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« Les rues pleines de cadavres » : en Syrie, l’horreur de la chasse aux alaouites

« Nous avons éteint les lumières et nous nous sommes cachés », raconte cette mère de famille de 35 ans, qui a dû quitter sa maison située dans la ville portuaire de Banias

Cette photo diffusée par l'agence de presse officielle arabe syrienne (SANA) le 8 mars 2025 montre les forces syriennes à un poste de contrôle dans la ville côtière de Lattaquié. (SANA/AFP)
Cette photo diffusée par l'agence de presse officielle arabe syrienne (SANA) le 8 mars 2025 montre les forces syriennes à un poste de contrôle dans la ville côtière de Lattaquié. (SANA/AFP)

Pendant deux jours, Rihab Kamel, membre de la communauté alaouite, s’est cachée avec sa famille dans la salle de bains de leur maison sur la côte syrienne, des hommes armés alliés aux autorités traquant cette minorité associée au pouvoir déchu de Bashar el-Assad.

« Nous avons éteint les lumières et nous nous sommes cachés », raconte cette mère de famille de 35 ans, qui a dû quitter sa maison située dans la ville portuaire de Banias.

w Quand nous avons pu fuir notre quartier d’Al-Qoussour, nous avons vu les rues pleines de cadavres », dit-elle à l’AFP depuis une région en Syrie proche de la frontière libanaise après qu’une famille chrétienne l’a abritée.

« Quel est le crime des enfants ? Sont-ils eux aussi des partisans du régime (déchu) ? », se demande-t-elle, déclarant que « la communauté alaouite est innocente ».

Les violences ont commencé après une attaque sanglante jeudi de partisans de l’ancien pouvoir de Bashar el-Assad contre les forces de sécurité sur la côte ouest de la Syrie, bastion de la communauté alaouite, minorité musulmane, dont est issu l’ancien président.

Les forces de sécurité des nouvelles autorités et des groupes qui leur sont alliés sont intervenus en renfort, déclenchant les pires violences depuis la prise de pouvoir, le 8 décembre, d’une coalition de rebelles dominée par des islamistes radicaux sunnites.

D’après l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), une ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d’un vaste réseau de sources en Syrie, « 830 civils alaouites ont été tués » depuis jeudi.

Les forces de l’armée syrienne se dirigent vers Lattaquié pour combattre les combattants de l’ancien régime de Bashar el-Assad, le 7 mars 2025. (Asaad Syria/Flash90)

Une source sécuritaire citée par l’agence officielle Sana a fait état vendredi « d’exactions isolées », tandis que le président Ahmad al-Chareh a appelé dimanche à la paix civile.

Mais sur la côte syrienne, les témoignages de liquidations méthodiques se succèdent.

Appel « à l’aide »

À Banias, Samir Haïdar a échappé à la mort de justesse : il a pu fuir juste avant l’arrivée d’hommes armés, mais ses deux frères et son neveu n’ont pas eu cette chance.

Cet alaouite de 67 ans a passé plus de dix ans dans les geôles d’Assad auquel il était opposé, ainsi que ses frères.

Il dit avoir entendu des explosions et tirs le vendredi matin avec l’arrivée des forces qui se sont déployées dans la ville, parmi lesquelles « des combattants étrangers », selon lui.

« Ils sont entrés dans l’immeuble et ont tué mon seul voisin […] Si j’avais tardé de cinq minutes, je serais mort », dit à l’AFP cet homme qui s’est réfugié avec sa femme et ses deux enfants dans un quartier sunnite de la ville.

Cent mètres plus loin, les hommes armés sont entrés dans l’immeuble où habitait son frère. « Ils ont rassemblé tous les hommes sur le toit et leur ont tiré dessus. Tous sont morts, dont mon frère. »

Son deuxième frère, âgé de 74 ans, a aussi été tué avec son fils et d’autres hommes de leur bâtiment.

« Il y a des maisons dans lesquelles se trouvent quatre ou cinq corps », dit-il, appelant « à l’aide pour pouvoir enterrer » les victimes.

« Des corps à la mer »

Dans la ville côtière de Lattaquié, des habitants ont rapporté à l’AFP que des groupes armés avaient enlevé plusieurs alaouites, retrouvés morts ensuite. Parmi eux, Yasser Sabbouh, directeur de la Maison de la Culture, un organisme étatique, dont le corps a été jeté devant son domicile.

Cette photo diffusée par l’agence de presse officielle arabe syrienne (SANA) montre des Syriens assistant aux funérailles de personnes tuées lors des affrontements de la veille entre les forces gouvernementales et les militants fidèles au dirigeant déchu Bashar al-Assad, le 7 mars 2025. (SANA/AFP)

À quelques kilomètres plus au sud, dans la ville de Jablé, un habitant qui a requis l’anonymat a appelé l’AFP en pleurs, terrorisé par les groupes armés qui ont pris le contrôle de la ville.

« Nous sommes six personnes à la maison, avec mes parents et mes frères. Il n’y a plus d’électricité depuis quatre jours, plus d’eau, nous n’avons plus rien à manger et nous n’osons pas sortir », confie-t-il.

« Plus de cinquante personnes, des membres de ma famille et des amis, ont été tués. Ils ont ramassé les corps avec des bulldozers et les ont enterrés dans des fosses communes », ajoute-t-il. « Ils ont même jeté des corps à la mer. »

Jaafar Ali, un alaouite de 32 ans, a pour sa part pu gagner le Liban voisin avec son frère.

« Je ne crois pas que je reviendrai bientôt » en Syrie, admet-il. « Nous voulons être accueillis dans un pays sûr où nous ne serons pas réprimés en tant qu’alaouites, ou alors nous voulons une protection internationale. »

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