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Lockerbie : La justice écossaise rejette l’appel de la famille du seul condamné

La famille du Libyen Abdelbaset Ali Mohamed al-Megrahi, décédé en 2012, compte poursuivre son combat pour le réhabiliter et a l'intention de saisir la Cour suprême britannique

Une photo prise le 22 décembre 1988 montre Robert Love (à droite), un habitant de Lockerbie, regardant l'un des quatre moteurs du 747 Jumbo de Pan Am qui a explosé et s'est écrasé en route vers New York avec 259 passagers à bord. (ROY LETKEY / AFP)
Une photo prise le 22 décembre 1988 montre Robert Love (à droite), un habitant de Lockerbie, regardant l'un des quatre moteurs du 747 Jumbo de Pan Am qui a explosé et s'est écrasé en route vers New York avec 259 passagers à bord. (ROY LETKEY / AFP)

Plus de 32 ans après l’attentat de Lockerbie, la justice écossaise a rejeté vendredi l’appel formé par la famille de l’unique condamné, le Libyen Abdelbaset Ali Mohamed al-Megrahi, décédé en 2012, qui compte poursuivre son combat pour le réhabiliter.

« L’appel contre la condamnation est refusé », ont indiqué les cinq juges de la Haute Cour de justice d’Edimbourg dans leur décision écrite rendue après trois jours d’audience, en novembre, dans cette affaire aux vastes ramifications diplomatiques.

« Effondrée » mais « déterminée à se battre pour obtenir justice », la famille a l’intention de saisir la Cour suprême britannique dans les 14 jours, a indiqué son avocat, Aamer Anwar, dans un communiqué.

Agent des services de renseignement libyens, M. Megrahi avait toujours clamé son innocence. Il avait été condamné en 2001 à la prison à vie, avec un minimum de 27 ans, par une cour spéciale écossaise établie en terrain neutre aux Pays-Bas, pour l’attentat à la bombe contre un Boeing 747 de la Pan American.

L’appareil, qui reliait Londres à New York (Etats-Unis), avait explosé le 21 décembre 1988 au-dessus du village écossais de Lockerbie, tuant les 259 passagers et membres d’équipage et 11 personnes au sol.

Il s’agit de l’attentat le plus meurtrier jamais commis sur le territoire du Royaume-Uni, mais aussi du deuxième plus meurtrier contre des Américains (190 morts) après les attentats du 11 septembre 2001.

Le régime du dictateur libyen Mouammar Kadhafi avait reconnu officiellement sa responsabilité dans l’attentat de Lockerbie en 2003 et payé 2,7 milliards de dollars (2,2 milliards d’euros) de dédommagement aux familles des victimes.

Mouammar Kadhafi, l’ancien dictateur libyen, au 12e sommet de l’Union africaine, en février 2009. (Crédit : U.S. Navy photo by Mass Communication Specialist 2nd Class Jesse B. Awalt/Domaine public/WikiCommons)

« Pas d’erreur judiciaire »

M. Megrahi avait été libéré en 2009 pour raisons médicales et est mort d’un cancer en 2012 à l’âge de 60 ans dans son pays, où il avait été accueilli en héros.

La Cour a « déterminé qu’il n’y avait pas d’erreur judiciaire », a souligné le ministre écossais de la Justice, Humza Yousaf.

En mars dernier, saisie par la famille du Libyen, la Commission écossaise de révision des condamnations pénales (SCCRC) avait décidé de saisir la Haute Cour de justice. N’excluant pas une « erreur judiciaire », elle avait souligné la faiblesse des preuves produites pour retenir la culpabilité de M. Megrahi.

Un commerçant de Malte, Tony Gauci, avait notamment identifié l’agent libyen comme l’acheteur de vêtements retrouvés dans la valise contenant la bombe sur la base d’une photographie.

La Haute Cour a balayé vendredi les doutes émis lors des audiences de novembre, virtuelles en raison de la pandémie de coronavirus, par la défense de la famille sur la crédibilité de ce témoignage. Sur la base des preuves présentées au procès, « un jury raisonnable (…) aurait été en droit de rendre un verdict de culpabilité », ont estimé les juges.

Abdelbaset al-Megrahi, qui a été reconnu coupable de l’attentat de Lockerbie en 1988 et condamné à la prison à vie, est accueilli par le leader libyen Mouammar Kadhafi, (de dos) à Tripoli, en Libye, le 21 août 2009, après avoir été libéré pour des raisons humanitaires parce qu’il était atteint d’un cancer en phase terminale. Il est décédé en mai 2012. (Crédit : AP Photo/Jamahiriya Broadcasting via APTN)

Nouvel inculpé

La Haute Cour n’a pas non plus retenu l’argument de la famille, selon lequel des documents liés à l’affaire, que les autorités britanniques refusent de déclassifier, auraient permis d’aboutir à un verdict différent.

Ces documents évoqueraient, selon le quotidien The Guardian, l’implication, dans la fabrication de la bombe, d’un agent de renseignement jordanien au sein du Front populaire de libération de la Palestine-Commandement général (FPLP-CG).

Lors du procès en 2001, les juges avaient rejeté une théorie mettant en cause l’Iran, la Syrie et ce groupe palestinien pro-syrien, qui auraient agi en représailles à la destruction accidentelle d’un avion iranien par un missile américain en juillet 1988 (290 morts).

Du côté des Etats-Unis, l’enquête s’est poursuivie et en décembre, le jour du 32e anniversaire de l’attentat, la justice américaine a annoncé une nouvelle inculpation. Ancien membre des services de renseignement de Mouammar Kadhafi, actuellement détenu en Libye, Abou Agila Mohammad Massoud est soupçonné d’avoir assemblé et programmé la bombe.

L’enquête avait été relancée en 2016, quand la justice américaine avait appris que M. Massoud avait été arrêté après la chute du dictateur et aurait fait une confession aux services de renseignement du nouveau régime libyen en 2012.

Le chef de la police écossaise Iain Livingstone a indiqué que celle-ci continuerait de « travailler étroitement » avec les autorités américaines dans le cadre de l’enquête.

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