Les incidents antisémites ont nettement diminué en Pologne et en Hongrie
Malgré l'inquiétude au sujet de la montée du sentiment anti-juif en Europe de l'Est, les observateurs ont enregistré une baisse de 20 à 30 % des incidents en 2017 par à 2016

JTA – Malgré l’inquiétude générale suscitée récemment par la montée de l’antisémitisme en Pologne et en Hongrie, les organisations de surveillance des deux pays ont déclaré que le nombre d’incidents qui y ont été enregistrés en 2017 a fortement diminué par rapport à l’année précédente.
En Hongrie, l’observatoire de la communauté juive sur l’antisémitisme, le TEV, a déclaré cette semaine dans son rapport annuel pour 2017 qu’il avait enregistré 37 incidents antisémites contre 48 en 2016, soit une diminution de 23 %. Quelque 100 000 Juifs vivent en Hongrie.
En Pologne, qui compte quelque 20 000 Juifs, le procureur national adjoint Agata Gałuszka-Górska a déclaré le mois dernier que le nombre d’incidents antisémites avait chuté de 30 %, passant de 160 en 2016 à 112 l’an dernier. Les crimes de haine antisémites représentaient environ 6 % de tous les crimes de haine enregistrés, a-t-elle précisé.
La Pologne et la Hongrie ont des gouvernements de droite qui s’opposent fréquemment à l’Union européenne pour leur refus de se conformer à sa politique d’admission d’immigrants du Moyen-Orient.
En novembre, 60 000 personnes ont assisté à une marche nationaliste en Pologne qui a mis en avant une propagande antisémite et anti-musulmane.
Certains Juifs locaux disent que le gouvernement tolère l’ultra-nationalisme qui augmente le risque de violence antisémite. L’opposition d’Israël et d’organisations juives à l’adoption par la Pologne, en janvier, d’une loi qui criminalise le fait de blâmer la nation polonaise pour les crimes nazis a déclenché la recrudescence d’articles antisémites en Pologne.

Pendant ce temps, le gouvernement hongrois fait face à des critiques similaires pour sa campagne d’affichage et sa propagande contre George Soros, un milliardaire juif et survivant de l’Holocauste qui finance des causes et des organisations progressistes et soutient l’installation de centaines de milliers d’immigrants du Moyen-Orient.
Mais la campagne anti-Soros de l’année dernière « n’a pas conduit à une augmentation visible des incidents antisémites », a déclaré Kalman Szalai, secrétaire général du TEV, à JTA. Il a déclaré que les Juifs de Hongrie ne craignent généralement pas les attaques physiques dans la rue comme leurs coreligionnaires en France, en Belgique, en Allemagne et ailleurs en Europe occidentale.
La plupart des incidents enregistrés en Hongrie l’année dernière et en 2016 concernaient des discours de haine. Les autres étaient des cas de vandalisme.
En Pologne, Andrzej Pawluszek, secrétaire du Premier ministre, a été cité par l’agence de presse PAP le mois dernier comme ayant déclaré : « Les données officielles, tant nationales qu’européennes, ne confirment pas la thèse sur l’augmentation des attaques antisémites en Pologne, diffusée par certains cercles ».
Rafal Pankowski, opposant au gouvernement et cofondateur du mouvement antiraciste polonais Never Again, a déclaré que les données ne reflètent que partiellement la réalité sur le terrain en Pologne. Il a dit qu’à la suite de l’adoption de la loi sur les propos sur l’Holocauste, « En l’espace d’un mois, j’ai vu plus de discours haineux antisémites qu’au cours des dix années précédentes réunies ».

La diminution du nombre d’incidents signalés, a-t-il dit à la JTA, « résulte en grande partie des changements dans l’enregistrement de ces incidents par les institutions au cours de la période récente ». Il est vrai, a-t-il ajouté, qu’“il n’y a pas beaucoup d’attaques physiques contre les Juifs en Pologne – et il n’y a pas beaucoup de Juifs en Pologne de toute façon – mais le niveau de discours de haine antisémite a augmenté radicalement au cours des premiers mois de cette année. Malgré l’existence de lois contre les discours de haine, elles sont rarement utilisées contre les auteurs”.
Par ailleurs, l’État de Bavière en Allemagne a également fait état d’une diminution des agressions antisémites l’année dernière. Le total de 148 incidents enregistrés en 2017 constitue une baisse de 22 % par rapport à l’année précédente.