Netanyahu: Le Mossad a l’ordre d’éliminer les chefs du Hamas partout où ils se trouvent
Dans une conférence de presse après l'approbation par le cabinet de l'accord sur les otages, le Premier ministre, Gallant et Gantz ont juré que les combats continueront
Avant le début d’une pause de quatre jours dans les combats qui opposent Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, les leaders israéliens se sont montrés inébranlables, mercredi, dans leur volonté de continuer et de mener à bien leur mission – et ils ont réaffirmé leur détermination à atteindre leurs objectifs, qui sont notamment la destruction du groupe terroriste et de ses dirigeants et la remise en liberté de tous les otages israéliens.
Dans une conférence de presse, à Tel Aviv, où il se tenait aux côtés des autres membres du cabinet de guerre, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a indiqué avoir donné pour instruction à l’agence de renseignement du Mossad, dans le pays, de prendre pour cible les chefs du Hamas « partout où ils se trouvent ».
Des propos tenus par le chef de gouvernement après qu’un journaliste a évoqué un reportage diffusé par la chaîne publique Kan qui a affirmé qu’Ismail Haniyeh et Khaled Mashaal étaient « euphoriques » face à la guerre et qu’ils espéraient bien continuer à gouverner Gaza à la fin du conflit.
Lorsqu’il lui a été demandé si la trêve s’appliquait aussi à la traque des chefs du Hamas – une référence présumée aux responsables du groupe terroriste qui se trouvent à l’étranger – une pause dans le conflit qui durera initialement quatre jours mais qui pourrait être prolongée, Netanyahu a répondu qu’il n’y avait « aucune obligation de ce type. »
Le ministre de la Défense Yoav Gallant est alors intervenu pour dire que tous les dirigeants du Hamas pouvaient être considérés comme des hommes morts. « Leur vie est en sursis », a dit Gallant à propos des chefs terroristes. « La lutte est mondiale : depuis les agents sur le terrain jusqu’à ceux qui profitent d’avions de luxe pendant que leurs émissaires agissent contre les femmes et les enfants, ces gens sont voués à la mort ».
Expliquant la raison ayant justifié la finalisation de l’accord portant sur les otages qui a été conclu avec le Hamas et qui permettrait à 50 captifs israéliens – des enfants, leurs mères et d’autres femmes – de retrouver la liberté, Netanyahu a indiqué que les Israéliens et ressortissants étrangers qui se trouvent actuellement entre les mains des factions terroristes de l’enclave côtière ont « le couteau sous la gorge » et qu’il est un devoir, pour Israël, de venir à leur secours.
Il a noté que cette initiative permettait d’accomplir le commandement religieux de « racheter les otages » – comme cela avait pu arriver tout au long de l’Histoire juive par le biais d’opérations militaires, faisant remarquer que parfois, cela n’était pas possible. Il a qualifié le retour des otages de « mission sacrée ».
Netanyahu a souligné que l’establishment de la sécurité avait soutenu à l’unanimité l’accord visant à garantir la libération de 50 otages, expliquant qu’il ne nuirait pas aux objectifs militaires, et qu’il pourrait même les faire avancer.
L’accord devait, selon de nombreuses informations, entrer en vigueur jeudi. Netanyahu, Gallant et le ministre du cabinet de guerre, Benny Gantz, ont ainsi, au cours de leur conférence de presse, mercredi soir, longuement souligné ses mérites.
Un leader du Hamas avait également fait savoir que l’accord serait mis en œuvre à dix heures du matin, dans la journée de jeudi.
Mais dans une annonce-surprise mercredi en fin de soirée, le président du Conseil national de sécurité, Tzachi Hanegbi, a indiqué qu’il n’entrerait pas en vigueur « avant vendredi ».
Selon les termes de l’accord, qui ont été détaillés par le cabinet israélien, le Hamas libérera 50 otages vivants – des enfants, leurs mères et d’autres femmes, par groupes de 12 à 13 personnes – en échange d’une accalmie de quatre jours dans les combats et de la libération de jusqu’à 150 prisonniers palestiniens, plus précisément des femmes et des mineurs. L’accord prévoit également un afflux de carburant et des aides humanitaires à Gaza pendant la pause, une première depuis que le Hamas a déclenché la guerre il y a près de sept semaines, lorsque ses hommes armés avaient pris d’assaut le sud d’Israël et qu’ils avaient massacré quelque 1 200 personnes, dont la plupart étaient des civils.
Le même jour, plus de 240 personnes avaient été kidnappées sur le territoire israélien. Elles sont depuis retenues en captivité dans la bande de Gaza.
Un responsable israélien qui s’est exprimé devant les journalistes, sous condition d’anonymat, dans la soirée de mercredi a expliqué ce retard, affirmant que contrairement à ce qui avait été initialement compris à Jérusalem, l’État juif et le Hamas devaient signer un document ratifiant l’accord avant qu’il ne soit mis en œuvre.
Un document qui sera, avec un peu de chance, signé dans les prochaines vingt-quatre heures, à temps pour que les premiers otages puissent être remis en liberté, a continué l’officiel.
La guerre va continuer
Dans son intervention, mercredi, Netanyahu a affirmé que l’armée utilisera cette pause de plusieurs jours dans les combats pour se préparer à la reprise de la guerre.
« La guerre continue. La guerre continuera jusqu’à ce que nous ayons atteint tous nos objectifs », a dit Netanyahu qui a rappelé les objectifs poursuivis par l’État juif : la destruction du Hamas, son départ du pouvoir, la libération de tous les otages et la garantie que les futurs dirigeants de la bande de Gaza ne poseront aucune menace à l’encontre d’Israël.
Il a répété qu’il ne permettrait pas que des autorités se livrant à des incitations anti-israéliennes gouvernent l’enclave, à l’avenir – une référence à l’Autorité palestinienne. Une affirmation récurrente qui a entraîné la colère des États-Unis, Netanyahu refusant par ailleurs de présenter d’autres alternatives dans le cadre de ce passage de flambeau et ce rejet de l’AP ayant amené plusieurs gouvernements arabes à refuser de s’investir dans cette planification de l’après-guerre dans la bande.
Netanyahu a noté que l’armée « restaurera la sécurité dans le sud et dans le nord ».
Il a reconnu que « la victoire a un prix lourd », faisant référence aux 70 soldats tués au combat à Gaza depuis un mois.
Le Premier ministre a précisé qu’il avait rencontré les parents des défunts qui lui avaient dit qu’ils voulaient que l’armée « aille jusqu’au bout, jusqu’à la victoire », et il a juré que ce serait le cas. Il a ajouté que le mélange de pressions diplomatiques et de pressions militaires avaient permis d’améliorer les dispositions établies dans le cadre de l’accord.
Netanyahu a mis l’accent sur l’apparente inclusion d’une clause, dans l’accord, qui permettra à la Croix rouge de rendre visite aux otages qui ne seront pas libérés à ce stade.
Il a noté les affirmations faites par la Croix Rouge, qui a dit qu’elle n’avait pas été informée de cette clause et il l’a lue en hébreu, à voix haute. Le document qu’il semble avoir fait découvrir aux journalistes, hier soir, n’a pas été publié et un responsable américain a confié au Times of Israel que les États-Unis ignoraient également la présence d’un tel arrangement.
« La Croix Rouge est partie de l’accord » comme convenu par Israël « et l’autre partie », a dit Netanyahu. « J’espère donc que la Croix Rouge agira conformément à cette clause » écrite dans l’accord. « Le Hamas pourrait bien ne pas l’honorer mais il serait impensable que la Croix Rouge ne demande pas qu’elle le soit… Et si la Croix Rouge l’ignorait jusqu’à présent, alors elle le sait maintenant ».
Les pressions diplomatiques
Netanyahu a également déclaré qu’il s’était entretenu mercredi avec le président Joe Biden, le remerciant pour avoir répondu à sa demande d’exercer davantage de pressions sur le Qatar de manière à ce que les dispositions de l’accord soient améliorées.
Netanyahu a indiqué que la combinaison de pressions diplomatiques et militaires continuerait après la trêve et qu’elles permettront également d’améliorer les termes de futurs accords jusqu’au retour, au sein de l’État juif, de tous les otages israéliens – notamment des dépouilles de Hadar Goldin et d’Oron Shaul, des soldats tués au combat en 2014, et de deux civils, Avera Mengistu et Hisham al-Sayed, qui sont entre les mains du Hamas depuis presque une décennie également.
Comme le cabinet l’a précisé, l’accord sur les otages pourra être prolongé. Si le Hamas parvient à localiser de nouveaux otages – mineurs et femmes non-combattantes – qu’il est en mesure de libérer, l’accord pourra être prolongé jusqu’à dix jours, avec vingt-quatre heures de pause supplémentaire dans les combats en échange de chaque groupe de dix otages. Trois prisonniers palestiniens seraient libérés contre chaque captif rapatrié en Israël.
Netanyahu a dit mercredi avoir la certitude que le leader du Hamas à Gaza, Yahya Sinwar, cherchera « à gagner du temps » pour empêcher Israël de reprendre sa campagne militaire à Gaza après la pause et la libération des otages dans le cadre de l’accord.
De son côté, Gallant a indiqué que le Hamas « a voulu une pause pour reprendre un peu d’air au moment où nous le frappons quotidiennement. Et c’est ce qui a permis d’obtenir la conclusion » de cet accord sur les otages.
Interrogé sur les autres menaces régionales, Netanyahu a affirmé que « nous sommes prêts également » à faire face à de nouveaux développements de la situation.
Évoquant les missiles tirés par les Houthis, soutenus par l’Iran, depuis le Yémen, le Premier ministre a expliqué que « nous nous préparons à répondre à toutes les menaces ».
Concernant le groupe terroriste du Hezbollah, un groupe mandataire de la république islamique qui a indiqué qu’il prendrait part à la trêve même s’il n’a pas participé aux pourparlers, Netanyahu a déclaré ignorer ce que le Hezbollah a pu dire mais qu’Israël, de son côté, n’a pris aucune obligation à l’égard de ce dernier et à l’égard du front nord dans le cadre de l’accord de trêve. Le groupe terroriste sera jugé par ses actions, a-t-il ajouté.
Il a également indiqué qu’en cas de violation de la pause dans les combats de la part du Hamas, « les soldats sont toujours tenus de répondre à toutes les menaces ».
Netanyahu a refusé d’entrer dans les détails de ce qui pourrait arriver en cas de violation de la trêve par le Hamas, disant que « comme le président Biden a pu me le dire, un ennemi qui détient en otage un bébé de neuf mois… Nous savons parfaitement à qui nous avons affaire ».
La « plus grande menace faite à notre existence » émane de l’axe du mal dirigé par l’Iran et d’un Téhéran qui se doterait d’une arme nucléaire, ce qui représenterait un péril inimaginable, a ajouté Netanyahu. Il a précisé avoir beaucoup agi pour déjouer un tel cas de figure, faisant notamment « des choses en lien avec l’accord de libération de Gilad Shalit », mais il a refusé d’en dire davantage.
Il a estimé que « vous prenez assurément un risque quand vous remettez en liberté des personnes malfaisantes » mais il a affirmé qu’Israël « fera tout ce qui est en pouvoir pour qu’elles ne puissent plus porter atteinte à qui que ce soit ». Et, a-t-il fait remarquer, « ce sont des dizaines d’enfants et leurs mères, et d’autres femmes, qui reviendront auprès de leurs familles – plus de 50, avec un peu de chance ».
Interrogé sur le danger que représente la libération de 50 détenus palestiniens susceptibles de reprendre des activités terroristes, le Premier ministre a indiqué que l’État juif les traquerait une fois encore si cela devait être nécessaire.
Tous les objectifs alignés ?
Lors de son intervention, le ministre de la Défense Yoav Gallant a déclaré avoir insisté pour qu’une clause supplémentaire soit incluse dans la décision du cabinet approuvée hier concernant l’accord sur les otages, qui stipule qu’une fois la trêve de plusieurs jours terminée, Tsahal poursuivra ses missions d’éradication du Hamas et d’obtention de la libération de tous les otages.
Il a, une nouvelle fois, ignoré le troisième but avoué de la campagne, sur lequel seul Netanyahu a insisté ces dernières semaines – à savoir que Gaza ne redeviendra pas une menace pour Israël après la guerre. Un point qui semble montrer une divergence entre le Premier ministre et les autres membres du cabinet de guerre.
Alors que Netanyahu a utilisé le troisième objectif de la guerre pour rejeter les propositions visant au retour de l’Autorité palestinienne à Gaza, Gallant et Benny Gantz se sont concentrés uniquement sur les deux autres objectifs de la guerre : détruire le Hamas et ramener les otages. Gantz et Gallant ont également promu des mesures visant à renforcer l’Autorité palestinienne.
La semaine dernière, Gantz a déclaré que le retour des otages était la mission la plus urgente à court terme, tandis que Netanyahu a soutenu que les deux missions étaient sur un pied d’égalité.
« Le Hamas ne comprend que la force », a dit Gallant, qualifiant les membres du groupe terroriste de « barbares ». Il a déclaré que le groupe s’était trouvé contraint d’améliorer les termes de l’accord sur les otages en raison de la pression militaire constante et forte qui s’est exercée à son encontre.
Gallant a ajouté qu’il ressentait maintenant un mélange de douleur et de bonheur, en pensant aux 50 otages qui devraient retrouver prochainement leurs familles, et aux autres, qui devront rester à Gaza pour le moment.
Il a affirmé que l’ensemble des forces de sécurité étaient liées par l’obligation d’assurer le retour de tous les otages.
Gantz a répété son positionnement, qui est que la libération des otages est « un objectif urgent » tandis que la destruction du Hamas, « vitale », « prendra très longtemps ».
S’adressant en arabe aux leaders arabes, Gantz a ajouté que « nous sommes un peuple en souffrance depuis longtemps et un peuple patient ».
Les Israéliens sont parvenus à construire un État et une armée après la Shoah et « nous ne réfléchissons pas à l’échelle des jours, mais à l’échelle de l’éternité ».
Gantz a noté que l’accord portant sur la libération des otages avait été l’une des décisions les plus difficiles qu’il avait été amené à prendre en quarante ans de carrière dans l’establishment de la défense en Israël, et il a ajouté que d’autres choix difficiles allaient encore se poser à l’avenir.
Gantz a aussi profité de la conférence de presse, à Tel Aviv, pour menacer le Hezbollah qui a d’ores et déjà perdu 79 terroristes dans les hostilités qui agitent la frontière nord.
« Ce qui arrive aujourd’hui dans la bande de Gaza peut très bien se produire dans le sud du Liban et à Beyrouth », a-t-il mis en garde.
S’adressant à l’Iran, Gantz a déclaré que « nous savons quoi faire face à ceux qui nous attaquent et nous savons également quoi faire face à ceux qui les envoient pour nous attaquer ».
« Aucune atteinte faite à la souveraineté israélienne ne restera sans réponse », a-t-il poursuivi.
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