L’UE dénonce les manuels scolaires de l’AP et conditionne ses subventions
La résolution "déplore" que les contenus provocateurs et problématiques n'aient pas été retirés, et conditionne tout soutien financier à leur suppression
Le Parlement européen a adopté mercredi une résolution condamnant l’Autorité palestinienne (AP) pour le contenu « haineux » de ses manuels scolaires et subordonnant le financement futur de l’éducation à la suppression du contenu antisémite.
C’est la quatrième année consécutive que le Parlement adopte une résolution critiquant l’AP pour le contenu de ses manuels scolaires.
Le vote, qui s’inscrit dans le cadre du contrôle annuel du budget de l’UE visant à surveiller l’utilisation de l’argent des contribuables européens, a eu lieu par 421 voix pour, 151 contre et 5 abstentions.
La formulation de la résolution était « nettement plus critique à l’égard de l’Autorité palestinienne » par rapport aux résolutions précédentes, indique un communiqué de l’Institut israélien pour le suivi de la paix et de la tolérance culturelle dans l’enseignement scolaire (IMPACT-se).
Pour la première fois, une résolution de l’UE établit un lien direct entre le contenu des manuels scolaires de l’AP et le financement du terrorisme palestinien, et en particulier des attaques perpétrées par des jeunes. La résolution reconnaît également la présence d’antisémitisme dans les manuels et demande qu’il soit supprimé.
Elle déclare que l’UE « déplore le matériel problématique et haineux dans les manuels scolaires et les fiches d’étude palestiniens qui n’a toujours pas été retiré » et « souligne que l’éducation et l’accès des élèves à des manuels pacifiques et impartiaux sont essentiels, en particulier dans le contexte de l’implication croissante d’adolescents dans des attaques terroristes ».
La résolution indique également que le bloc « insiste sur le fait que le soutien financier de l’UE à l’AP dans le domaine de l’éducation ne sera accordé qu’à la condition que le contenu des manuels scolaires soit conforme aux normes de l’UNESCO » et que « toutes les références antisémites soient supprimées, ainsi que les exemples incitant à la haine et à la violence, comme cela a été demandé à maintes reprises » dans les résolutions précédentes.
L’UE a demandé à la Commission européenne de « surveiller de près les modifications apportées par l’Autorité palestinienne à l’ensemble du programme d’études dans les meilleurs délais ».
La résolution a reçu le soutien des principaux partis de centre-gauche et de centre-droit, selon IMPACT-se.
Au cours de la session de vote, Anna-Michelle Asimakopoulou, membre du groupe de centre-droit du Parti populaire européen, le plus grand parti du Parlement européen, a déclaré que « la tolérance zéro signifie que la rhétorique antisémite doit être supprimée des manuels scolaires utilisés par l’Autorité palestinienne ».
Les résolutions précédentes mentionnaient l’incitation à la violence mais n’exigeaient pas directement le retrait du contenu antisémite, selon IMPACT-se.
En ce qui concerne Israël, l’UE s’est déclarée « préoccupée par la destruction et la confiscation de projets financés par l’Union en Cisjordanie » et a réitéré la position du Conseil européen selon laquelle « tous les accords entre Israël et l’UE doivent indiquer sans équivoque et de manière explicite leur inapplicabilité aux territoires occupés par Israël depuis 1967. »
Selon le directeur général d’IMPACT-se, Marcus Sheff, l’AP « a exercé une forte pression sur Bruxelles contre cette résolution, mais elle s’est heurtée à la dure réalité de son programme scolaire haineux ainsi qu’à la colère et à la frustration des membres du Parlement européen face à une stratégie nationale palestinienne qui consiste à inciter les écoliers à la haine et à la violence à leurs frais, année après année ».
L’Union européenne, premier bailleur de fonds de l’AP, contribue au financement des salaires des nombreux fonctionnaires de l’AP, qui constitue une part importante de l’économie de la Cisjordanie. Entre 2008 et 2020, Bruxelles a envoyé environ 2,5 milliards de dollars en soutien budgétaire direct à l’AP.
Les manuels scolaires de l’AP font depuis très longtemps l’objet de controverses. Les observateurs accusent les programmes de promouvoir la violence et de glorifier le terrorisme. L’AP les défend comme un reflet fidèle de son récit national.
La semaine dernière, le commissaire européen Oliver Varhelyi a annoncé, après avoir rencontré le ministre israélien des Affaires étrangères Eli Cohen à Bruxelles, que l’UE « veillera désormais à ne pas financer les manuels scolaires palestiniens qui incitent à la haine contre Israël. »
En outre, Varhelyi aurait promis, selon Israël, qu’aucun financement de l’UE n’arriverait aux groupes terroristes, même de manière indirecte.
L’année dernière, l’UE a bloqué pendant des mois des centaines de millions de dollars de financement destinés à l’AP en raison de la question du contenu des manuels scolaires.