Un missile iranien intercepté dans la nuit ; Trump évoque un changement de régime à Téhéran
"MIGA !", a écrit le président américain ; les mandataires de l'Iran se préparent à frapper des bases américaines et les menaces de représailles s'intensifient, selon un responsable iranien

Le président américain Donald Trump a publiquement évoqué dimanche la possibilité d’un changement de régime en Iran, malgré les assurances données précédemment par des hauts responsables de son administration selon lesquelles renverser la République islamique n’était pas un objectif américain.
De son côté, Téhéran a menacé de riposter aux frappes américaines contre son programme nucléaire en frappant des bases américaines dans toute la région, et a continué d’attaquer Israël – même si sa dernière attaque, dans la nuit de dimanche à lundi, n’a consisté qu’en un seul missile balistique, qui a été intercepté par l’armée israélienne.
Ce tir nocturne a déclenché des sirènes d’alerte dans tout le centre d’Israël, poussant des millions de personnes à se réfugier dans des abris anti-atomiques vers 3 heures du matin. Tsahal a déclaré que le missile avait été intercepté et qu’il n’y avait pas eu de blessés suite à cette attaque.
Jusqu’à présent, les attaques de missiles iraniennes ont tué 24 personnes et blessé des milliers d’autres en Israël, selon les autorités sanitaires les hôpitaux. Certains des missiles qui n’ont pas été interceptés par les défenses aériennes israéliennes ont frappé des immeubles d’habitation, une université et un hôpital, causant d’importants dégâts.
Aux premières heures de lundi, l’armée de l’air israélienne a également abattu un drone lancé en direction de la ville d’Eilat, dans le sud d’Israël, avant qu’il ne pénètre dans l’espace aérien israélien, a indiqué Tsahal, sans fournir plus de détails sur l’origine du drone. Aucune sirène n’a retenti lors de cette attaque.
Les menaces et les attaques ont suivi le ralliement de Washington, dans la nuit de samedi à dimanche, à la campagne militaire israélienne contre l’Iran, avec des frappes contre les principaux sites nucléaires de la République islamique.

Dans un message publié dimanche soir sur sa plateforme Truth Social, Trump a écrit qu’il « n’est pas politiquement correct d’utiliser le terme ‘changement de régime’, mais si le régime iranien actuel est incapable de RENDRE À L’IRAN SA GRANDEUR [MAKE IRAN GREAT AGAIN], pourquoi n’y aurait-il pas de changement de régime ??? MIGA !!! »
Ce message a été publié après que plusieurs hauts responsables américains ont insisté dimanche sur le fait que le changement de régime n’était pas l’objectif de l’opération américaine. Le vice-président américain JD Vance a assuré sur la NBC dans l’émission « Meet the Press » que « nous ne sommes pas en guerre contre l’Iran ». Le secrétaire d’État américain Marco Rubio a quant à lui qualifié les frappes de « mesure visant à changer le régime ».
Dans des messages publiés séparément dimanche soir, Trump a déclaré que les bombardiers B-2 qui ont frappé les sites nucléaires iraniens dimanche vers 3 heures du matin « venaient d’atterrir en toute sécurité dans le Missouri », saluant « un travail bien fait » et affirmant que les installations avaient subi des dégâts « monumentaux ».
Dans un autre message publié quelques heures plus tard, Trump a fait référence à des images satellites non divulguées et a déclaré, semblant parler du site nucléaire souterrain de Fordo, que « les dégâts les plus importants se trouvaient loin sous le niveau du sol », affirmant que « le terme ‘destruction totale’ était approprié » et ajoutant : « Dans le mille !!! »

Ces messages ont été publiés après que l’Iran a menacé les bases américaines au Moyen-Orient, à la suite des frappes aériennes massives qui, selon Washington, auraient détruit le programme nucléaire de Téhéran, bien que certains responsables aient averti que l’étendue des dégâts était encore incertaine.
Trump a exhorté l’Iran à mettre fin au conflit après avoir lancé des frappes surprises avec des bombes à charge pénétrante sur un site clé d’enrichissement d’uranium souterrain à Fordo, ainsi que sur des installations nucléaires à Ispahan et Natanz.
Ali Akbar Velayati, conseiller du guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a déclaré que les bases utilisées par les forces américaines pourraient faire l’objet d’attaques en représailles.
« Tout pays de la région ou d’ailleurs qui serait utilisé par les forces américaines pour frapper l’Iran sera considéré comme une cible légitime pour nos forces armées », a-t-il déclaré dans un message relayé par l’agence de presse officielle IRNA.
« L’Amérique a attaqué le cœur du monde islamique et doit s’attendre à des conséquences irréparables. »
Les États-Unis se préparent à une riposte iranienne suite aux frappes sur ses sites nucléaires
Tout en mettant en garde l’Iran contre toute riposte et en proposant de suspendre les nouvelles attaques contre ce pays, les États-Unis se sont également préparés à d’éventuelles représailles, ordonnant à leur personnel diplomatique en Irak et au Liban de quitter ces pays.
Le département américain de la Sécurité intérieure a averti les Américains que « le conflit actuel avec l’Iran entraîne une aggravation de la menace aux États-Unis ».

Le département d’État américain a déclaré qu’il « conseille aux citoyens américains dans le monde entier de faire preuve d’une prudence accrue » en raison du « risque de manifestations contre les citoyens et les intérêts américains à l’étranger ».
Les États-Unis ont commencé à évacuer leurs ressortissants par avion depuis Israël et ont mis en ligne un formulaire à remplir pour les Américains souhaitant se joindre à ces vols. Aucun vol n’est prévu pour les citoyens souhaitant quitter l’Iran, a indiqué le département d’État.
Samedi et dimanche, un nombre croissant de diplomates américains ont quitté l’Irak dans le cadre des efforts visant à « rationaliser les opérations », a déclaré à l’AFP un responsable américain.
Dimanche, l’ambassade américaine au Liban a annoncé que le département d’État avait ordonné aux membres des familles de ses employés et au personnel non urgent du gouvernement américain de quitter le pays. L’ambassade a publié une déclaration sur son site web évoquant « la situation sécuritaire instable et imprévisible dans la région ».
Des proxys de la République islamique prévoient des attaques contre des bases américaines
Dimanche soir, un responsable américain a affirmé, selon me New York Times, que l’armée et les services de renseignement américains avaient détecté des signes indiquant que des groupes terroristes soutenus par la République islamique se préparaient à attaquer des bases américaines en Irak.
Jusqu’à présent, les proxys ont renoncé à frapper les cibles américaines, et les responsables irakiens s’efforcent de les dissuader d’attaquer, a déclaré le responsable.
Depuis des années, l’Irak navigue avec précaution entre ses alliés, Téhéran et Washington, et constitue également depuis longtemps un terrain fertile pour des guerres par procuration.
Dimanche, le gouvernement irakien a exprimé « sa profonde inquiétude et sa ferme condamnation des attaques visant des installations nucléaires » en Iran, a déclaré le porte-parole Basim Alawadi.
« Cette escalade militaire constitue une grave menace pour la paix et la sécurité au Moyen-Orient et fait peser de sérieux risques sur la stabilité régionale », a-t-il ajouté.
De plus, la NBC a rapporté dimanche que l’Iran avait informé Trump, plusieurs jours avant la frappe américaine, qu’il pourrait activer des cellules dormantes pour attaquer le territoire américain en réponse à une éventuelle attaque contre les installations nucléaires de la République islamique.
Le message aurait été transmis au président américain lors du sommet du G7 qui s’est tenu au Canada la semaine dernière et que Trump a quitté prématurément.

Ni la Maison Blanche ni la mission iranienne auprès des Nations unies n’ont répondu aux demandes de commentaires sur le reportage de la NBC, qui citait deux responsables américains et une personne informée de la menace.
Un diplomate européen a également déclaré à NBC que les États-Unis et leurs alliés estimaient que l’Iran avait la capacité d’attaquer des ressortissants américains et européens « au-delà du sol américain et au-delà du Moyen-Orient ».
Les frappes américaines de dimanche sont survenues une semaine après le début de l’Opération « Rising Lion », lancée par Israël le 13 juin, qui vise les principaux dirigeants du Corps des Gardiens de la Révolution islamique (CGRI), le bras armé du régime iranien, des scientifiques nucléaires, des sites d’enrichissement d’uranium et le programme de missiles balistiques du pays.
Israël affirme que cette campagne est nécessaire pour empêcher la République islamique de réaliser son projet déclaré de détruire l’État juif.
L’Iran a riposté en lançant plus de 500 missiles balistiques et environ 1 000 drones sur Israël.