Les projets de loi sur la légalisation du cannabis passent la première lecture
Sharren Haskel, coauteure de la législation, affirme que la consommation de cannabis est un symbole de la liberté personnelle ; Smotrich dénonce une "expérience sociale dangereuse"
Mercredi, deux projets de loi visant à légaliser la consommation de cannabis ont passé leurs lectures préliminaires avant les trois votes nécessaires pour qu’ils deviennent lois effectives. Les députés des partis ultra-orthodoxes se sont abstenus des votes.
Un projet de loi visant à dépénaliser la consommation a été approuvé par 61 à 11, et un autre réglementant la manière dont le cannabis pouvait être acheté et vendu l’a été par 53 à 12.
Si les projets de loi deviennent lois – ils devraient être combinés en une seule et même législation – la vente et l’achat de marijuana pour un usage personnel seront légaux pour les personnes de plus de 21 ans dans les magasins autorisés, mais la culture privée de marijuana restera toujours illégale.
La législation a également proposé une réforme concernant le cannabis médical et la dépénalisation de la possession de marijuana jusqu’à 50 grammes, tout en légalisant pleinement la possession et la consommation de jusqu’à 15 grammes de cannabis par des personnes de plus de 21 ans.
Sharren Haskel, députée du Likud, co-auteure de la législation avec le député Kakhol lavan Ram Shefa, a déclaré à l’assemblée que « la réglementation au sujet de la consommation personnelle de cannabis est l’un des symboles de la liberté de ma génération à faire ses propres choix ».
Selon l’explication jointe au projet de loi, 27 % des adultes israéliens consommeraient du cannabis.
La législation a été critiquée par Bezalel Smotrich, député de Yamina, qui selon la Treizième chaine l’a décrite comme « une expérience sociale très dangereuse qui, si elle échoue, détruira les générations futures de l’État d’Israël ».
Tamar Zandeberg, députée de Meretz, a salué la législation, affirmant que la consommation récréative de marijuana ne devrait pas être contraire à la loi.
« Lorsque nous avons commencé ce combat, beaucoup de gens se moquaient de nous et nous désignaient avec des noms désobligeants. Mais au final, nous sommes en train de gagner. Fumer du cannabis récréatif ne devrait pas être un délit », a-t-elle déclaré. « Ce qui se passe aujourd’hui, c’est le début de la justice. »
Plus tôt ce mois-ci, les partis du Likud du Premier ministre Benjamin Netanyahu et Kakhol lavan du ministre de la Défense Benny Gantz ont déclaré dans un communiqué conjoint qu’ils feraient avancer une législation « pour résoudre le problème de la décriminalisation et de la légalisation ».
Le projet se ferait « via un modèle responsable qui conviendra à l’Etat d’Israël et à la population israélienne », selon le communiqué.
La déclaration notait qu’ils avaient également décidé de favoriser les réformes concernant le cannabis médical afin de faciliter l’accès des patients aux traitements et aux producteurs à la licence.
Ces dernières années, Israël a pris des mesures pour rendre le cannabis médical davantage disponible. Le pays est sur le point de devenir un important exportateur, bien que les utilisateurs de cannabis médical se soient plaints d’un accès presque impossible aux quelques dispensaires autorisés à en distribuer.
L’usage récréatif de la drogue est actuellement illégal, bien que le ministère de la Sécurité publique l’ait partiellement dépénalisé en 2017, fixant des amendes et un traitement aux premiers contrevenants au lieu de procédures pénales.
Le ministre de la Sécurité publique, Amir Ohana, a annoncé plus tôt ce mois-ci son soutien à l’assouplissement des lois contre la consommation de marijuana. Ohana, dont le ministère supervise la police israélienne, répondait à une requête de la Haute Cour de justice exhortant le tribunal à annuler l’incrimination de l’usage et de la possession récréative de marijuana.
« La position du nouveau ministre de la Sécurité publique est… de minimiser autant que possible les dommages causés aux citoyens [autrement] respectueux des lois qui ont commis des infractions liées à la drogue », a indiqué la réponse du ministère.