Lindsey Graham interroge le PDG de TikTok sur la démission d’un représentant d’Israël
Lors d'une audition au Sénat avec des PDG de réseaux sociaux, le sénateur américain affirme que TikTok "est utilisé pour aider les personnes qui veulent détruire l'État juif"
Le sénateur républicain de Caroline du Sud Lindsey Graham a interrogé le PDG de TikTok, Shou Zi Chew, sur les finances et les pratiques de modération du contenu du géant chinois des réseaux sociaux lors d’une audition au Sénat mercredi sur la sécurité des enfants en ligne, et a posé des questions spécifiques sur le contenu lié à la guerre entre Israël et le groupe terroriste palestinien du Hamas.
Chew a comparu devant les sénateurs aux côtés de Mark Zuckerberg, PDG de Meta, Linda Yaccarino, PDG de X, Evan Spiegel, PDG de Snapchat, et Jason Citron, PDG de Discord, lors d’une séance animée sur les effets négatifs des réseaux sociaux sur les enfants et la santé mentale.
Chew a révélé que plus de 170 millions d’Américains utilisaient TikTok chaque mois, soit 20 millions de plus que l’année dernière.
Interrogé par Graham, il a déclaré que TikTok dépenserait plus de 2 milliards de dollars en efforts de confiance et de sécurité, mais a refusé de dire comment ce chiffre se comparait au revenu global de l’entreprise.
« Je pense que 2 milliards de dollars, c’est beaucoup, à moins que vous n’ayez gagné 100 milliards de dollars. Donc, quand vous nous dites que vous allez dépenser 2 milliards de dollars, c’est très bien ! Mais combien gagnez-vous ? », a demandé Graham.
« Il ne s’agit pas seulement des enfants, mais aussi des préjudices causés. Savez-vous, Chew, que votre représentant TikTok en Israël a démissionné hier ? », a-t-il poursuivi.
Il faisait référence à la démission de Barak Herscowitz, un haut responsable en charge des partenariats avec le gouvernement et le secteur public, en raison de la prolifération de contenus antisémites et anti-Israël sur la plateforme.
« Oui, je suis au courant », a répondu Chew.
Herscowitz a annoncé sa démission de TikTok sur X lundi. « Nous vivons une époque où notre existence même en tant que Juifs et Israéliens est attaquée et en danger. Dans une période aussi instable, les priorités des gens deviennent plus nettes. Am Yisrael Chaï [Le peuple d’Israël vit]. » « J’ai fait de mon mieux tant que j’étais là. Il y a des gens merveilleux à TikTok Israël qui font de leur mieux », a-t-il ajouté en réponse à un commentaire sur sa démission.
TikTok est sous le feu des critiques depuis la diffusion d’un important reportage en décembre, selon lequel l’entreprise n’a pas adopté une approche rigoureuse pour lutter contre l’antisémitisme sur la plateforme de réseaux sociaux vidéo et que les employés juifs ont dénoncé un environnement de travail de plus en plus toxique depuis le massacre du 7 octobre par le groupe terroriste palestinien du Hamas et la guerre qui s’en est suivie dans la bande de Gaza.
Des employés avaient révélé à la chaîne américaine Fox Business sous le couvert de l’anonymat que certains de leurs collègues avaient ouvertement exprimé des opinions antisémites et anti-Israël sur Lark, leur système de chat interne, et que les quelque 40 000 modérateurs de l’entreprise laissaient se propager sur TikTok de fausses informations anti-Israël et antisémites.
Une source de TikTok a déclaré cette semaine au Jewish Insider que Herscowitz était à l’origine d’un mémo adressé fin décembre aux hauts responsables de TikTok, les avertissant que la plateforme de réseaux sociaux avait adopté une politique inégale concernant la guerre d’Israël contre le Hamas à Gaza et qu’elle autorisait la diffusion de contenus contenant des images de violence et d’incitation à la haine contre les Israéliens.
Au cours du même mois, TikTok avait également refusé de diffuser une campagne publicitaire payante dans laquelle des membres de familles d’otages détenus par des terroristes palestiniens à Gaza appelaient à la libération de leurs proches, jugeant le contenu « trop politique », selon un reportage de Fox News.
Le mémo aurait reconnu que si certains contenus antisémites avaient été retirés de la plateforme, des employés de l’entreprise, notamment ceux chargés de la modération des contenus, avaient ouvertement exprimé leur « soutien au terrorisme ou approuvé des mouvements extrémistes » qui œuvrent contre Israël.
Selon le reportage de Fox News, des captures d’écran de la plateforme de discussion interne des employés de TikTok ont montré des modérateurs de contenu célébrant l’assaut du Hamas, ainsi que faisant l’éloge d’autres groupes terroristes soutenus par l’Iran, tels que le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah ou les Houthis au Yémen, qui ont tous deux lancé des attaques contre Israël depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza.
Graham a cité le tweet de Herscowitz et le reportage de Fox News dans son entretien/interrogatoire de Chew.
« Sénateur, je tiens à préciser que les contenus pro-Hamas et les discours de haine ne sont pas autorisés sur notre plateforme », a assuré Chew.
Senator Lindsey Graham asks TikTok CEO, Shou Zi Chew, about an Israeli worker leaving tiktok After saying Tiktok is knowingly promoting content designed to inflict damage on the Jewish state
Notice, similar to pro hamas, Shou Zi Chew can’t seem to give a straight answer pic.twitter.com/7KSXFxOiVM
— ᗰᗩᑎᘜᗩ ᕼOᖇᔕᗴ ???? (@Manga_Horse) February 1, 2024
« Pourquoi a-t-il démissionné, pourquoi a-t-il quitté son poste ? », a continué Graham.
Chew n’a pas directement répondu à la question et a répété que la plateforme n’autorisait pas les contenus haineux. « Nous allons enquêter », a déclaré Chew, qui s’était présenté pour la dernière fois devant les législateurs américains en mars.
« Il a abandonné un bon poste parce qu’il pense que votre plateforme est utilisée pour aider les gens qui veulent détruire l’État juif. Et je ne dis pas que c’est ce que vous voulez », a déclaré Graham, avant de s’adresser aux autres PDG de l’industrie high-tech présents dans la salle.
À un moment donné, Graham s’est tourné vers Zuckerberg et lui a dit : « Vous et les entreprises qui nous ont précédés, je sais que vous ne le pensez pas, mais vous avez du sang sur les mains. Vous avez un produit qui tue des gens. »
« Après des années de travail sur cette question avec vous et d’autres, j’en suis arrivé à la conclusion suivante : les entreprises de réseaux sociaux, telles qu’elles sont conçues et exploitées actuellement, sont des produits dangereux », a souligné Graham.