Israël en guerre - Jour 366

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Reportage

Malgré la guerre, 155 Juifs de France s’installent en Israël

Entre l'antisémitisme qui atteint un paroxysme dans l'Hexagone et la guerre qui fait rage en Israël depuis le 7 octobre, ce sont plus d'un millier de Juifs qui ont décidé de franchir le pas

  • Le ministre israélien de l’Immigration et de l’Intégration, Ofir Sofer sur le tarmac en attendant la descente des nouveaux immigrants, le 1er août 2024. (Crédit : Telma Obadia)
    Le ministre israélien de l’Immigration et de l’Intégration, Ofir Sofer sur le tarmac en attendant la descente des nouveaux immigrants, le 1er août 2024. (Crédit : Telma Obadia)
  • Un groupe avec les 160 nouveaux immigrants à peine descendus de l’avion, en compagnie de l'Évêque Paul Francis Lanier, président du conseil d'administration de l'IFCJ, et du ministre de l’Immigration et de l’Intégration, Ofir Sofer, à l’aéroport Ben Gurion, le 1er août 2024. (Crédit : Yossi Zeliger)
    Un groupe avec les 160 nouveaux immigrants à peine descendus de l’avion, en compagnie de l'Évêque Paul Francis Lanier, président du conseil d'administration de l'IFCJ, et du ministre de l’Immigration et de l’Intégration, Ofir Sofer, à l’aéroport Ben Gurion, le 1er août 2024. (Crédit : Yossi Zeliger)
  • L'Évêque Paul Francis Lanier, président du conseil d'administration de l'IFCJ (Communauté internationale des chrétiens et des juifs), tenant un jeune oleh hadash à son arrivée en Israël et est accueilli par le ministre de l'Alyah et de l'Intégration Ofir Sofer, le 1er août 2024. (Crédit : Yossi Zeliger)
    L'Évêque Paul Francis Lanier, président du conseil d'administration de l'IFCJ (Communauté internationale des chrétiens et des juifs), tenant un jeune oleh hadash à son arrivée en Israël et est accueilli par le ministre de l'Alyah et de l'Intégration Ofir Sofer, le 1er août 2024. (Crédit : Yossi Zeliger)
  • Des jeunes d’un mouvement de jeunesse attendant l’arrivée des nouveaux immigrants de France, le 1er août 2024. (Crédit : Telma Obadia)
    Des jeunes d’un mouvement de jeunesse attendant l’arrivée des nouveaux immigrants de France, le 1er août 2024. (Crédit : Telma Obadia)
  • Arrivée de nouveaux immigrants de France, à l’aéroport Ben Gurion, le 1er août 2024. (Crédit : Telma Obadia)
    Arrivée de nouveaux immigrants de France, à l’aéroport Ben Gurion, le 1er août 2024. (Crédit : Telma Obadia)
  • Carole et Itzik Iaich avec leurs trois enfants arrivant à l’aéroport Ben Gurion, le 1er août 2024. (Crédit : Telma Obadia)
    Carole et Itzik Iaich avec leurs trois enfants arrivant à l’aéroport Ben Gurion, le 1er août 2024. (Crédit : Telma Obadia)
  • Photo d'Alyah de plusieurs familles de la communauté de Pavillons-sous-Bois, dont Alexia avec ses six enfants sur le côté droit, le 1er août 2024. (Crédit : Telma Obadia)
    Photo d'Alyah de plusieurs familles de la communauté de Pavillons-sous-Bois, dont Alexia avec ses six enfants sur le côté droit, le 1er août 2024. (Crédit : Telma Obadia)

300 jours après le pogrom du 7 octobre, le ministre de l’Intégration et de l’Alyah, Ofir Sofer, accompagné de membres de l’Agence juive, de la Fondation Keren Leyedidut, et de jeunes du mouvement de jeunesse sioniste, se retrouvent au Terminal 1 de l’aéroport Ben Gurion. Tous sont venus accueillir 160 nouveaux immigrants de France, les olim hadashim en hébreu – une journée marquée par une émotion intense et un espoir renouvelé.

Sur le tarmac le tapis rouge a été déroulé, des banderoles et des drapeaux israéliens flottent, accompagnés de musiques festives et d’une atmosphère chaleureuse. Attendus plus d’une heure, les nouveaux arrivants descendent enfin de l’avion de la compagnie Elal, sous un tonnerre d’acclamations et d’applaudissements.

Malgré la guerre qui fait rage sur plusieurs fronts, l’arrivée de ces nouveaux immigrants reflète l’esprit de résilience et de solidarité du peuple juif. Ces familles, jeunes et moins jeunes, viennent contribuer à la diversité et renforcent ainsi le tissu social d’une nation meurtrie. Une nouvelle page de leur vie commence, sous le signe de l’espoir et de la détermination. Alors que le pays est bouleversé par un contexte sécuritaire agité, ces idéalistes représentent un nouveau souffle.

Ces nouveaux immigrants ont en effet pris la décision de s’installer en Israël malgré la guerre déclenchée suite au pogrom perpétré par les terroristes palestiniens du Hamas, aidés de civils palestiniens complices, le 7 octobre dernier. Plus récemment, l’élimination du chef de la branche politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, et celle du bras droit du chef du Hezbollah au Liban font planer de graves menaces en provenance de l’Iran sur Israël. Un nombre croissant de compagnies aériennes ont annoncé la suspension ou l’annulation de leurs vols ; mais l’incertitude de ces derniers jours n’a pas entamé la résolution de ces familles.

Le ministre de l’Immigration et de l’Intégration, Ofir Sofer, s’exprime à la cérémonie officielle de bienvenue aux nouveaux immigrants, le 1er août 2024. (Crédit : Telma Obadia)

« Cela m’émeut profondément de voir ces olim faire leur alyah en ce moment, particulièrement en ce moment. Ils viennent avec de jeunes enfants, ce qui nous renforce dans notre devoir de les accueillir de la meilleure manière possible, » affirme Sofer au Times of Israël, alors qu’il vient saluer les arrivants. « Chaque nouvelle arrivée de Juifs enthousiasme le pays, mais les olim qui arrivent en ce moment suscitent une réelle admiration et apportent un nouvel élan à la nation. Nous devons les accueillir à bras ouverts, » exhorte le ministre.

« Même en temps de guerre, Israël est la patrie des Juifs du monde entier. L’arrivée d’Olim en Israël est l’essence même du sionisme, » commente pour sa part la présidente de la Fondation Keren Leyedidut, Yael Eckstein.

Pour faire face à cette nouvelle demande, des représentants du ministère de l’Alyah et de l’Intégration ainsi que de l’Agence juive ont été envoyés en France. Grâce au système d’accompagnement mis en place sous la direction du ministre Sofer, les représentants encadrent les olim depuis l’ouverture de leurs dossiers d’alyah jusqu’à leur arrivée en Israël. Les olim recevront également le soutien et l’assistance du Global Center de l’Agence juive, qui aide des dizaines de milliers d’olim chaque année.

Une olah hadasha qui tient sa robe de mariée à la main alors qu’elle vient de faire son alyah, le 1er août 2024. (Crédit : Sivan Shakhor)

Après les danses et les chants de bienvenue, une cérémonie d’accueil officielle prend place.

Parmi les 155 personnes à bord de l’avion, on compte sept nourrissons et une jeune femme qui tient sa robe de mariée à la main.

« Je sais que vous avez fait un long chemin pour arriver ici aujourd’hui. Et je sais que dans deux, trois ans, quand vous regarderez en arrière, et vous vous direz à vous que vous avez pris la meilleure décision pour votre famille ! Mes parents ont fait leur alyah, il y a 54 ans, et maintenant je suis là. Alors, au nom de tous les partenaires, je vous dis merci beaucoup, et bienvenue à tous les Israéliens ! », s’exclame en français avec un fort accent israélien, Shaï Flaver, vice-président de l’immigration et de l’intégration à l’Agence juive.

Au tour de Sofer de remonter sur l’estrade pour répondre à la demande spéciale de réciter les Tehilim [psaumes] pour le retour des otages et le rétablissement des soldats blessés. La cérémonie se clôture par l’Hatikva, l’hymne national israélien alors que tout le monde se lève pour chanter en chœur.

Parmi les nouveaux arrivants, Alexia Abitbol, mère de six enfants originaire de la communauté de Pavillons-sous-bois, en Seine-Saint-Denis. « C’est le rêve de toute ma vie qui s’est accompli. Arriver en Israël en pleine guerre ne nous fait pas peur. Nous nous sentons plus forts que jamais et pensons que cela va encore renforcer le peuple d’Israël. Am Israël Haï [le peuple d’Israël vit]. Nous gagnerons. », affirme la nouvelle olah.

Photo d’Alyah de plusieurs familles de la communauté de Pavillons-sous-Bois, dont Alexia avec ses six enfants sur le côté droit, le 1er août 2024. (Crédit : Telma Obadia)

Carole et son mari, Itzik Iaïch, qui vivaient dans le 16e arrondissement de Paris, échangent avec le Times of Israël entre deux démarches administratives. « Même dans notre quartier, après le 7 octobre, il y a eu des actes antisémites. On ne voit plus d’avenir pour nos enfants en France. Il y a eu des personnes dans le 16e arrondissement qui ont subi des violences, près de la rue Victor Hugo alors qu’on avait l’impression de vivre dans une bulle. Enfin, on savait qu’on vivait dans une bulle et malgré ça, j’ai envie de dire, même chez nous, dans notre petit quartier juif, dans notre petit coin tranquille, la parole des antisémites s’est ouverte. Ensuite, sur le plan politique, on voit bien que quelque chose a dérapé, devoir voter pour le Front National pour faire barrage à l’extrême gauche, c’est quelque chose que je n’avais jamais imaginé. »

Le parti de Marine Le Pen était arrivé en tête du premier tour des législatives anticipées du 30 juin dernier. Face à ce succès, des accords politiques ont été scellés entre le camp présidentiel, la gauche et l’extrême gauche – pourtant ouvertement hostile à Israël et largement accusée de flirter avec l’antisémitisme -, pour empêcher les héritiers du parti fondé par d’anciens Waffen SS de remporter la majorité absolue à l’Assemblée nationale. Après le second tour, aucun camp n’a obtenu la majorité absolue et le président Emmanuel Macron a décrété une « trêve politique » en raison de l’organisation des Jeux olympiques dans le pays. Il devra nommer un ou une Première ministre dans la foulée.

Carole poursuit : « Ma mère est à Lyon. Elle a accepté. Au début, c’était un peu dur. Elle s’est dit qu’ils ne vont pas faire le pas. Parce que c’est un changement de vie total. Mais elle a accepté. » Quant à Itzik, il précise : « Je ne veux pas revivre ce que mon père et mes grands-parents ont vécu en 1962 en quittant l’Algérie. Ça a laissé une cicatrice dans la famille et j’avais vraiment pas envie de me retrouver dans la même situation que mes grands-parents et mon papa, de devoir être jeté. Je pense que ça va pas se passer de la même façon qu’en 1962 pour les Juifs de France, mais on est un peu poussé à partir. On ne nous dit pas clairement ‘dégagez’, mais on nous le fait bien comprendre. Et mon père aussi, qui n’est pas spécialement partant pour l’alyah, comprend notre choix. »

Carole et Itzik Iaich avec leurs trois enfants arrivant à l’aéroport Ben Gurion, le 1er août 2024. (Crédit : Telma Obadia)

Ce qu’ils prévoient professionnellement ? « Moi, je travaille en banque. Dans un premier temps, je vais apprendre l’hébreu pour pouvoir postuler dans mon domaine, mais en attendant, j’ai fait une formation en manucure pour avoir quelque chose, » déclare Carole.

« Moi, je suis déjà en contact avec des écoles d’ostéopathes et différents ostéos en Israël, il n’y a pas besoin de passer d’équivalence, mais je veux quand même me rendre à l’école d’ostéopathie israélienne, même si ça fait 25 ans que je suis kiné et ostéopathe, pour pouvoir vraiment travailler avec la mentalité israélienne, » détaille Itzik. « Nous aimerions vraiment remercier tous ceux qui nous ont accompagnés dans ce processus, que ce soit depuis des mois, que ce soit l’alliance juive, tous les bénévoles, toutes les personnes qui ont fait des allers-retours non-stop pour nous aider, répondre à nos questions, être très présents et toujours à notre écoute. »

« Notre projet a toujours été de faire notre alyah à la retraite. C’était notre projet depuis toujours. Et donc on est bien là. Non, on ne s’est même pas posé la question guerre ou pas guerre, on retourne à la maison. C’est un peu compliqué parce qu’on a laissé nos enfants. Mais bon, on en a un qui est ici, peut-être que le fait qu’on vienne, peut-être que ça fera venir les autres, » confient Alain et Aline Koubi, des retraités venus de Saint-Brice-sous-Forêt, dans le Val-d’Oise.

« J’avais peur que les enfants sortent avec une kippa. Dans notre quartier, c’est très effrayant. Il y a une hausse de l’antisémitisme, de nombreuses pancartes soutenant les Palestiniens. Nous avons véritablement eu l’impression d’être des cibles juste parce que nous sommes juifs », raconte Dolly à propos des actes antisémites survenus depuis le 7 octobre. Dolly et Yonatan Gluck comptent s’installer à Ashdod avec leurs enfants David et Rose.

« Je conduisais ma voiture et une autre voiture s’est arrêtée devant moi. Deux personnes en sont sorties et m’ont menacé avec des couteaux. On voit que je suis juif et il est clair pour moi que c’est à cause de cela que je me suis fait attaquer. Je veux que mon fils puisse marcher dans la rue avec une kippa sans crainte. Nous ne sommes plus protégés en France, et nous ne pouvons pas attendre que des atrocités comme celles du 7 octobre soient perpétrées là-bas aussi, » poursuit Yonatan.

Illustration : Des manifestants hissant une banderole sur laquelle on peut lire « L’antisémitisme n’est pas une promesse de campagne » à l’entrée d’une conférence de presse au cours de laquelle les dirigeants français de gauche ont annoncé qu’ils formaient une alliance appelée le nouveau Front populaire, à Paris, en France, le 14 juin 2024. (Crédit : Thomas Padilla/AP)

Et la progression de l’antisémitisme se poursuit en France. Selon des chiffres du renseignement intérieur rapportés par la radio Europe 1, les actes visant la communauté juive ont augmenté de 73 % sur les six premiers mois de l’année 2024.

En moyenne, une centaine d’actes antisémites sont recensés chaque mois dans le pays depuis le début de l’année et le chiffre monte à 191 sur le seul mois de juin tristement marqué par le viol d’une enfant juive de 12 ans à Courbevoie qui avait caché son identité juive.

Hausse des demandes d’alyah

Depuis le 7 octobre, les demandes d’alyah depuis la France ont augmenté de 520 %. Environ 24 000 nouveaux Olim du monde entier ont rejoint Israël, dont plus de 1 000 originaires de France.

Cité par RMC, Yonathan Arfi, le président du Crif, estime que « chaque fois qu’un Français fait le choix de quitter son pays à cause de l’antisémitisme, c’est un signal d’une défaite profonde de la République ».

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