Israël en guerre - Jour 349

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Les flambées d’antisémitisme violent désormais de rigueur dans les facs européennes

Cette violence serait le fruit d'une combinaison de groupes pro-terroristes, d'enseignants sympathisants et de réponses hésitantes des autorités

Après avoir assisté à une commémoration organisée à l’occasion de Yom HaShoah la semaine dernière, un jeune homme a décidé d’aller jeter un coup d’œil au campement anti-Israël situé à côté de son alma mater, l’université d’Amsterdam.

La tension et la colère étaient telles sur le campus de Roeterseiland le 6 mai que le jeune homme juif s’est immédiatement senti en danger en franchissant le point de contrôle illégal que les étudiants anti-Israël avaient mis en place, a-t-il confié au Times of Israel sous le couvert de l’anonymat.

L’homme d’apparence nord-européenne – qui ne portait aucun symbole juif ou israélien – a eu raison d’avoir peur. Quelques minutes plus tard, une personne portant un keffieh autour du visage et tenant une planche de bois l’a frappé à la tête, un incident qui a choqué d’innombrables téléspectateurs en raison de la violence sauvage dont témoignent les vidéos et les images prises sur les lieux, montrant de multiples assaillants s’en prendre à plusieurs personnes.

« J’ai vu dans ses yeux la même haine que celle qui animait les terroristes du Hamas le 7 octobre. Je savais que cette haine existait à Gaza, mais je ne m’attendais pas à ce qu’elle se manifeste dans ma ville sûre d’Amsterdam », a raconté le jeune homme en décrivant son assaillant.

Les violences se sont déroulées en présence de deux policiers qui n’ont arrêté personne lors de l’événement.

Cet homme fait partie des nombreux juifs et non-juifs qui, bien que conscients de la prolifération de l’antisémitisme et des propos au vitriol anti-Israël en Europe et autour d’eux, ont néanmoins été choqués par la rapidité et la force avec lesquelles ces sentiments ont explosé au sein des universités à travers le Vieux continent et bien au-delà.

Capture d’écran de la vidéo d’un rassemblement pro-palestinien et anti-Israël à l’université d’Amsterdam, le 6 mai 2024. (Crédit : X ; utilisé conformément à la clause 27a de la loi sur le droit d’auteur)

Les témoins et les professionnels de la lutte contre le racisme qui observent cette tendance ont avancé plusieurs explications, dont l’implication accrue de groupes pro-terroristes tels que Samidoun dans les universités des Pays-Bas et au-delà, ainsi que l’inaction de la police et les actions anti-Israël menées par certaines facultés.

« Depuis de nombreuses années, nous craignons, dans la communauté juive, que les campagnes anti-Israël ne se transforment en violence antisémite qui bouleverserait notre vie quotidienne. Cette crainte est désormais une réalité. »

L’homme a été légèrement blessé lors de l’attaque, au cours de laquelle des manifestants anti-Israël ont commencé à frapper sans discernement toute personne qu’ils suspectaient de participer à un rassemblement d’une dizaine de contre-manifestants pro-Israël (l’homme ne participait pas à la contre-manifestation, a-t-il affirmé au Times of Israel).

Une autre victime a subi des blessures à la tête qui ont nécessité des soins médicaux. La police n’a pas répondu à la demande du Times of Israel de savoir si elle avait arrêté les assaillants présumés et pourquoi ses agents n’avaient pas stoppé les attaques. Ces derniers jours, la police a arrêté des dizaines de militants anti-Israël dans des campements aux Pays-Bas.

Des policiers néerlandais arrêtent un manifestant sur le terrain Binnengasthuis de l’Université d’Amsterdam (UvA), soutenant les étudiants pro-palestiniens et anti-Israël qui occupent l’UvA, à Amsterdam, le 8 mai 2024. (Crédit : Ramon van Flymen / AFP)

L’agitation anti-Israël se mondialise

Les violences survenues ces derniers mois à l’université d’Amsterdam s’inscrivent dans le cadre d’une campagne mondiale de mobilisation anti-Israël, qui prend souvent la forme d’agressions antisémites ou d’actes d’intimidation à l’intérieur ou autour de camps illégaux installés par des centaines, voire des milliers, d’étudiants sur des campus universitaires. De nombreuses administrations d’universités ont entamé des négociations avec les responsables de ces actions. Certaines se sont soldées par des descentes de police, mais d’autres ont été démantelées pacifiquement.

En Amérique du Nord, l’éruption de l’hostilité et son intensité semblent avoir pris au dépourvu les Juifs européens et leurs alliés, qui font face depuis des années à une violence anti-Israël et antisémite à grande échelle.

Partout en Europe, même des observateurs aguerris découvrent qu’ils ne sont pas préparés à la nouvelle réalité qui prévaut dans les établissements universitaires depuis le 7 octobre.

Le 8 mai, une chrétienne dont le mari est chercheur en études juives à l’université de Hambourg a été agressée si violemment lors d’une conférence sur l’antisémitisme organisée par l’université qu’elle a dû être hospitalisée, a-t-elle confié au Times of Israel.

L’agression a eu lieu après qu’une femme a crié sur son mari, l’accusant d’être un « tueur d’enfants ». L’allégation de « tueur d’enfants » est l’un des slogans fréquemment entendus sur les campus occidentaux, au même titre que les appels à une « intifada mondiale » et à « Du fleuve à la mer, la Palestine sera libre » – des phrases que beaucoup interprètent comme appelant respectivement au meurtre des Juifs et au nettoyage ethnique.

Sa femme a sorti son téléphone pour filmer les propos, a-t-elle raconté, sous couvert d’anonymat pour des raisons juridiques. « Naïvement, je lui ai même demandé la permission de filmer », se souvient l’épouse de l’universitaire. Elle était consciente que ce discours de haine était utilisé contre des personnes perçues comme pro-sionistes, mais elle ne s’attendait pas à être attaquée.

Une troisième femme, identifiée par le magazine allemand Der Spiegel comme une jeune femme de 26 ans née en Somalie, s’est mise à un moment donné à étrangler l’épouse de l’universitaire et à lui donner des coups de poing, la jetant au sol et la laissant avec une commotion cérébrale.

« Je suis l’évolution de l’antisémitisme depuis des années, et plus particulièrement ces derniers mois, mais je ne m’attendais pas à cela. Il est clair que j’avais mal évalué le danger », a-t-elle déclaré.

L’épouse de l’universitaire se souvient également avoir entendu une femme se plaindre à la police par téléphone dans l’amphithéâtre, en disant « qu’une femme juive venait d’agresser une femme musulmane ». « Immédiatement, ils ont essayé d’inverser l’histoire et de faire de moi l’agresseuse, en supposant que j’étais juive », a déclaré l’épouse de l’universitaire.

Des piétons marchent sur le campus de l’université de Hambourg, en Allemagne, le 18 février 2015. (Crédit : Wikimedia Commons/Uwe Barghaan)

Hauke Heekeren, le président de l’université de Hambourg, a déclaré dans un communiqué : « Nous sommes profondément choqués et condamnons fermement cette violence antisémite ».

La police a arrêté la suspecte de l’agression, mais cette dernière a prétendu que c’était la femme de l’universitaire qui l’avait frappée en premier. L’épouse de l’universitaire prépare donc à l’heure qu’il est sa défense contre les allégations selon lesquelles elle aurait été à l’origine de l’agression.

« Nous sommes très surpris par cette explosion de haine, car cela fait des années qu’elle se développe dans la clandestinité », a expliqué l’épouse de l’universitaire. « Elle s’est développée et nous savions qu’il y avait un problème, bien sûr, mais maintenant nous en voyons les dimensions réelles. »

Pour l’épouse de l’universitaire, l’incident a servi de signal d’alarme. « L’Europe et les États-Unis doivent se réveiller, le temps des débats et de la réflexion au ralenti est révolu si nous voulons protéger notre démocratie, la liberté de religion et d’expression dans les universités et au-delà », a-t-elle déclaré.

Des incidents qui ne sont pas isolés

Dans un article publié samedi dans le quotidien Het Parool, une étudiante en psychologie de 24 ans de l’université d’Amsterdam a déclaré, sous couvert d’anonymat, qu’elle s’était sentie relativement en sécurité pendant des mois après le 7 octobre, alors même qu’une mobilisation anti-Israël prenait forme autour d’elle.

L’étudiante a continué à assister aux événements et aux conférences organisés par l’université, alors même que l’hostilité à l’égard d’Israël augmentait en raison de sa guerre contre le Hamas, déclenchée par les terroristes qui, le 7 octobre, ont assassiné près de 1 200 personnes en Israël et en ont kidnappé 252.

Le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, affirme que plus de 35 000 personnes ont été tuées dans les combats jusqu’à présent, un bilan qui ne peut être vérifié de manière indépendante. Les Nations unies indiquent que 24 000 victimes ont été identifiées dans les hôpitaux à l’heure actuelle. Le reste du chiffre total est basé sur des « rapports médiatiques » plus obscurs du Hamas. Il comprend également quelque 15 000 terroristes qu’Israël dit avoir tués au combat. Israël affirme également avoir tué un millier de terroristes à l’intérieur du pays le 7 octobre.

Depuis quelques semaines, « l’ambiance a changé et je ne me sens plus en sécurité » à l’université d’Amsterdam, a confié l’étudiante au Parool. « Je n’ai jamais ressenti cela auparavant », a-t-elle ajouté. Elle fait partie des nombreux étudiants juifs qui ont décidé de ne plus se rendre à l’université d’Amsterdam, qui est le principal établissement d’enseignement supérieur de la communauté juive des Pays-Bas.

Le corps enseignant juif a également été surpris. Marc Salomon, doyen de l’école de commerce de l’université d’Amsterdam, a confié au magazine EW le 8 mai que, s’il s’attendait à ce que l’agitation anti-Israël aux États-Unis s’étende à l’Europe et à Amsterdam, « je ne m’attendais pas à ce que le problème soit si grave chez nous ».

Vendredi dernier, le CIDI, l’organisme de surveillance de l’antisémitisme de la communauté juive néerlandaise, a publié une analyse de la situation dans les universités des Pays-Bas. Selon le CIDI, l’agitation anti-Israël qui sévit actuellement dans les universités américaines, en particulier Columbia et UCLA, a inspiré ces actions aux Pays-Bas. Des réseaux pro-terroristes bien établis, actifs depuis des années aux Pays-Bas, ont ensuite exploité la situation, amplifiant les émeutes et les rendant plus violentes, selon l’analyse.

Le CIDI a noté l’implication croissante dans les émeutes universitaires de Samidoun, un lobby pro-Hamas désigné comme groupe terroriste en Israël et en Allemagne, et qui est une branche présumée du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), un groupe terroriste. Les émeutiers sont également encouragés par « le soutien de nombreux enseignants », écrit le CIDI.

Un manifestant pro-palestinien est escorté par des gendarmes français lors de l’évacuation d’un sit-in dans le hall d’entrée de l’Institut d’études politiques (Sciences Po Paris) à Paris le 3 mai 2024. (Crédit : Miguel Medina/AFP)

Comme à Sciences Po Paris et dans de nombreuses autres universités occidentales, la réponse de l’administration de l’université d’Amsterdam a été hésitante et indécise, comme en témoigne l’aveu controversé du recteur selon lequel il aurait négocié en anglais avec des personnes non identifiées au visage couvert. L’objectif de ces pourparlers était de persuader les étudiants de cesser d’occuper les espaces du campus dans le cadre de leurs manifestations anti-Israël.

« Nous connaissons certains d’entre eux, mais d’autres avaient le visage couvert », a expliqué (en néerlandais) le recteur de l’université d’Amsterdam, Peter-Paul Verbeek, souriant, à son interlocutrice de la chaîne néérlandaise NOS. « Pendant que vous discutiez ? », a-t-elle demandé. « Oui, c’est un handicap, c’est difficile de les comprendre et en plus c’est en anglais », a-t-il répondu avec un petit rire.

Visiblement perplexe, la journaliste a fait remarquer que l’une des exigences de l’administration est que les étudiants ne se couvrent pas le visage lors des manifestations sur le campus.

Peter-Paul Verbeek, le recteur de l’université d’Amsterdam, sourit lors d’une interview le 9 mai 2024. (Crédit : Capture d’écran/NPO2 ; utilisé conformément à l’article 27a de la loi sur le droit d’auteur)

« Mais, il est interdit de se couvrir le visage, et vous avez négocié avec des groupes… des gens dont vous ne connaissez pas l’identité ? » Le recteur lui a répondu : « Oui. Nous savons qu’ils appartiennent à certains groupes d’activistes, ils l’ont clairement fait savoir ». Les négociateurs « sont des étudiants », a assuré Verbreek à la journaliste. « Nous en sommes sûrs. »

Pour Nausica Marbe, éminente auteure et journaliste juive néerlandaise qui a abondamment traité de l’antisémitisme, les émeutes et l’entretien avec le recteur constituent un moment historique important, comme elle l’a déclaré dimanche à son collègue journaliste Joop Soesan dans le cadre de son podcast.

« On aurait dit des images d’un documentaire », a expliqué Marbe en évoquant l’entretien avec le recteur, qui a déclenché un tollé national. « C’était comme regarder un film sur Netflix qui expliquait ce qui se passe lorsqu’une société civilisée devient la proie de terroristes qui prennent en otage des personnes de haut rang. C’est incroyable. Cela dépasse mon entendement. »

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