la campagne militaire israélienne actuellement en cours au sein de l’enclave côtière – son objectif est de renverser le régime terroriste au pouvoir et de garantir la libération des otages. Des chiffres qui sont invérifiables et qui comprennent à la fois hommes armés et victimes civiles. Tsahal déclare avoir abattu au moins 10 000 terroristes du Hamas dans sa guerre à Gaza. Plus de 220 soldats sont par ailleurs tombés sur le front dans les combats qui déchirent la bande.

Selon de nombreuses informations qui n’ont pas été confirmées, le Hamas réclamerait d’importantes concessions de la part d’Israël dans le cadre d’un éventuel accord. Le ministre de la Sécurité nationale, Ben Gvir, a déclaré la semaine dernière que certaines dispositions figurant dans le dit accord en préparation – avec notamment un cessez-le-feu qui pourrait durer des semaines ou des mois et la remise en liberté de milliers de terroristes incarcérés dans les prisons israéliennes – étaient « irréfléchies ». Le ministre d’extrême-droite a menacé de se retirer de la coalition si ce projet devait se concrétiser, mettant en péril le gouvernement.

Netanyahu, de son côté, a écarté toute possibilité de relâcher des milliers de prisonniers en échange des otages. Il a aussi refusé une autre demande déterminante du Hamas – celle de mettre un terme à la guerre et de retirer les troupes israéliennes de Gaza – insistant sur le fait que la guerre ne se terminera que lorsque le groupe terroriste sera anéanti et que tous les captifs auront été libérés.

Un argument de premier plan des opposants aux dispositions qui figureraient dans ce projet d’accord est le danger à la sécurité des Israéliens que représenterait la remise en liberté d’un grand nombre de terroristes condamnés au sein de l’État juif. L’accord qui avait permis au soldat Gilad Shalit d’être relâché avait entraîné la libération de 1 027 détenus palestiniens qui étaient condamnés pour atteinte à la sécurité nationale – et certains d’entre eux avaient ensuite commis des attentats meurtriers. Et parmi eux figurait Yahya Sinwar, qui est dorénavant à la tête du Hamas à Gaza et qui a été le cerveau de l’attaque meurtrière du 7 octobre.

Pour contrer ces arguments, le Forum des familles des otages et des portés-disparus a présenté, lors de son rassemblement, une compilation de déclarations faites par d’anciens responsables de premier plan de l’establishment de la sécurité et qui accordent tous la priorité à la remise en liberté des otages.

Des milliers de manifestants, sur la place Habima de Tel Aviv, réclament de nouvelles élections, le 3 février 2024. (Crédit : viv Atlas)

Dans cette compilation qui a été présentée sur écran géant, l’ancien chef de l’agence de sécurité du Shin Bet déclare : « Je soutiens la libération de tous les prisonniers » en échange de la remise en liberté des otages. Son successeur, Nadav Argaman, qualifie le retour des otages « de mission la plus importante entre toutes les autres » et l’ex-ministre de la Défense, Shaul Mofaz, estime que « sans retour des otages, il n’y aura pas de victoire ».

Un autre groupe de familles d’otages, le Forum Tikvah, revendique un positionnement totalement différent. Ses membres, qui comprennent les parents de certains des otages retenus en captivité à Gaza, refusent toute concession faite au Hamas et ils prônent une libération des otages soit par la force, soit par le biais d’un accord « qui ne mettrait pas en danger les autres Israéliens », ont-ils dit.

Une autre manifestation qui a rassemblé des centaines de personnes a défilé, samedi soir, à Jérusalem, demandant la libération immédiate des otages. Certains ont brandi des panneaux et entonné des slogans critiquant le gouvernement et réclamant notamment la démission de Netanyahu.

Les manifestants réclamant la libération des otages marchent vers la place de Paris à Jérusalem, le 3 février 2024. (Crédit : Charlie Summers/Times of Israel)

Lors du mouvement de protestation qui était organisé à Jérusalem, Leebie Goldberg-Polin a lu un poème au sujet de son frère absent, Hersh Goldberg-Polin, qui a été grièvement blessé alors qu’il participait au festival de musique électronique Supernova et qui a été pris en otage par le groupe terroriste. « 120 jours et tout ce que je veux, c’est pouvoir te prendre dans mes bras », a-t-elle dit en évoquant son frère.

Cet événement de Jérusalem – le Forum des familles des otages et des portés-disparus a signalé qu’il n’en était pas l’organisateur – s’est heurté à une poignée de contre-manifestants qui, se tenant derrière les barrières de la police, ont perturbé les discours par des cris et des huées et qui ont brandi des panneaux comparant un potentiel accord sur les otages aux Accords d’Oslo.

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